Chapitre 7 - Gaël

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Je regarde mon pote comme un con alors que lui et les autres reluquent, sans vergogne, Miss Monde moulée dans sa combinaison en cuir. Ça y est, il est passé du côté obscur ! Il a été envoûté et j'ai juste envie de lui foutre une calotte derrière la tête pour le ramener à la raison.

Heureusement, Marie nous chasse pour permettre à la « petite », comme elle l'appelle, de ménager sa pudeur.

J'avance vers la salle de réunion quand Franck m'intercepte.

— Gaël, va voir Marie, c'est elle qui a les invitations. Demande-lui qu'elle te les donne, s'il te plaît.

Je fais demi-tour et je retourne d'où je viens en priant que la Miss Granier ait terminé et soit partie.

Tu parles. J'arrive au moment où elle s'extrait de sa combarde. Elle a déjà enlevé le haut et fait glisser le cuir sur ses hanches pour finir de s'en défaire. Je jette un coup d'œil dans la pièce. Marie n'est pas là.

Je ne peux empêcher mon regard de dériver vers les courbes hautement féminines de notre « nouvelle coéquipière ».

Putain ça fait toujours aussi mal de penser à ces quelques mots.

N'empêche, mes yeux suivent chaque courbe, chaque muscle finement ciselé. Cette nana est un avion de chasse. Je ne l'avais pas forcément remarqué parce qu'elle ne met pas son corps en avant, c'est même tout le contraire, mais elle a tout ce qu'il faut, là où il faut. Sa poitrine est moyenne, ni trop grosse, ni trop petite. Ses épaules, ses bras, ses cuisses sont musclés, sa taille est fine et ses hanches joliment arrondies.

Merde, faut que j'arrête. Cette nana m'insupporte, sa présence est une épine dans mon pied, ce n'est pas le moment de baver devant sa plastique, aussi alléchante soit-elle.

— Où est Marie ? je demande en m'encadrant dans la porte restée ouverte.

Alix sursaute et manque de se casser la figure, les jambes encore prisonnières de leur protection.

— Tu peux pas t'annoncer, bon sang ! glapit-elle en se rattrapant à la chaise à côté d'elle.

— Ah oui et comment ? Tu voulais une carte postale ?

— Il y a une porte, tu pouvais simplement frapper.

— Une porte ouverte, tu veux dire ? Si tu ne veux pas qu'on te surprenne, il fallait la fermer.

— Mais... T'es toujours comme ça ? s'agace-t-elle, les mains sur les hanches.

— Comment ?

— Aussi... Imbuvable, misogyne. La connerie, chez toi, c'est de naissance ou tu as bossé longtemps pour en arriver à ce point-là ?

— Si mon caractère te gêne, Miss « Je me prends pour un pilote de course », tu n'as qu'à rester chez toi et te mettre à la couture, par exemple. Ou tu pourrais aussi aller t'acheter d'autres sous-vêtements, parce que ceux que tu portes sont à chier. Je sais pas si t'as déjà réussi à choper un mec avec ça. Même ma grand-mère était plus sexy que toi.

Je crois que c'est une botte qui s'écrase juste à côté de ma tête.

J'ai failli me la prendre en pleine face, mais c'est raté et j'éclate de rire. Les gars veulent que je lui laisse sa chance, mais ça ne m'empêchera pas de la faire chier, de la titiller. Et d'une, je crois que je vais beaucoup m'amuser, et de deux, si ça l'agace, l'énerve et lui fait perdre ses moyens, c'est tout bénef.

Je retourne dans la salle et je m'installe à côté de Mack.

— Désolé Gaël, Marie vient de me les apporter, s'excuse Franck en montrant ce qu'il m'avait demandé.

— T'étais où ? me glisse mon pote.

— Nulle part, je rétorque, lui cachant ma nouvelle rencontre avec Alix.

