Cruauté

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– Sois pas triste, maman, tu verras quand je vais retourner au collège je leur dirai que c'était pas bien et ils recommenceront pas !

Elle sourit tendrement à son fils, à travers ses larmes, incapable de répondre. C'était bien beau de croire en ses rêves...

– Tu veux pas me croire, mais tu verras. Maintenant arrête de pleurer, ordonna l'enfant.

Elle ravala ses larmes, pour lui. Larmes qui coulaient sans cesse, pour lui. Il était au collège, il était différent. Un peu trop comme-ci, pas assez comme ça.

Ils s'en étaient pris à lui.

Ils l'avaient frappé, blessé.

Ils l'avaient insulté.

Ils l'avaient mutilé.

Elle ne leur pardonnerai jamais.

Elle repoussa d'une caresse les cheveux qui retombaient sur le front de son fils, collés par la sueur. Que cette chambre d'hôpital était petite ! Mais au moins, ils étaient seuls. Elle et lui, une perfusion dans la main, un sourire d'enfant sur les lèvres pour tenter de cacher sa douleur. Le médecin était catégorique, il s'en sortirait.

Mais la vision qu'il offrait là, si petit dans ce lit métallique aux draps blancs, dans ce pyjama fade qui lui allait si mal, avec ce teint pâle et ces yeux embrumés par la souffrance.

Il leva une main tremblante, attrapa celle de sa mère.

– Ça va aller, maman. Je suis plus fort que tu ne le crois.

Elle hocha doucement la tête, le regarda avec amour.

C'était beau de croire en ses rêves...

Mais elle savait ce qui allait se passer. La roue était impitoyable. On ne pouvait changer le cours du temps.

Il allait arriver, confiant.

Il irait les voir, confiant.

Il leur parlerait, confiant.

Ils le détruiraient.

Comme chaque fois. Parce qu'il était différent.

Oui, il était différent. Il était attardé – oh, comme elle détestait ce mot – et ils s'en prenaient à lui pour ça. Les gosses étaient terribles. Parfois ils changeaient en grandissant, parfois non.

Le monde était cruel.

– Maman ?

– Je... Oui ?

– Tu as entendu ce que je viens de te dire ?

– Non, je suis désolée... Je pensais à autre chose.

Regard désapprobateur.

Regard triste, chargé d'amour.

Il lève les yeux au ciel, elle sourit. Il pardonnait toujours. Elle ne savait pas encore si ça le sauverait, ou au contraire, signerait sa perte.

Il pardonnait toujours, il avait une confiance totale en la bonté de l'humanité. De bien belles qualités. Des prises solides pour ses adversaires. Il avait une joie de vivre inébranlable. Elle le tuerait.

Ils le tueraient, tous, car la nature humaine aimait détruire, aimait s'en prendre aux plus faibles. Ils le tueraient car il n'était pas comme eux.

Le monde était cruel, et il le serait encore jusqu'à la fin.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 03 ⏰

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