Prologue

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Dans la grande ville de Viroz vivaient un homme et sa fille. L'homme tenait une petite pharmacie qui ne servait plus qu'aux habitués du quartier. Son épouse avait été emportée par la maladie le laissant seul à la gestion de son petit commerce. Leur fille unique, Laura, fut contrainte d'abandonner ses études d'infirmière pour tenir la pharmacie aux côtés de son père. Elle était intelligente et belle mais terriblement timide et peureuse.

Il y avait de quoi avoir peur dans la ville où elle habitait. Viroz. Grande capitale où la population affluait sans cesse. Si vous vous déplaciez en ville vous croisiez des centaines de visages inconnus que vous ne reverriez jamais le lendemain. Et plus il y a de gens, plus il y a de conflits. La ville était la proie de gangs rivaux, de voleurs et autres malfrats en tout genre. Il y était difficile de faire confiance à n'importe qui. Même si les crimes ne se faisaient pas toujours de plein jour, les hors-la-loi, eux, ne se donnaient pas la peine de s'en cacher. Une partie de la police était corrompue ce qui renforçait un sentiment d'insécurité et des envies de se faire justice soi-même.

Malheureusement pour Laura et son père, ils n'avaient pas les moyens de quitter cette ville où la criminalité n'avait de cesse d'accroître. La pharmacie tenait encore grâce aux clients habitués. S'il y a bien une chose que les gens détestent c'est être malades. Ils survivaient alors de cette façon, en vivant dans l'angoisse de voir leur affaire s'écrouler du jour au lendemain si leur clientèle faiblissait. Ils vivaient donc au jour le jour mais chacun d'entre eux se ressemblaient malgré tout.

Chaque matin Laura se levait, se préparait, ouvrait la pharmacie et tenait la boutique pendant que son père gérait les stocks et faisait les comptes. Quelques fois elle le relayait et il passait à la caisse. Sans son aide son père aurait eu du mal à gérer tout l'administratif tout seul. Elle lui était indispensable. Était-elle heureuse ? Elle ne se posait jamais la question car le bonheur de son père passait avant tout. Abandonner ses ambitions, ses projets, sa vie pour venir en aide à son père lui avaient beaucoup coûté mais elle ne lui en voulait pas. Elle ne pensait plus qu'à la pharmacie désormais. Son père, lui, s'en voulait énormément de lui imposer cette vie. Il se sentait coupable du sacrifice de sa fille mais il ne savait pas comment il aurait pu faire autrement. Il se rassurait en se disant qu'elle hériterait de l'affaire familiale lorsqu'il ne serait plus de ce monde. Mais au fond il lui souhaitait une vie différente loin de cette ville. Une vie où elle serait heureuse et épanouie. Même si elle ne montrait aucun signe de tristesse ou d'amertume, il se disait que sa fille ne pouvait être heureuse de cette vie. Mais pour le moment il est était ainsi et c'était leur vie.

C'était leur vie dans ce monde, en plein centre de Viroz. Ce que l'homme ignorait encore c'était qu'il y avait condamné sa fille. Cette pharmacie qui leur permettait de vivre allait aussi devenir leur malédiction.

ImpuissanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant