Chapitre 7. Star Rock Wave

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"Sous l'éclat de mille feux, les étoiles dansent,
Deux cœurs enlacés, une tendre romance.
Ils embrassent l'espoir, douce lueur,
Pour croire en l'amour, pur et enivrant bonheur."

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Le ciel de Clinton Bay était noyé dans la tristesse. La nuit tombait plus tôt que prévu, les nuages avaient pris possession du bleu ensoleillé vers dix-huit heures. Le Tout-Puissant semblait avoir fermé les yeux sur la rude étape passée.
Nylon pianotait au Bayside Blues & Ivory. Plongé dans les afflictions de l'événement passé, Nylon glissa ses doigts sur les touches, créant une mélodie douce et mélancolique.
Comprenant les douleurs du pianiste, les habitués étaient calmes et silencieux ; les rumeurs sur l'accident s'étaient propagées en ville.
Patrick entra dans le bar et se posa à l'entrée. Convaincu qu'un sourire serait un précieux cadeau, il sortit discrètement son appareil photo et captura des clichés du jeune homme.
La chanson terminée, le pianiste salua les fidèles et descendit les marches de l'estrade. Patrick l'attendait en bas.

- Je savais que tu serais ici, affirma l'homme asiatique avec un sourire réconfortant

- Pourquoi es-tu venu ? demanda Nylon en prenant sa veste en jean sur une chaise. 

- Je ne laisserais pas un ami seul dans la douleur, déclara Patrick avec conviction.

Nylon ricanait à voix basse et quitta le bar. Patrick le poursuivit, appareil photo en main.

- Tu sais, je te trouve photogénique. Regarde.

Le jeune homme tendit l'appareil photo. Nylon découvrit les photos de lui pianotant les yeux fermés. La qualité le cloua, un rire sincère s'échappa de sa cage thoracique. Patrick expira fortement du nez.

- Tu peux sourire un peu, conseilla son ami.

La phrase résonnait dans l'esprit de Nylon, contrée par l'accident de la veille et l'annonce médicale du jour.
Le pianiste baissa la tête, la balançant de gauche à droite.

- Je ne peux pas. Je n'ai pas le droit, répondit-il la voix entravée en quittant son ami.

Patrick le poursuivit sur le port, attrapant son poignet et le tirant vers lui.

- Et pourquoi ?! cria-t-il. Nathalie ne pourra plus jamais jouer... Son rêve s'est envolé à cause de cet accident, alors que je suis intact. 

- J'aurais préféré perdre mes putains de jambes, je n'en ai pas besoin, s'indigna-t-il en pleurs.

- Arrête de t'en vouloir, ordonna Patrick avec une voix sincère et reposante.

L'homme à l'aspect macho frotta les cheveux de Nylon, l'enlaça amicalement.

- Je me sens monstrueux, fautif, coupable de tout cela, acclama-t-il en lâchant ses larmes.

-  Hé ! (Patrick saisit les bras du jeune homme) Cet accident, c'est la faute de personne, à part de ce putain de destin. Regarde-moi ! Nathalie ne t'en veut pas ; elle sait que ce n'est pas de ta faute. Arrête de t'accabler ! Tu es un ami en or pour nous tous !

- Je ne suis pas sûr que j'en suis un, répondit Nylon, la voix tremblante, une larme glissant sur sa joue.

- Tu en es un.

Il essuya la larme de son ami et lui sourit. Nylon sourit à son tour. Patrick proposa de rentrer, accompagnant le pianiste chez lui. Sur la route, il tenta de lui remonter le moral en montrant à nouveau les photos prises à son insu en début de soirée.

Clinton Bay Où les histoires vivent. Découvrez maintenant