Questions d'analyses :

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1. Le mythe et l'archéologie sont-ils unanimes ?

La cité hellénistique ne montre que très peu de vestiges dans l'Alexandrie d'aujourd'hui. Du fait du développement intense de la ville depuis deux siècles, les restes antiques sont ensevelis sous plusieurs mètres de terres et de constructions. La présence de nappes phréatiques recouvrant les couches datant de l'époque ptolémaïque ainsi que des glissements de terrain ont causé l'engloutissement progressif des bâtiments de l'époque ptolémaïque du bord de mer et rendent ardues des fouilles.

Les archéologues sont plus d'accord avec l'hypothèse qu'Alexandrie était destinée à se substituer à Naucratis comme centre Hellénistique en Égypte et être le lien entre la Grèce et la riche vallée du Nil. Après avoir étudié des cartes d'Alexandrie et se référant aux écrits géographiques de Strabon, il n'existait pas tant de sites de construction susceptibles d'offrir la possibilité d'une grande cité, avec des ports et des protections naturelles contre les armées d'invasion. On estime que dans son tracé, Alexandre engloba le village de pêcheurs de Rhacotis qui constitua alors un quartier de la nouvelle ville preuve hypothétique de l'existence d'une population antérieure à l'emplacement d'Alexandrie.

En ce qui concerne la confirmation de la divinité d'Alexandre par l'oracle, l'historien Quinte-Curce flaira là une manœuvre politique : « Avec un peu de bon sens et d'esprit critique, on se serait aperçu que les réponses de l'oracle étaient combinées d'avance. » La version de Plutarque est moins machiavélique. Selon lui, la divinisation d'Alexandre à Siwa aurait découlé d'un lapsus commis par l'oracle : « Voulant le saluer en grec d'un terme affectueux, [l'oracle] avait appelé [Alexandre] "mon fils" (paidion), mais, dans sa prononciation barbare, il achoppa sur la dernière lettre et dit, en substituant à la lettre n un s : "fils de Zeus" (paidios) ». Cependant, l'archéologie apporte des réponses plus factuelles. En cette fin du IVe siècle avant notre ère, l'oasis de Siwa jouait en effet un rôle stratégique majeur au sein du désert occidental égyptien, une région prospère dont le rôle politique s'affirmait. Située à la rencontre des mondes libyco-berbère et égyptien, Siwa constituait la porte orientale du réseau de pistes qui reliaient entre elles les grandes oasis du désert égyptien. Ces dernières étaient alors en plein essor, grâce à la production et à l'export vers la vallée des vins qui assureront leurs richesses jusqu'au IVe siècle. Comme à l'époque perse, le contrôle de Siwa permit à Alexandre d'obtenir la soumission de la cité grecque de Cyrène, située à l'est de l'actuelle Libye. Reliant le Sahara et le monde grec, la ville était convoitée par les pharaons saïtes (originaires de la région du delta occidental du Nil) du VIe siècle.

Pour ce qui est de l'inspiration de Sérapis les historiens affirment que c'est une fable élaborée par la dynastie ptolémaïque après la mort du conquérant, qui cherchait avant tout à légitimer le rapatriement du corps d'Alexandre à Alexandrie.

Enfin, il est peu probable que la version d'Ibn Khaldoun soit juste car il n'existait de moyens techniques aptes à réaliser celle-ci.

2. Quel sens donner à ces récits de fondation ? Quel est leur rôle ?

S'inscrivant dans un rôle politico-religieux, la qualité de « fils d'Ammon » donné par l'oracle de Siwa était simplement la version locale de la titulature qui, depuis longtemps, faisait des souverains de l'Égypte les fils d'Amon-Ra. Cependant dans ce pays qui sortait du joug des Perses, cette figure d'Alexandre le Grand était fédératrice et symbole d'une autorité divine que les présages venaient confirmés. Ainsi, la fondation d'Alexandrie n'était plus du ressort d'une volonté humaine mais divine faisant de celle-ci une ville protégée par les forces du ciel. Politiquement, ces mythes de fondation sont une propagande destinée à renforcer l'attractivité de cette ville et établir un pouvoir stable.





Diptyque sur les mythes fondateurs d'Alexandrie et de La MecqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant