Chapitre 29

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Je me lève et m'éloigne de lui. Il se lève à son tour et me regarde.

« Alix, c'est pas... »

Il souffle et passe sa main sur son visage.

« C'est pas quoi, Pierre ?! », je lâche bien plus fort que prévu.

Ma voix tremble, tout autant que mes jambes.

« C'est pas ce que je voulais dire, t'es pas...
-Je suis pas quoi ?! Je suis pas la seule ? J'ai cru comprendre, merci. »

Je m'éloigne et retourne vers les nappes pour aller récupérer mes chaussures. J'entends des pas dans le sable derrière moi. Je sais qu'il me suit.

« Je voulais dire que je veux pas de relation sous les caméras. Je veux pas t'embarquer la dedans.
-Non. »

Je dis et me tourne vivement.

« Tu as parlé de relation exclusive, Pierre. Et ça, ça veut dire que je suis pas la seule. »

Je passe une main dans mes cheveux, pour tenter de trouver un moyen de me détendre. De concentrer mon attention sur autre chose pour ne pas flancher comme une sombre conne.

« Donc je suis pas la seule que tu ramènes chez toi ? Pas la seule avec qui tu couches ? Pas la seule avec qui tu sors le soir après ton travail ?
-On se l'est dit non ? On met pas de mots sur notre relation.
-Ah donc en plus c'est vrai ?! »

Je ris nerveusement.

« Combien de meufs t'as eu dans ton lit, Pierre ?! »

Il passe sa main sur son visage.

« Plusieurs... Mais. »

Ordure.

« Y'a pas de mais, j'ai compris. »

Je pars attraper mes chaussures et m'éloigne pour retourner vers la route. Je ne sais pas comment je vais rentrer, ni même où je vais aller. Je sens une main, sa main, attraper mon bras.

« Non Alix. Attends. »

Je reste de dos. Hors de question que je me tourne vers lui. Pour qu'il voit les larmes glisser sur mes joues ? Hors de question.

« Je veux pas mettre de termes sur notre relation.. Mais j'aurais aimé savoir que...
-Oui, j'ai déjà ramené des filles chez moi. Oui, j'ai déjà passé des soirées avec des meufs dont j'ai plus aucune idée du prénom. Oui, c'est arrivé. Mais pas depuis des semaines.
-C'est censé me rassurer ? », je souffle.
« C'est pas arrivé depuis que mes yeux se sont posés sur toi, ce soir là en boîte. »

Je secoue la tête.

« C'est pas arrivé depuis que t'es de retour dans ma vie. Parce que... Je suis un idiot, je sais pas m'exprimer. Quand je dis que je veux pas de relation exclusive sous les caméras, je dis que je veux pas être fliqué, je veux pas que... Je veux préserver ce qu'on a. Je veux te préserver toi, Alix. »

Je finis par me tourner vers lui, essuyant ma joue du revers de la main.

« Merde. », il souffle alors qu'il doit voir mes yeux pleins de larmes.

...

Ses yeux brillants de larmes sont rivés sur moi, et mon cœur se serre dans ma poitrine.
Je suis un abruti.
C'est pas ce que j'ai voulu dire, j'ai pas voulu la blesser. C'est vraiment la seule chose que je veux éviter ; la blesser.
Mais j'ai été maladroit dans mes mots, je les ai mal choisis, mal exprimés, et voilà où ça nous a mené. J'ai envie de l'approcher, d'attraper son visage entre mes mains et m'excuser. De la serrer contre moi et de lui dire que la seule femme que je veux, c'est elle. Et uniquement elle.
Personne d'autre.
Je la veux avec moi en voyage autour du monde pendant mes courses. Je la veux avec moi le soir après le boulot, pour lui raconter mes journées et l'entendre me raconter les siennes. Je la veux avec moi la nuit, près de moi, dans mes bras.
Mais je ne fais rien, je reste là, à la regarder pleurer, alors que
chacune de ses larmes est comme une épine qu'on me plante dans le cœur.

Can't remember to forget you | PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant