CHAPITRE I

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Penda marche à mes côtés. Elle s'est accrochée à mon bras droit dont les doigts sont enfoncés dans la poche littérale du pantalon de Lagos que j'arbore en cette nuit chaude du mois d'août. Elle semble fatiguée et transpire à grosses gouttes. Elle halète comme une bête de proie traquée. Nous marchons à pas comptés. Il m'arrive d'oublier sa présence dans mon coeur, à la remorque de mon esprit qui glane dans les champs du passé, est loin d'elle.
Il était une fois dans ma vie une fille. Elle s'appelait Oulimata. Ses camarades la surnommaient l'Américaine. Pour moi, elle était Ouly.
Pourquoi ne pas l'avouer tout de suite ? Ouly était mon élève. Elle n'était ni trop belle ni douée. Pour parler comme mes collègues alors, elle était même nulle. Elle n'avait rien qui la distingua des autres filles de la classe ou du collège où je l'avais connu. Peut-être sa taille. Plutôt son âge car elle était assurée trop vieille pour les cours qu'elle suivait avec force lacunes, du reste. Ce qui m'avait le plus attiré en elle, c'étaient ses yeux. De grands yeux marrons. Des yeux chargés de langueur qu'il m'était impossible de croiser du regard sans chavirer dans des pensées à la fois délicieuses et oppressantes, aussi tortueuses qu'un labyrinthe. Elle était point Ariane pour m'aider à me retrouver dans le dédale de telles rêveries. Au contraire, elle m'y égarait davantage grâce à son sourire auquel je n'ai su et me saurait jamais donner une épithète adéquate.
Mais tout cela est fini, irrémédiablement fini. Puisqu'Ouly n'est plus...

La collégienne Où les histoires vivent. Découvrez maintenant