Amir et Hassena

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Amir et Hassena, ils ont quitté la Syrie il y'a 16 ans pour arriver en France
ils étaient quinze dans un bateau gonflable orange, un bateau miracle, comme ils aiment l'appeler

un jour, j'ai entendu Amir dire à Assa, que leur bébé était mort dans les eaux de Lesbos
Hassena a cru qu'ils allaient y rester, elle a eu peur, mais elle voulait pas que son bébé souffre, alors elle l'a pris dans ses bras et l'a serré très fort
il est mort vite, elle a dit en pleurant que c'était le froid mais Amir savait
il savait que c'était la peur.
En France, Hassena a essayé de se tuer, maintenant elle vit sur un fil, elle hallucine parfois, je l'ai déjà vu bercer un bébé imaginaire pendant qu'Amir servait le café au bar.
nizar avait treize mois, il sentait l'innocence, avait les joues roses et était très calme.
Amir s'est effondré dans les bras d'Assa, ils se sont assis à une table, et ont récité du coran tout le reste de la soirée pendant qu'en haut, Hassena détruisait l'immeuble en s'apercevant qu'elle berçait le fantôme de son fils.

Quelques jours après, on est allé au café avec Momo et Assa, on a pris des glaces. pirulo et des verres de danao à la pêche, Assa a remonté ses manches et quand Amir est venu nous servir il a regardé le bras d'Assa
"في الصيف
أمتد على الشاطئ
وأفكر فيك"

il lui a embrassé le bras, longtemps, Assa avait les yeux brillants, Amir aussi, j'ai pas tout compris parce que je parle pas l'arabe, mais c'est Momo qui m'a dit ce que Assa s'était fait tatouer

"en été,
je m'étire sur la plage et
je pense à toi"
-Nizar Qabbani

Amir et Hassena ont beaucoup pleuré la mort d'Assa,
le café est resté fermé pendant six jours, et quand il a réouvert
sur les murs, nizar et assa étaient partout, des photos, des dessins, des livres, un petit pyjama rouge et toujours cette même musique

"on dirait le Sud
le temps dure longtemps
et la vie sûrement
plus d'un million d'années
et toujours en été"

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