41

93 3 1
                                        





Lino



Je regardais la porte d'entrée de la maison, le cœur lourd. Marianno me donnait une petite tape sur l'épaule, comme pour me donner du courage, mais rien n'y faisait.
Je levais les yeux vers la fenêtre de Serafina et tombais toujours sur ses volets fermés.

-Lino ? Ça va ?

Je tournais la tête vers mon meilleur ami. Ça n'allait pas et le pire dans tout ça, c'est que je savais que ça n'allait pas être mieux dans les prochains jours.
Marianno me regardait mais j'avais l'impression qu'il essayait lui aussi de garder la face. De ne pas me frapper et de me dire qu'il m'avait prévenu. Si j'étais à sa place, c'est ce que j'aurais fait.

-Ça va, me contentais-je de répondre.

Cette interaction était la même tous les jours, depuis deux semaines. Depuis l'incident, Serafina a été transportée à l'hôpital. Nous étions tous là lorsqu'elle s'est réveillée et rien ne nous avait préparé à la réaction qu'elle a eu.
Elle hurlait. Elle hurlait qu'elle voulait qu'on sorte de sa chambre et qu'elle ne voulait voir personne. Si la douleur ne l'en avait pas empêchée, elle se serait sûrement jetée au cou de Lia et moi. Elle n'a laissé personne rentrer dans sa chambre pendant plusieurs jours.
Gemma a finalement eut le feu vert et a ainsi pu la ramener à la maison. Toutefois, chez elle, c'était la même chose. Serafina refusait de voir qui que ce soit et nous étions bien trop effrayés qu'elle se remette dans un état d'hystérie pour essayer quoique ce soit.

-Ça va aller, ajoutait Marianno comme s'il n'en croyait pas un mot.

    Je ne dormais pas. Je ne mangeais pas. Je pense même qu'Amélia est à deux doigts de m'interner.
Je commençais à perdre espoir.
La portière de Marianno claquait, ce qui me ramenait à mes esprits. Je défaisais ma ceinture et sortais à mon tour.

Comme depuis tous les jours depuis deux semaines, je venais avec des fleurs et du thé à la menthe pour Gemma.
Marianno sonnait et la porte fut rapidement ouverte par Gemma.
Elle soufflait lourdement lorsqu'elle nous voyait. Tous les jours depuis deux semaines.

-Je vais me reconvertir en tant que fleuriste si tu continues à me ramener des fleurs tous les jours, grognait-elle. Et arrêtes aussi avec le thé à la menthe. J'en ai au moins une dizaine de boîtes.

C'est vrai, je n'y avais pas pensé.
Malgré le fait qu'elle m'adresse la parole, Gemma ne me regardait pas dans les yeux. Elle avait tout de même l'amabilité de me laisser rentrer. Elle saluait Marianno et fermait la porte derrière nous.

Sans même que nous puissions ajouter quoique ce soit, Gemma montait à l'étage. C'était la même chose depuis deux semaines.
Et comme tous les jours, Lia était la première à attendre. Elle était la, sur le canapé, attendant patiemment le feu vert de Gemma. Elle était tellement absorbée par ses pensées qu'elle ne nous avait même pas entendus arriver.

-Lia ?

La rousse sursautait en entendant la voix grave de Marianno.

-Oh. Salut, se contentait-elle de répondre. Vous allez bien ?

Lia n'était pas dans son état normal, elle aussi. Elle avait perdu sa sœur et ce choc lui faisait oublier ce que moi, j'avais pu lui faire. C'est comme si nous nous étions retrouvés dans la même équipe. Les bannis.
Malgré cela, je me sentais rassuré qu'elle ne soit pas elle aussi à m'accabler. Je savais que ce n'était qu'une question de temps mais pour l'instant, j'avais besoin que mon cœur s'apaise. J'avais l'impression qu'il était tellement lourd qu'il suffisait que l'on me touche un peu trop pour qu'il tombe en milles morceaux.

THE WOLF ON THE LOOSE || TERMINÉE ||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant