Chapitre 17

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Point de vue : ALYSSA

Je suis arrivée, il y a peu, avec Mandy à la soirée, après avoir passé la fin d'après-midi dans son lit. Voir Lucie rigoler avec l'autre con m'a tellement énervé que je n'arrivais même plus à prendre du plaisir sur le terrain. En parlant d'elle, elle vient tout juste d'arriver dans le grand salon où tout les gens dansent, serrés, pleins de sueur et alcoolisés.
Les regards d'hommes envieux convergent sur elle sans même qu'elle ne s'en rendre compte. Dans une magnifique robe noire, épousant ses formes. Son corps bordel. Son cul bombé, sa silhouette parfaitement dessinée et sa poitrine juste parfaite.
Cette fille incarne la sensualité avec son visage fermé cachant de nombreux secrets mais emplit de tendresse à la fois.
Elle m'aperçoit et me fait un timide sourire.
Je ne peux pas m'empêcher d'en esquisser un aussi. Rose et Polo ont l'air d'avoir remarqué car ils me regardent bizarrement.

- Pourquoi tu la regardes comme ça bébé ?

- Laisse moi Mandy et je t'ai dis de ne pas m'appeler comme ça, tu me soûles là.

- Rhoo tu es toute tendue tu ne veux pas qu'on aille dans la chambre ?

Elle me caresse et je ne peux m'empêcher de vérifier que Lucie ne regarde pas. Merde, elle me voit très bien et j'aperçois le dégoût dans son regard.

- Casse-toi Mandy. Trouve toi une autre meuf ce soir et arrête de me coller je t'ai dis.

Je me lève et je pars fumer dehors, où au moins je serais tranquille. Il y a trop de monde sur le balcon donc je décide de sortir de la maison et d'aller marcher.
J'essaie tant bien que mal de ne pas penser à Lucie. Elle occupe mes pensées et ça me mets hors de moi. Pourquoi fallait-il qu'elle vienne habiter chez nous ? Il faut à tout prix que je fasse en sorte qu'elle me déteste ou je finirais par la blesser.
Bizarrement, j'en ai rien à foutre des autres mais Lucie, j'ai cette envie de ne pas la faire souffrir, elle me paraît suffisamment brisée comme ça.
J'écrase ma troisième clope au sol et rejoins la fête. J'ai un fort besoin de décompresser et rien de mieux qu'une fille pour ça.

- Bordel mais tu étais passée où !?

- Lucie ? Qu'est ce que tu fous là ?

Je la regarde froidement.
- Qu'est-ce que tu fous en petite robe (très sexy, je tiens à souligner) dans le froid à 23h ? Il ne manquait plus que ça putain.

- Euh... je ne sais pas... tu étais partie fumer mais là, ça faisait plus de trente minutes. Je suis un peu fatiguée et Polo est avec Rose, je ne voulais pas trop les déranger. Du coup, je me demandais si tu pouvais me ramener à la maison... Tu es là seule que je connaisse encore disponible dans la soirée...

Elle me dit ça toute gênée. Après ce qui s'est passé hier, il ne faut surtout pas qu'elle s'imagine des choses.

- Tu me prends pour qui là ? Démerde toi je ne suis pas ton taxi.

- Tu es sérieuse ou tu rigoles ?

- J'ai l'air de rire ? Va demander à ta mère de te ramener et arrête de me faire chier.

Son regard est perdu dans le vide, les larmes aux yeux. Elle se retourne comme un fantôme et part à l'opposée de la fête. Je commence déjà à regretter ce que je viens de faire mais apparemment c'est trop tard.

- Putain Aly, tu es débile. Me dis-je à moi-même.

Mais au lieu de la rattraper, je décide de retourner à la fête. Je franchis la porte, fait un signe de tête à Mandy puis monte dans la chambre. Elle ne se fait pas désirer et rentre à peine trente secondes après. On fait notre affaire pendant dix minutes environ puis je redescend.

- Euh Aly, elle est où Lucie ? Ça fait plus de vingt minutes que je la cherche et elle n'est pas là...

Je me retourne vers Polo qui m'interroge du regard et semble inquiet. C'est à ce moment que je réalise ma connerie.

- Merde merde merde !

J'attrape ma veste et part en courant de la maison. Putain mais je suis vraiment une connasse à la laisser rentrer à pied dans cette tenue, seule et en pleine nuit !
Je traverse la rue en courant. Elle a du vouloir rentrer à la maison seule mais elle est à plus de vingt minutes à pied. S'il lui arrive quelque chose ce sera de ma faute. Je me ferais tuer premièrement par Polo, par son meilleur pote Elliott et je me frapperais toute seule de lui avoir fait subir ça.
Je cours le plus vite possible espérant la retrouver mais aucune trace de Lucie. C'est alors que je m'arrête brusquement. J'ai cru entendre sa voix. Je me tourne vers le bruit et d'un coup je vois rouge.

Point de vue : LUCIE

- J'ai l'air de rire ? Va demander à ta mère et arrête de me faire chier.

Ma vue se brouille de larmes instantanément.
Moi qui pensait qu'elle était enfin devenue gentille et qu'on s'entendait mieux après ce qui s'est passé la nuit dernière, j'ai encore une fois tout faux...
Je me retourne et part. Je vais rentrer à pied apparemment.
Sur le chemin, je pleure à chaudes larmes en pensant à ma mère. J'aurais tellement aimé l'avoir à mes côtés. Elle était tout pour moi et j'étais véritablement heureuse. Jusqu'à ce qu'elle nous quitte deux ans auparavant d'un cancer des poumons.
C'était une fumeuse et ça lui a coûté la vie. Je repense à tout, à son départ, à la vie après. Mon père ne m'avait jamais apprécié plus que ça. Il ne le cachait pas mais ma mère était toujours là pour faire en sorte que je sois nourrie d'amour. Après son décès, toute la haine de mon père est ressortie en me fustigeant de sa mort. Il m'a totalement détruite.
J'ai du faire la moitié du chemin quand j'entends des pas derrière moi. Si c'est Alyssa, qu'elle aille se faire foutre. Automatiquement je me retourne pour l'affronter mais je reste de marbre.
Ça n'est pas du tout Alyssa, c'est un homme qui doit avoir la trentaine et qui pue l'alcool.
Finalement j'aurais préféré que ce soit Alyssa...

- Alors ma jolie, qu'est ce que tu fais ici toute seule dans cette mignonne petite robe hein ?

Il s'approche de moi et j'essaie de reculer comme je peux mais je suis tétanisée par son regard pervers qui bloque sur ma poitrine.

- Réponds moi voyons, je ne vais pas te manger.

Il m'attrape le poignet et se colle à moi. Je tourne le visage brusquement à la recherche d'une aide potentielle mais rien à faire, c'est le noir complet et seul quelques lampadaires éclairent la rue déserte.

- Allez viens par là, ça va pas durer longtemps d'accord ?

J'essaie de me débattre mais il me tire de force vers la petite ruelle à notre droite.

- Arrêtez, vous me faites mal. Laissez-moi partir, s'il vous plaît !

Il me donne une violente claque et le goût ferreux du sang s'infiltre dans ma bouche. Je commence à pleurer et le supplie d'arrêter mais il me plaque contre un mur m'empêchant de faire le moindre mouvement.
Il commence à déchirer le haut de ma robe et mon sein droit se retrouve dénudé. Je pleure de plus en plus, morte de peur et appelle à l'aide mais rien n'y fait.
L'homme s'apprête à déchirer encore plus ma robe quand il se retrouve projeté à terre. Je glisse automatiquement au sol et essaie de respirer normalement mais impossible. Je tremble et essaie de me couvrir tant bien que mal.

- Espèce d'enfoiré ! Tu vas crever enflure ! Je lève la tête doucement et vois Alyssa en train de tabasser l'homme, déjà inerte, allongé sur le sol.

- Alyssa s'il te plaît...

Ma voix est à peine audible.

Elle le roue de coup, elle le démolît, elle le massacre littéralement, ses yeux sont noirs et laissent transparaître l'état de folie dans lequel elle se trouve.

- Alyssa ! Dis-je un peu plus fort.

Elle se stoppa net puis me regarda. Son regard a changé, il est profond et triste, on dirait qu'elle demande pardon à la terre entière.
Elle s'approche alors de moi et au moment où elle arrive à ma hauteur, une larme coule sur sa joue.

À nos âmes tourmentéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant