Tout commença un samedi après-midi. Idrissa, Moussa, deux anciens condisciples de lycée, et moi, déambulions indolemment par les rues sableuses de Colonne, un quartier mal famé où nous étions allés voir Rama, une amie de Moussa. Comme c'était la première visite que nous venions de lui rendre, sur le chemin du retour, nous devisions à propos de son sens de l'hospitalité ainsi que du comportement de ses parents à notre égard, quand une voix vaguement familière me héla :
__ M'sieu Ndiaye !
Je tournai la tête sans marquer la moindre intention de m'arrêter, devinant que j'allais apercevoir l'une de mes élèves du collège où je professais. Hésitante, l'adolescente qui m'avait apostrophé marcha vers moi, arborant un large sourire.
Mes compagnons et moi reçûmes, tour à tour, sa main moite. Elle agrémenta son salut légère d'une génuflexion pour chacun de nous. Remarquant la moue surprise que j'affichais, la jeune fille dit :
__ C'est moi Oulimata Thiam.
__ Ah, Oulimata ! Je ne t'ai pas reconnue. Ça va ?
__ Ça va M'sieu, répondit-elle.
Sans un mot de plus, j'allais poursuivre mon chemin et oublier que je l'avais rencontrée. C'est alors qu'elle fit quelque chose que je n'appréciai guère sur le moment, quelque chose que je devais regretter plus tard car sans cela rien ne se serait passé entre nous, rien en tout cas qui, maintenant qu'elle n'est plus, me bouleverse quand j'y pense.
J'allais partir en toute quiétude avec mes amis quand Ouly pivota vers un groupe de commères assises à même le sable, sous un arbre, devant une maison aux palissades délabrées, aux baraques branlantes et cria à l'adresse de l'une d'elles :
__ Yaa booy, voici mon professeur de français.
Une quinquagénaire accourut vers moi, souriant de toutes ses dents rougies par la kola, l'air extrêmement affable.
__ As-tu la paix, mon fils ?
__ La paix seulement.
__ Je me nomme Soukaïna Seck, renseigna-t-elle.
__ Mon nom est Ndiaye.
__ Ndiaye !
__ Seck, dis-je encore avec l'espoir de pouvoir ensuite me dérober.
Mon Dieu ! Qu'elle était volubile, cette brave dame !
__ Ne restez pas dans la rue, mes enfants. Venez, la maison est là, en face de vous. Venez donc.
__ Mère Soukaïna, je passais par hasard. Je suis un peu pressé.
Elle s'affigea de mon refus à peine mitigé :
__ Tu n'es pas gentil, Moussé Ndiaye. Ainsi tu ne veux pas venir à la maison saluer les gens.
Je ne pus résister davantage et me laissait entraîner. Idrissa et Moussa m'emboîtèrent le pas et nous pénétrâmes ensemble chez les Thiam, véritable logis de badolos ¹. Dans la cour, les poules se pavanaient devant leur folâtre progéniture, princières et vigilantes, pivotant par-ci, grattant par-là et renversant sur leur passage calebasse, débiles et autres ustensiles de cuisine où avaient séché les restes du repas de midi.Appuyez sur l'étoile en bas surtout commentez svp n'hésitez pas à m'envoyer des messages privés ou publics.
Suite ...
![](https://img.wattpad.com/cover/360385815-288-k155393.jpg)
VOUS LISEZ
La collégienne
Short StoryAttention je n'est pas créé ce livre mais c'est Marouba Fall. « Il était une fois dans ma vie une fille. Elle s'appelait Oulimata. Ses camarades la surnommaient l'Américaine. Pour moi, elle était Ouly. Pourquoi ne pas l'avouer tout de suite ? Ouly é...