Nous sommes rejoints par tous les pilotes, y compris par ma victime non consentante qui s'installe à côté d'Antonio. Elle a retrouvé ses fringues informes et semble de très mauvaise humeur. Enfin... j'espère.

— OK, les enfants. Je ne vous garde que quelques minutes. Je sais que vous avez tous beaucoup de boulot. Je vous rappelle que samedi soir nous avons un gala avec tous les sponsors présents sur le championnat d'endurance. Il y aura du beau monde et de nombreuses photos à faire. Ne me faites pas honte et sapez-vous comme des princes.

— Et des princesses, braille Antonio en donnant un coup de coude à sa voisine.

— Oui, c'est ça... Enfin ne mettez pas tous des robes longues, ça risquerait de faire désordre, s'amuse notre boss qui a dû manger un clown ce matin. Trêve de plaisanterie. Nous serons attendus vers 20 h. Le MUCEM a été privatisé pour l'occasion. Pour une fois que ce n'est pas à Paris, on ne va pas bouder notre plaisir.

J'ai bien envie de bouder, moi. Je déteste ce genre de trucs. Je n'aime pas lécher les bottes des grands pontes, même si je sais que sans eux on ne pourrait pas faire tourner le team et bénéficier du matos qui est le nôtre. C'est un mal pour un bien.

— Va falloir ressortir les costards, grogne Mack qui, comme moi, n'est absolument pas friand de ce type d'exercice.

— Tu sais déjà comment tu vas t'habiller ? demande Antonio à sa voisine.

— Elle aura intérêt à faire un effort, je ne peux m'empêcher de balancer. Un truc pas trop mémère si elle voit ce que je veux dire.

J'adore le regard qu'elle me jette et qui me dit, mieux que des mots, qu'elle a bien compris le message et qu'elle m'emmerde par la même occasion.

— En fait, t'as décidé de la pourrir dès que tu le pourras, lâche Mack.

— Je lui laisse une chance, c'est bien ce que vous vouliez, non ?

— Ouais et que tu sois un minimum sympa avec elle.

— Miss Dark Vador t'a retourné le cerveau, jeune padawan, je lui balance avant de le planter au milieu de la salle de réunion.

Je suis rattrapé par Glen et Thomas avec qui je dois bosser la télémétrie.

— Fais quand même gaffe de ne pas te fâcher avec Mack. C'est ton meilleur pote, me conseille Glen.

Je ne réponds rien parce que je sais que Mack est un mec loyal et que s'il prend parti pour elle, mes conneries risquent de le lasser.

Éplucher toutes les données fournies par la moto est loin d'être la chose la plus passionnante qui soit. Pourtant c'est un mal nécessaire, je dirais même primordial si on veut que les réglages de la bécane soient les plus fins possibles. La télémétrie nous fournit toutes sortes de chiffres, de statistiques qu'il faut décortiquer et c'est ce que nous nous employons à faire une bonne partie de l'après-midi.

Le problème c'est qu'au final, c'est vite lassant et que les ingénieurs y mettant leur grain de sel, on finit par avoir l'impression de ne servir à rien. On répond à une question de temps en temps, c'est tout. Donc on se fait royalement chier et on s'occupe comme on peut. Glen et Thomas sont sur leur téléphone et comme j'ai oublié le mien, mon cerveau dérive vers le sujet du moment.

Miss Monde revient à la charge. Enfin... pas exactement. Ce sont ses nichons, son cul, ses courbes qui reviennent me hanter. Et c'est à un point tel que je commence à me sentir à l'étroit dans mon futal. Elle me fera vraiment chier jusqu'au bout cette meuf ! Il ne manquerait plus que les mecs le remarquent. Ils se foutraient de moi et balanceraient que la télémétrie me file la gaule, alors que la responsable est celle dont je ne devrais même pas prononcer le prénom. 

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Bon, clairement Gaël aime jouer les emmerdeurs avec Alix. Je ne suis pas certaine que ce soit une bataille qu'il gagne en fin de compte... Elle a du répondant la petite !

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