Derrière Mère Soukaïna, nous entrâmes dans une chambre où nous nous instalâmes, Moussa sur un fauteuil au coussin éventré, Idrissa sur une chaise bancale et moi sur le rebord d'un vieux divan sur lequel était étendue une jeune fille qui se redressa à notre arrivée.
__ Voici le professeur d'Oulimata.
Ces deux autres sont ses amis, présenta Mère Soukaïna.
La jeune créature dont la personnalité contrastait violemment avec le décor ambiant déposa le roman-photo qu'elle lisait et échangea avec nous les salutations d'usage.__ C'est ma grande sœur, M'sieu.
Elle s'appelle Abissatou, m'informa Oulimata.
__ On ne dirai pas. Elle est plus claire que toi, remarqu'ai-je, innocent.
__ Abissatou était plus noire qu'un grain de nũule, mais elle s'est dépigmentée, expliqua Mère Soukaïna, après quoi elle fit signe à sa fille cadette qui la suivit. Elles se retirèrent pour se concerter. Cette messe basse m'intrigua mais comme Abissatou était intéressante, je me laissait distraire, ainsi que mes compagnons, par sa causerie.
Elle avait fréquenté l'école française jusqu'en classe de troisième. Ayant par deux fois échoué au B.E.P.C, elle avait abandonné les études pour se consacrer à ce qu'elle appelait « le métier de femme », non sans se préparer pour participer à des concours qui pourraient lui permettre, en cas de réussite, de prétendre à un petit emploi salarié. Pour elle, il n'était nullement question de se marier et de rester à la merci d'un homme dont elle dépendrait matériellement. Physiquement, Abissatou n'était pas mal. Elle était même très belle.Bientôt Oulimata revint sans sa mère. Je mis quelques secondes avant de la reconnaître car avait quitté sa camisole et son pagne délavés et avait enfilé une robe à l'élégance simple qui lui donnait une grâce que je n'avais jamais soupçonnée. Elle déposa sur une table a carreaux deux bouteilles de Sibras et se mit en devoir de les ouvrir à l'aide de ses dents.
Abissatou sortit chercher des verres. Quand elle réapparut, elle avait changé de toilette au grand enchantement d'Idrissa qui avait été séduit dès le premier sourire de l'aînée d'Ouly.
Nous nous rafraîchîmes dans la joie. Moussa et idrissa s'abandonnaient à l'ambiance glissante. Moi, je demanderai coi. En fait, je méditais sur ce qui se tramait autour de nous, autour de moi, plus exactement.
Était assise à mes côtés sur le lit. Assise à mes côtés ? En réalité, elle était assise tout contre moi et déployait toutes les ressources de son charme pour m'intéresser à elle.
J'ai respirais à pleines narines l'odeur prenante de son corps. De temps à autre, elle riait aux éclats, se trémoussait et se laisser aller, se couchait littéralement sur moi. Voyant que je persistais dans mon mutisme, elle chuchota à mon oreille :
__ Tu ne dis rien, M'sieu ?Ce fut alors que je vis ses yeux, que je remarquai avec un profond saisissement toute la splendeur hypnotique des ses yeux. De grands yeux marrons, pétillants et envoûtants. Pour dire quelque chose, je balbutiai :
__ Vivez-vous ici avec votre père ?
Je compris aussitôt que j'eusse mieux fait de continuer à me taire. Subitement le visage d'Ouly s'assombrit et à travers le regard d'Abissatou, j'ai lus le message douloureux.
Peu après, les deux soeurs nous raccompagnèrent jusqu'au seuil de la maison et nous serrèrent la main en nous souhaitant de faire bonne route et de trouver la paix dans nos demeures respectives.
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La collégienne
Historia CortaAttention je n'est pas créé ce livre mais c'est Marouba Fall. « Il était une fois dans ma vie une fille. Elle s'appelait Oulimata. Ses camarades la surnommaient l'Américaine. Pour moi, elle était Ouly. Pourquoi ne pas l'avouer tout de suite ? Ouly é...