Le mythe fondateur de la Mecque est écrit dans le livre saint des musulmans, le Coran, à la III sourate aux versets 96-97 : « - La première Maison qui a été édifiée pour les gens, c'est bien celle de Bakka (la Mecque) bénie et une bonne direction pour l'univers. » « - Là sont des signes évidents, parmi lesquels l'endroit où Abraham s'est tenu debout; et quiconque y entre est en sécurité. Et c'est un devoir envers Dieu pour les gens qui ont les moyens, d'aller faire le pèlerinage de la Maison. Et quiconque ne croit pas... Dieu Se passe largement des mondes. »
Le patriarche des trois religions du livre (le christianisme, le judaïsme et l'islam) s'incarne comme le fondateur originel de la Mecque avec son fils Ismaël qui l'aida à construire la Kaaba (la première Maison). Dans l'Islam, Abraham ou Ibrahim est le cinquième prophète envoyé par Allah chargé de transmettre le message de l'unicité divine et d'un monothéisme adamique pur. La pratique révélée du Hajj sera accomplie et enseignée par ces deux patriarches jusqu'à ce que plus tard, elle soit « dévoyée », la Kaaba étant remplie d'idoles.- miniature persane représentant le prophète Ibrahim
Au VIIème siècle après Jésus-Christ, un jeune caravanier appelé Mohammed part, dans de longues méditations, à la recherche du dieu unique dont parle la Torah et les évangiles. Vers 611 après Jésus-Christ, l'ange Gabriel (Djibril) lui apparaît, porteur d'un message divin : Lui, Mohammed est "le prophète d'Allah" et il doit apprendre et réciter les messages qui lui sont transmis. Il proclame avec force, comme Abraham, l'unicité d'un Dieu unique, tout puissant. Il affirme que ce n'est pas lui qui parle, mais une force extérieure, qui se joint à lui de manière irrépressible. Un petit groupe de fidèle se rassemble autour de lui, le considérant comme le nouveau prophète chargé de transmettre aux hommes la parole divine. A La Mecque, les premiers musulmans ne sont pas nombreux, mais cela suffit à perturber les affaires de la tribu polythéiste des Quraychites, qui gère la Kaaba. Même si Mohammed est un Quraychites comme eux, les chefs de la tribu le voient comme un fauteur de trouble qui vient faire concurrence au polythéiste mecquois. Cela vient également bouleverser leurs affaires financières et ils craignent d'être ruinés à cause de la condamnation des idoles et la disparition des pèlerins à la Kaaba. Abu Lahab, le nouveau chef du clan des Hachémites, retire sa protection à Mohammed, de sorte qu'il peut dès lors être assassiné impunément.- miniature ottomane du XVIIème siècle représentant le prophète Mohammed en train de prêcher.
En 622 il fuit la Mecque et se réfugie à Médine. C'est l'Hégire. Là-bas, en présence de fortes communautés juives, il réalise le dernier acte de l'islam médinois intégrant directement la figure d'Abraham à l'islam en tant que fondateur de la Ka'ba et initiateur de son rituel (Coran sourate II verset 125 ) : - [Et rappelle-toi], quand nous fîmes de la Maison un lieu de visite et un asile pour les gens - Adoptez donc pour lieu de prière, ce lieu où Abraham se tint debout - Et Nous confiâmes à Abraham et à Ismaël ceci: "Purifiez Ma Maison pour ceux qui tournent autour, y font retraite pieuse, s'y inclinent et s'y prosternent. »
En 630, Mohammed marche sur la Mecque avec 10000 fidèles. Découragés par ses incursions successives et le nombre croissant de conversion à l'islam, les mecquois se rendent sans combattre. Le prophète se rend aussitôt à la Kaaba, fait détruire les idoles, les rites du pèlerinage musulman remplaçant ainsi ceux des infidèles. La Mecque devient la ville sainte des musulmans et la Kaaba la "maison de Dieu".
Mohammed devient le refondateur de la Mecque tout en lui redonnant son rôle et ses traditions abrahamiques. Il fait de sa ville natale le centre religieux du futur monde musulman.
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Diptyque sur les mythes fondateurs d'Alexandrie et de La Mecque
Kurgu OlmayanJe vous présente ici un diptyque sur le mythe fondateur d'Alexandrie la ville antique et La Mecque comme ville moderne (à partir du Moyen-Âge) afin de comprendre le rôle d'un mythe dans une communauté.