Visite Surprise

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-Je déteste faire le ménage! Pleurnichait Aïda.

Elle agitait mollement un balai du bout des bras, gardant un œil inquiet sur Darcy qui aspergeait le sol de la cuisine à l'aide d'un profond baquet d'eau savonneuse bouillante qui emplit immédiatement la pièce d'un nuage de buée.

Depuis le levé de soleil, c'est le branle-bas de combat. J'ai été tirée du lit par le vacarme assourdissant d'une sorte de grand ménage de printemps. Je me suis glissée hors de mes draps d'un pas encore tout ensommeillé. Quelle heure peut-il bien être? Très tôt sans doute, le soleil étirait à peine ses rayons palots dans ma chambre.

Pourtant, mes colocataires semblent bel et bien réveillées et plus en forme que jamais. En risquant un œil par l'entrebâillement de ma porte, j'aperçu une Darcy hors d'haleine qui courrait dans tous les sens, brosses et chiffons dans les mains, laissant dans son sillage une puissante odeur de détergent à la pomme. Maggie, debout sur la cuisinière, la tête enfoncée jusqu'aux épaules dans la hotte, ne semblait pas m'avoir aperçue. Seule Aïda, qui semblait n'attendre que le moment opportun pour s'enfuir par la fenêtre, se rendit compte de ma présence.

-Et pourquoi Mona elle fait rien, elle? Gémit-elle, en me montrant du doigt dans un geste enfantin.

Darcy repassa devant moi au pas de course, jetant dans mes bras un chiffon et un spray à la violette.

-Mona! Les carreaux! Aboya-t-elle.

Je me précipitais sans comprendre vers la fenêtre, et me mit à briquer la vitre comme si ma vie en dépendait. Darcy, de son côté, était maintenant a genou dans la salle de bain et frottait les joints du carrelage avec une vieille brosse à dents.

-Pssst! soufflais-je, pour attirer l'attention d' Aïda qui passait le balai encore et encore au même endroit. 

Elle s'approchait de moi à reculons, agitant son balai dans des grands gestes aussi ridicules qu'inutiles.

-Qu'est-ce qu'il se passe? Chuchotais-je.

-C'est le jour des visites, elles me font le même cirque tous les mois. Ses coups de balais se firent rageurs. Mais je n'ai pas de famille moi, elles pourraient m'épargner le ménage et me laisser dormir!

Le jour des visites.

J'eus un pincement au cœur. Cela faisait déjà 1 mois que j'étais là. Ma famille...allaient-t-il venir? Je voyais mal mon père et ma mère assis dans la salle commune entourés de pères Loups-garous et de mères vampires. 

De l'agitation et des voix sous la fenêtre me tirèrent de ma rêverie. D'un geste de chiffon, j'essuyais sur la vitre la mousse qui posait depuis un trop long moment déjà, et avait commencer à dégouliner sur le mur et à goutter sur le parquet.  Je risquait un œil dehors.

Les loups étaient de sortie, ils riaient aux éclats, s'envoyant des coups de poings amicaux dans les épaules et le ventre. Jeux virils et brutaux. Ils avaient beau être des loups, ils n'en restaient pas moins des garçons.

Liam sorti en dernier, il semblait plus calmes que le reste de sa meute. Ca devait être un truc d'Alpha. Il leva les yeux et me regarda intensément. Comment savait-il que j'étais là?

 Un sourire se forma sur ses lèvres et se changea en un rictus moqueur. D'un geste du menton, il désigna mon t-shirt et me regarda de nouveau d'un air interrogateur en levant un sourcil. Je baissais les yeux sur mon t-shirt.

 Je sentis le rouge me monter aux joues. Je m'accroupis sous la fenêtre, le souffle coupé par la honte.

Je portais un vieux t-shirt de pyjama que j'avais acheté il y a des années, pour rire. Il était tout élimé, distendu, et portait des traces de décolorations par endroit. Mais ce n'était pas le problème. 

Hemlock's ParkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant