BROKEN (Premier brouillon, en pause)

1 - Sauvée... ou pas

"Aujourd'hui, ça fait un an" pensé-je secrètement. Je suis seule, seule depuis un an !

Un an que je ne fais que pleurer, me relever, dormir, soigner mes blessures, tourner en rond dans son appartement. Seule.

Enfin seule avec lui...

Peut-être me permettra-t-il d'aller leur rendre visite aujourd'hui ? Je l'espère de tout mon cœur. Mais j'espère trop souvent des choses irréalistes. Je vais devoir leur rendre visite seule. 

Comme toujours...

Elles étaient ma famille. Elles étaient mes âmes-soeurs. Elles étaient tout pour moi. La seule famille qu'il me restait depuis le départ de maman...

Maintenant, je suis seule, sans défense et enfermée avec lui depuis douze mois tout pile.

Trois-cent soixante-cinq jours.

Cinquante-deux semaines.

Huit mille sept-cent soixante heures.

Cinq cent vingt-cinq mille six-cent minutes.

Trente-et-un million, cinq mille-six-cent trente-six mille secondes.

Un an...

J'ai eu le temps de calculer encore et encore le temps pendant lequel j'étais gardée en captivité avec un homme que je ne reconnais plus...

Et le pire, c'est que j'ai peur de devenir comme lui.

J'ai peur de contenir ses gènes, comme je l'ai cru pendant douze ans.

Je vis l'horreur depuis que j'ai commencée à le craindre...

Je ne suis pas allée dehors depuis un an. Je n'ai vu personne d'autre que lui en un an. Je ne mange que ses restes et encore s'il m'en a gardé, depuis un an. Je dors sur un matelas à même le sol depuis un an. 

Il est la cause de tous nos problèmes, devenus les miens avec le temps. 

Je dois tout gérer toute seule et j'ai peur de me laisser dépasser par l'anxiété, la fatigue, le manque d'alimentation et d'amour, la cuisine, le ménage, mais surtout par lui...

Je deviens folle.

Heureusement que j'ai réussi à lui dérober un carnet vierge sans qu'il s'en aperçoive. 

Alors depuis, j'écris pour faire passer le temps, en déversant mes pensées sinistres avec l'encre qui coule d'un stylo appartenant à maman. 

Je veux que l'on retrouve mes écrits un jour et que l'on se souvienne de moi. Que l'on se souvienne de moi comme je le veux et non pas comme les autres en parleront, parce qu'ils ne parleront pas de moi ! Ils ne me connaissent pas...

Le seul qui me connaît est celui que j'aurais voulu ne jamais connaître. Lui...

Je sais qu'il va finir par me tuer. Me tuer comme il l'a fait pour elles.

Est-ce qu'il regrette ses gestes détestables ?
Non. Bien sûr que non. Il ne les auraient jamais reproduit deux autres fois supplémentaires sinon.

Et il s'apprête à recommencer une quatrième fois...
Pour moi.
Contre moi...

Il va me tuer.

Il le veut, je le sais depuis longtemps. J'entends ses pensées exécrables et je le vois dans son regard.

Papa veut me tuer...