« Les bombes nucléaires explosèrent un matin et provoquèrent la Fin.
Les hommes appuyèrent sur l'interrupteur et firent mourir le monde.
D'abord il y eut le feu, la poussière, les radiations.
Bientôt ce fut l'hiver.
Un hiver sans fin. »
Mémoires, Zephyr E.S, version non-censurée, septembre 2101.
*
Jungkook
Tu avances dans les couloirs labyrinthiques du palais où tout est blanc du sol au plafond, parfois tu aperçois des reflets irisés, gris perle, sur les colonnades. Un chatoiement lunaire.
Le blanc est la couleur royale par excellence, la couleur que personne ne doit porter à part ceus qui naissent dans cette lignée.
C'est beau.
Tu as toujours rêvé de visiter le palais, mais tu ne pensais pas que tu le ferais ainsi.
Le cœur en vrac, l'angoisse dans le ventre et l'inquiétude dans le regard.
Le marbre fait résonner vos pas, l'endroit semble désert et démesuré à la fois. Tu es encadré·x par les gardes royalaux dans leur uniforme d'un bleu fade et de tes deux parents. Tu n'oses pas regarder Eugénia qui marche à ta gauche, le dos droit, la rivière de ses cheveux d'encre, dont tu as hérité, coiffée de bijoux et de peignes décoratifs en argent. Ce genre de coiffure a fait sa réputation des années plus tôt à la cour et reste inimitable à ce jour, même pour toi.
A ta droite, ton deuxième parent, Carmene Bardi, a moins de droiture dans la démarche mais toujours un pas dansant, ses cheveux blonds, torsadés jusqu'à sa taille, sont retenus par une pique d'émeraude sur son crâne. Sa robe est plus longue que les vôtres, ses manches tombantes effleurent le sol.
A son oreille gauche sont suspendus cinq anneaux d'or, preuve de son grade de beytis, sur son cœur est épinglée une pièce d'or, un serpent qui se mord la queue, sertie d'une fleur de bleuet. Carmene appartient au ministère des recherches scientifiques.
Le convoi qui t'escorte change à nouveau de couloir et tu as l'impression de tourner en rond. Tout ceci est fait dans un but précis, fatiguer vos pieds qui portent des hauts talons. Une volonté de punir ceus qui osent fouler cet endroit. Enfin, les gardes se rangent et l'um d'eus ouvre une porte. Dans un salon, tout aussi blanc et épuré que le reste, se tient l'hijamé et l'héjima et vous vous inclinez respectueusement.
Iels n'ont pas retiré ni leurs tenues de cérémonie, de vastes robes aux multiples jupons, ni leurs couronnes qui scintillent comme des joyaux dans l'atmosphère.
Sur un petit fauteuil en velours est assis l'um des membres de la gouvernance. Sept anneaux d'or à l'oreille gauche. Sur sa tunique sont épinglées toutes les pièces de monnaie surmontées des sept fleurs ciselées symbolisant chacun des ministères.
Seul·x·s les supérieur·x·s hiérarchiques et politiques de la cité les possèdent.
Le cœur de la cité de Diamant.
Tu déglutis. La présence de la gouvernance t'effraie soudainement, mais tu gardes la tête ostensiblement inclinée, tant que l'hijamé ou l'héjima ne t'auront pas donné l'autorisation de te relever, de les regarder ou de leur parler.

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Les Particules [EN PAUSE]
Fiksi PenggemarLa fin du monde a eu lieu. L'humanité a survécu grâce à des manipulations génétiques appelées "particules" qui ont effacé la binarité des genres et divisé les populations en trois castes distinctes. Trois cents ans plus tard, la paix règne, mais el...