Libère moi... aurait supplié Izuku Midoriya s'il avait osé faire entendre sa voix.
L'enfant de douze ans avait été retrouvé au beau milieu de la dense forêt qui entourait le village. C'est Masaru Bakugou qui l'avait repéré, recroquevillé dans une grotte et prêt à se laisser mourir. Quand un dernier soubresaut de vie s'était emparé de lui, le garçon s'était débattu comme une bête et Masaru avait été dans le plus grand regret obligé de devoir l'assommer. Il l'avait porté dans ses bras jusqu'à l'entrée du village, où énormément d'enfants s'amusaient, gaiement commandés par son fils unique, Katsuki Bakugou.
- C'est qui ça ??? avait-il hurlé en s'approchant.
La plupart des villageois s'arrêtaient au passage du chef du village pour se tourner curieusement vers ce qu'il portait au creux de ses bras. Ce petit garçon très maigre avait des cheveux d'une couleur sombre, aux reflets verdâtres et très bouclés. Sa saleté aurait pu donner une impression de laideur, mais même ainsi et les yeux fermés, on pouvait se rendre compte qu'il était, ou qu'il deviendrait, un très beau garçon et de l'avis général quand leur chef passa et au vu du léger parfum les enrobant, un bel oméga. À partir du moment où Masaru Bakugou entra sous sa lourde et grande tente, plus personne ne sentit avant bien des années la légère trace de phéromone qui avait accompagné l'enfant, finissant même par faire douter la plupart de leurs sens. Katsuki courut jusque devant chez lui en laissant ses amis derrière. Très intrigué de voir un étranger dans leur village, il avait discrètement entrouvert la pièce de tissu et aperçu rapidement sa mère qui allongeait le petit dans le lit parental.
- Katsuki au lieu d'espionner va chercher de l'eau !
Katsuki avait relevé le menton. Du haut de ses dix ans il détestait déjà qu'on lui donne des ordres, sa mère se disait souvent qu'heureusement cet effronté deviendrait chef en grandissant, sinon cette tête brûlée aurait eu de graves problèmes de discipline. Néanmoins, Katsuki avait jeté un dernier coup d'œil à la petite chose fragile sur les fourrures de ses parents et s'exécuta sans vraiment savoir quoi en penser. En allant chercher l'eau, il se demandait ce qu'il se passait tout à coup... Son peuple vivait reculé au plus profond de la forêt, dans les dernières plaines entre la partie la plus sauvage et éloignée du monde humain et les hautes montagnes infranchissables. Mitsuki lui avait dit que l'univers extérieur les appelait le peuple ermite, car aucun d'entre eux ne s'aventurait jusqu'à eux et que eux refusaient fermement la présence d'étrangers.
Pourtant, ce petit garçon n'était pas natif du village et il est bien présent chez lui.
Katsuki entra de nouveau sous la tente qui leur servait de maison et versa l'eau dans la cuve présente sur le feu toujours allumé, éternel foyer sacré de chaque famille. Il se recula pour laisser sa mère s'occuper de celui qu'il surnomma à son réveil, Deku.
Quand, deux jours plus tard, les enfants curieux avaient demandé à entrer sous la tente, Katsuki, en échange de services rendus, avait accepté de les faire passer en catimini. Ils étaient tous autour de l'endormi et chuchotaient assez fort pour que le visage de Izuku se fronce avant d'ouvrir soudainement ses grands yeux. Les enfants s'enfuirent immédiatement, totalement apeuré d'avoir éveillé le diable en personne et, en sortant précipitamment, cela avait alerté Mitsuki qui discutait non loin de son foyer.
Katsuki n'avait pas bougé, loin d'être assez faible pour montrer son appréhension, il campa sur sa position, agenouillé au-dessus des fourrures, pour apercevoir les deux émeraudes vertes que formaient ses pupilles se fixer sur lui, étonné.
À partir de ce jour, Katsuki ne put plus jamais voir le monde autrement que par l'intermédiaire de ces deux éblouissantes iris. Il attendrait toujours que ses deux émeraudes se posent sur l'objet de ses doutes avant de formuler un avis, il ne se prononcerait qu'après avoir entendu ce qui sortirait de la bouche de ce garçon et ne réfléchirait qu'en prenant toujours en compte sa présence et son confort. Izuku Midoriya deviendra une éternel et indubitable constante qui perturbera ou stabilisera leur peuple...
