T/p contre Hollaye #1

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Texte écrit pour le concours de Mon_Univers_bizarre, septembre 2023.

Mon souffle s'accélère, si j'arrive à trouver une route avant que je ne m'evanouisse alors je croirait en ma bonne étoile.

C'est à cela que je pense, tout en me frayant un passage à travers les broussailles épaisses. Une route passe par ici, je le sais. Elle ne doit plus être loin, maintenant.

Sur le coup, passer à travers les sous-bois m'avait semblé être une bonne idée. Ils ne me suivront pas ici, avais-je pensé. Mais ils m'avaient suivi.

Je presse ma main sur mon flanc gauche, transpercé par le poignard de Hollaye. Maudit poignard. Maudit Hollaye. La plaie saigne énormément, me ralentissant de plus en plus. Mon souffle est rauque, je ne peux plus avancer.

D'un coup, je m'effondre. Le monde tourne devant mes yeux. Ne reste pas là ! me hurle ma conscience. Mais je ne peux plus. Je ne peux plus avancer. Je n'ai plus qu'un souhait maintenant : qu'ils me rattrapent et me tue. La mort est préférable à cette douleur. Mais la voix perfide de ma conscience me rabroue : s'ils te trouvent, ils ne te tueront pas. Ils te feront souffrir encore plus. Je ne veux pas l'admettre, mais elle a raison.

Je me hisse difficilement sur mes pieds. Je vacille, éperdu de douleur. Lentement, je passe un pied devant l'autre. Mais la douleur se fait alors si forte que ma vision se brouille et que je retombe sur le sol.

Je sens l'humus odorant du sous-bois contre ma joue. J'ouvre les yeux. Où suis-je ? dis-je, étonné. Puis tout me revient : la traque, le poignard d'Hollaye, la douleur. Je me suis évanoui. Maintenant, l'obscurité de la nuit recouvre la forêt. Ils ne m'ont pas trouvé !

Mais alors que je me croyais sauvé, la voix excitée d'un homme retentit à quelqu'un mètres de moi :

– Regardez ! Du sang ! Il ne dois pas être loin !

Mon cœur fait un bon dans ma poitrine. Ils sont là, à deux où trois mètres. Je n'ose plus respirer, plus bouger. Cache-toi ! me souffle ma conscience. J'obéis docilement. À une dizaine de pas, un buisson de ronces dissimule un creux dans le sol. Je rampe vers cette cachette inespérée, priant pour que l'homme n'entende pas mon cœur affolé.

J'y suis presque.

J'y suis.

Doucement, je me glisse sous le buisson. Les ronces me déchirent le dos, je sens le sang couler sur mon bras. Mais je serre les dents : quoi qu'il se passe, ne pas crier, ne pas gémir.

Soudain, le silence se fait dans le sous-bois. On entend plus un bruit. Même les oiseaux se sont tus.

Puis soudain :

– Retrouvez-le ! Mort ou vif, peut importe ! Il est là, à quelques pas de vous ! Alors trouvez le ou bien vous sentirez mon courroux !

La voix de Hollaye a claqué comme un coup de fouet. Ses hommes s'organisent, ils seront bien plus à même de me trouver.

Je tremble de tout mon corps blessé. Je souffre, je souffre même tant que je me met à délirer.

Je vois des souris qui tournent autour de moi en chantant une comptine. Bientôt, elles se mettent à grossir. Si bien qu'en quelques secondes elles sont devenues aussi grande que moi. Alors, elles se fondent les une dans les autres et prennent l'apparence d'un homme gigantesque, tout habillé de noir.

C'est au moment où la lumière de sa torche éclaire le sol que je me rends compte que je ne rêve plus. Mon cœur se serre des larmes me piquent les yeux. L'homme se penche sur une tache de sang. Je peux entendre sa respiration rauque de là où je suis. Mais il peut entendre la mienne. S'il tourne la tête, il me verra.

Je prie ma bonne étoile. Il tourne la tête.

Une balafre parcourt son visage du sourcil jusqu'à l'oreille. D'après le sang et le pus qui en suintent, elle est récente. Son unique œil est fixé sur moi. Sur ma main serrant mon flanc blessé.

Il ouvre la bouche et crie :

– Je l'ai ! Chef, je l'ai ! Il est ici !

Le pas lourd de Hollaye parvient à mes oreilles. Je vois ses bottes s'arrêter devant le buisson d'épineux. Mon cœur s'arrête. Hollaye se baisse et agrippe le devant de ma chemise. Il plante ses petits yeux de rat dans les mien et sourit.

– Tu croyais t'en sortir, hein. Tu croyais pouvoir m'échapper. Mais tu ne m'échappera jamais !

Son ton doucereux cède à la colère et il me tire violemment vers lui. Son haleine putride me prend à la gorge.

– Je vais te tuer, gamin ! crache-t-il. Je vais te tuer, mais d'abord, je vais prendre mon temps...

Il sort un poignard de sa ceinture. Non, pas un poignard. LE poignard, le poignard encore taché de sang, de MON sang.

Et il me le plonge dans l'aine.

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