Chapitre 3

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Derek était un loup solitaire depuis de nombreuses années. Il était habitué au silence de son manoir et à la tranquillité de sa vie. Il côtoyait bien sûr la meute grandissante de Scott, mais il demeurait un oméga libre de ses mouvements et ne s'était jamais officiellement intégré à la meute de Beacon Hills. Il aimait trop son indépendance pour vouloir dépendre d'un groupe et surtout, la perte de sa famille avait laissé sur son cœur des blessures trop profondes pour qu'il ose un jour devenir à nouveau le maillon d'une quelconque chaine. Il se préférait en électron libre, niant ses attaches émotionnelles pour tenter de se convaincre qu'il n'avait pas de faiblesse.
Ce matin-là, aux aurores, sa si précieuse tranquillité lui fut violemment arrachée lorsqu'on tambourina à sa porte. Il tenta de reconnaître l'intru à l'ouïe mais qui que ce soit, la personne se faisait discrète en dehors de ses coups fracassants contre la porte du manoir. Derek se décida donc à traverser le grand salon pour rejoindre l'entrée, identifiant tout de même un unique rythme cardiaque de l'autre côté de la porte. Lorsqu'il ouvrit, sa surprise se lut aussitôt sur son visage.

- Stiles ? Qu'est-ce q/
- Je t'interdis de mêler Scott à tout ça, est-ce que c'est bien clair ?

Derek ne répondit rien. Il pensa mentalement à la conversation qu'il avait eu quelques jours plus tôt avec le jeune alpha, durant laquelle il lui avait pourtant sommé de ne surtout pas intervenir en sa faveur auprès de Stiles. Visiblement, Scott n'avait pas tenu compte de sa requête et comme l'Oméga s'en était douté, Stiles était furieux à l'idée qu'il ait pu demander secours à son meilleur ami. Foutu pour foutu, Derek décida qu'une telle opportunité de se trouver face à Stiles n'avait que trop peu de chance d'arriver. Alors il tenta une approche, même s'il se doutait que Stiles n'était pas venu pour l'écouter.

- Stiles, j'aimerais juste qu'on en parle.
- Et moi pas ! Qu'est-ce qui te semble compliqué à comprendre là-dedans ? Je ne veux plus jamais rien avoir à faire avec toi. Ni de près, ni de loin.
- Mais tu vis ici, maintenant. Qu'est-ce que tu propose ? Qu'on coupe la ville en deux ? Ou tu attends que je m'en aille, peut-être ?

Stiles se radoucit légèrement. La question le frappait comme un coup en pleine tête : il ne s'était même pas posé la question des options qui se présentaient à eux. Il était revenu à Beacon Hills pour son père et tout ce qu'il avait eu en tête tout ce temps, c'était seulement son désir de ne jamais croiser Derek. Pas une seule seconde il s'était demandé comment ils pourraient se partager la ville de manière équitable.

- Je me fiche pas mal que tu habite ici, je suis là pour mon père. On peut très bien ne jamais se croiser.
- Stiles, tu ne peux pas être sérieux. Pourquoi tu refuse de m'écouter ?

Stiles vit rouge, à nouveau. Cette fureur l'accompagnait désormais depuis si longtemps, qu'il lui semblait tout simplement impossible de ne pas réagir en fonction d'elle. Il fit un pas en avant, enfonça douloureusement son doigt dans le thorax de Derek et, tout en ignorant l'électrochoc provoqué par cet infime contact, fronça davantage le regard si tant est que c'était possible.

- Est-ce que tu m'as écouté, toi, il y a trois ans, Derek ? Est-ce que tu m'as entendu souffrir quand ils m'ont tabassé à mort ? Est-ce que tu as seulement entendu mon agonie, quand j'ai eu le plus besoin de toi ?

Le regard de Derek s'assombrit, dévoré par la culpabilité. Il y était. Il avait attendu ce moment pendant des années, pourtant les mots le frappaient comme une tornade d'uppercuts. Il n'avait pas été là. Ses yeux tombèrent vers le sol, remplis de cette douleur qui le consumait depuis ce fameux jour. Mais la main de Stiles vint violemment relever son visage et leurs regards se croisèrent à nouveau.

- N'essaie même pas de regarder ailleurs, Derek. Tu veux qu'on parle ? Très bien, mais regarde-moi bien en face. Tu m'as abandonné. Tu as promis de m'aimer pour toujours, tu as prétendu que notre fils serait le plus beau cadeau que l'Univers pourrait te faire, et tu t'es enfui à la seconde où tes ennemis ont décidé de s'emparer de lui par la force. Tu m'as laissé tomber quand j'ai eu le plus besoin de toi et tu n'as même pas eu le courage de t'excuser.

Les mots étaient comme des pierres, dans son coeur. Stiles se remémorait ce jour où sa vie était devenue un Enfer. Ce jour maudit ou pour avoir trop aimé un lycan, il était devenu la cible numéro un de la communauté des chasseurs. Malgré les années passées, il se souvenait des coups, des visages et mêmes des voix qui lui étaient tombés dessus. Il pouvait encore entendre ses os craquer sous les impacts qui avaient plu sur lui. Ils l'avaient tabassé dans le but de tuer et ils l'avaient abandonné, laissé pour mort au milieu de nulle part. Il n'avait pas seulement été humilié ce jour-là. Il avait été détruit.

- Stiles, je n'ai pas voulu ça ...
- C'est arrivé, Derek. Je t'ai aimé de toute mon âme, je comptais sur toi. Je t'ai donné jusqu'à ma propre vie et toi, tu as juste disparu.
- Je ne savais pas comment faire face. J'étais dévasté par la perte de notre enfant. J'ai cru qu'en partant, ils ne s'en prendraient plus jamais à toi. Je ne pouvais pas te faire risquer une nouvelle grossesse, Stiles. S'il te plait, essaies de compre/
- Ne me demande pas de te comprendre, c'est au-dessus de mes forces. Tu n'avais pas le droit de nous abandonner. Tu aurais dû être là pour nous, jusqu'au bout.
- Stiles ...

Derek tenta un pas en avant, cherchant à poser sa main sur la joue de Stiles, mais l'adjoint recula vivement et esquiva son regard en se détournant de lui. Il ne pouvait pas lui pardonner, même après l'avoir entendu. Partir pour le protéger n'était pas une bonne excuse, à ses yeux.

[Sterek - Mpreg] Coeurs à l'unissonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant