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C'était un jour de pluie

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C'était un jour de pluie.

C'est étrange que je le précise, que je commence même ce récit par cette information car il pleut sans cesse chez nous à cette période de l'année. Les nuages recouvrent la ville comme un couvercle, une casserole qui contiendrait des orages à n'en plus finir.

Et pourtant je le dis, il pleuvait ce jour-là. Les gouttes frappaient ma fenêtre tandis que j'étais allongé sur mon lit, à écouter le vinyle que j'avais reçue pour mon anniversaire. J'aimais bien ce genre d'ambiance, dehors la tempête faisait rage mais j'était dans la bulle chaleureuse que m'offrait ma chambre. Et puis j'avais l'habitude de ce temps sombre, ça ne me déprimait pas plus que ça.

Puis soudain, mon nokia 3210 vibra sur mon lit, m'indiquant que j'avais reçu un message. Mes doigts frappèrent à l'aveuglette mon matelas pour mettre la main dessus tout en continuant d'observer les gouttes qui ruisselaient contre ma fenêtre. Lorsqu'une matière plastique rencontra ma paume, mes yeux se dirigèrent enfin vers le petit écran vert avant de se plisser. Mes sourcils les accompagnèrent dans ce mouvement qui soulignait l'incompréhension qui me traversait à cet instant.

Je crois qu'il était cassé. Il clignotait étrangement, affichant le numéro de mon meilleur ami Felix, pour le faire disparaître la seconde d'après avant de laisser de nouveau ces mêmes chiffres décorer l'écran. Ce petit manège dura une dizaine de secondes jusqu'à ce que les écritures se brouillent, se barrent, se transforment en des sigles incompréhensibles pour finalement disparaître complètement.

C'est ainsi que tout a commencé. Par ce bug numérique qui aurait dû me mettre la puce à l'oreille car ce n'était pas un simple glitch de mon appareil. C'était carrément la réalité qui avait déconné à ce moment-là. Je n'en étais seulement pas encore conscient.

Naturellement, je pensai que mon téléphone rendait l'âme tandis que Felix avait essayé de m'appeler. Une possibilité embêtante car j'allais devoir investir l'argent reçu pour mes dix-sept ans dans un nouveau modèle plus récent. Je glissai donc l'objet dans ma poche avant de sortir de ma chambre pour enfiler mes chaussures et attraper un parapluie. Il fallait que je passe chez un réparateur, il était peut être encore sauvable. Mais avant je devais voir mon ami et m'informer de ce qu'il avait souhaité me dire à travers cet appel infructueux. Et puis Felix il était doué en informatique, un petit génie du bidouillage, avec un peu de chance il allait pouvoir détecter le problème et le régler sans que je n'ai à débourser un sou.

Le trajet jusqu'à sa maison ne fut pas bien long, on habitait dans des quartier voisins, en dix minutes je pouvais me trouver devant sa porte. Dix minutes pour que le puzzle de ma réalité vole définitivement en éclat. Dix minutes pour que je comprenne que quelque chose ne collait définitivement pas. Ou plus.

Alors que devant moi aurait dû se dresser le portail vert de la maison de mon meilleur ami, à la place se trouvait une petite épicerie miteuse qui ne payait pas de mine. Je ricannai d'abord devant l'enseigne, me trouvant stupide d'être capable de me tromper de chemin alors que je le faisais depuis maintenant plus de dix ans. Et pourtant, le surprise me rattrapa bien vite lorsque je vis Madame Yun, la voisine de Felix, sortir de sa maison, mitoyenne avec la présente épicerie.

Elle me lança un grand sourire, comme à son habitude, avant de baisser la tête pour me saluer. Je l'imitai poliment mais mes pensées étaient à des années lumière de cet échange courtois.

Excusez-moi Madame, je rigolai un peu mal à l'aise, les Lee ont déménagé ?

Sa bouche se pinça, signe qu'elle réfléchissait activement, puis elle pencha sa tête sur le côté, légèrement étonnée.

Les Lee ?

Oui, je cherche Felix, enfin Yongbok.

Felix, c'est ainsi que tous ses amis l'appelaient, moi y compris. Il était en réalité plutôt connu sous le nom de Yongbok, son prénom coréen. Beaucoup avaient du mal à prononcer les sonorités d'une autre langue.

Je ne sais pas de qui tu parles jeune homme. Yongju ? Le fils de Madame Choi ? Il est parti à l'armée depuis deux mois déjà.

Non, Lee Yongbok, celui qui habitait là il y a à peine deux jours !

Ma voix monta dans les aigus malgré moi. Je commençais à me dire que cette situation n'était pas normale. Madame Yun elle connaissait bien Felix, elle ne devrait pas hésiter sur l'identité de la personne que je recherchais.

Il n'y a pas de Yongbok dans ce quartier mon bonhomme, tu as dû te tromper d'adresse.

Mon parapluie me glissa des mains tandis que la vieille dame rentrait chez elle en marmonnant dans sa barbe, déroutée par notre conversation. Je l'étais bien plus qu'elle. J'étais même complètement paumé. Mon souffle était anarchique, je ne comprenais pas. Je ne saisissais pas. Pourquoi cette putain d'epicerie se trouvait ici, ce n'était pas sa place ! L'eau ruissellait sur mon front, mes chaussettes se gorgeaient d'eau, le tonnerre accompagnait mes tourments. Ma réalité semblait se fracturer.

Quelques secondes s'écoulèrent avant que mes jambes ne s'activent d'elles-mêmes. Je savais comment prouver que Felix avait bien existé, qu'il n'était pas une invention de mon imagination. Il avait laissé sa trace ici, j'en étais sûr et certain. Et je pouvais le voir de mes propres yeux.


✮ ⋆ ˚。𖦹 ⋆。°✩


Un chapitre de moins de 1000 mots avec une petite touche de surnaturel, dans quoi je m'embarque ?

Un monde sans Nous ᴹᶦⁿˡᶦˣOù les histoires vivent. Découvrez maintenant