Quelqu'un vint s'accouder sur le bastingage près de moi. Une vieille femme, longs cheveux blancs légers, peau blanche ridée, dans une tunique et un pantalon trop grands pour elle. Elle me fixa dans les yeux un long moment avant que je ne percute.
- Vous êtes la petite !
Son rire fut rafraichissant.
- Oui. Je suis Eylisha, professeur du cercle d'Amshaar. J'ai été enlevée il y a 8 ans par Orloos. Il a tenté un sort pour me faire remonter le temps. Il espérait que j'oublierais ce que je savais et voulait me vendre au premier qui passerait. Cela n'a pas marché comme il le souhaitait. Mon corps a rajeuni, mais mon esprit est resté intact.
- S'il ne vous a pas tué, c'est qu'il espérait quelque chose encore de vous.
- Exact. J'exerce peu mes pouvoirs. Ils sont dangereux. Mais ils pouvaient encore lui être utiles.
- Qu'allez-vous faire maintenant ? Rentrer au Cercle ?
- En premier oui. Rassurer mes collègues, faire mon rapport, revoir quelques amis. Mais je compte bien repartir le plus tôt possible. Je suis restée enfermée entre ces quatre murs pendant 8 ans, Capitaine, j'ai besoin d'espace !
C'était à mon tour de rire. Bien entendu. Même le plus sain d'esprit serait devenu fou entre ces quatre murs. Luchanan arriva juste derrière moi. Eylisha se retourna. La braise en mon sein se ralluma, comme un phare dans la nuit. Je sentis mes muscles se contracter contre ma volonté, et pour essayer de contrer la pression, je me retournais aussi et collais mon dos contre le bois.
- Capitaine, Madame... Ma maigre bibliothèque est à votre disposition. Ma cabine vous sera ouverte en journée, sauf durant les conseils, et le mousse Kami vous portera les ouvrages qui vous plairont dans votre cabine.
- Je vous remercie. A plus d'un titre, Capitaine Luchanan.
Il s'inclina devant elle. Je me sentis me tortiller. J'étais prête à lui grimper dessus. A la lumière du jour, il était tout simplement mon genre. Sans compter l'avant-goût de la veille. Je préférais fuir avant que mon corps ne me réponde plus. Je marmonnais une vague excuse et me jetais à l'eau. Il fallait que je m'éloigne de toute tentation masculine et la seule solution que j'avais trouvé était de retourner à terre à la nage. L'eau froide me fit un bien fou. Avant de m'éloigner du vaisseau, j'eus le temps d'entendre le rire d'Eyluc se répercuter sur les vagues. Ce rire me porta sur la première partie du trajet, et ensuite je dus me concentrer tellement fort que je repris suffisamment contenance pour éteindre les braises couvant. Mais bordel, il m'avait fallu deux heures de nage intense pour m'en débarrasser. J'abordais sur une partie de plage éloignée. Ce n'était pas la peine de me donner en spectacle plus que ça. J'attendis un moment d'être sèche avant de me mêler aux allers-retours entre la plage et le bastion. En remontant, je croisais un groupe de bleus escortant manifestement des blessés. Je reconnus Shatam, un membre du Vent Noir ! Puis Carmen et Sheitan ! Au total dix-huit de mes marins avaient survécut. Dans un piteux état pour certains. Je les aidais à descendre, et à les installer dans les barques qui les amèneraient sur les vaisseaux royaux.
- Ne nous abandonnez pas Capitaine !
- Vous êtes sous la protection du Capitaine Luchanan, s'il vous arrive quoique ce soit, je lui arracherais les couilles avec les dents !
Je leur fis un clin d'oeil. Ils me connaissaient assez pour savoir que c'était vrai. Les bleus firent la grimace, certains détournèrent les yeux. Je savais pertinemment à ce moment-là que Luchanan se trouvait derrière moi, à portée de voix. Je l'avais senti, comme je ressentais la présence de chaque homme dans un sacré périmètre. Sur le Vent Noir, je pouvais déjà déterminer à chaque instant où était chacun de mes hommes. Mais aujourd'hui, avec la pression de mana - la pression de luxure, autant appeler un chat un chat - cette capacité prenait un tour différent, nettement moins attrayant. Et Luchanan faisait figure de feu de joie au milieu de mon 6eme sens. Orloos fut attaché à un poteau au milieu de la plage, sous la garde d'une douzaine d'homme. Au milieu de tous, pour éviter le moindre accident. Je me dirigeais à nouveau vers le fort. A quoi ressemblait la forteresse d'un homme qui avait tenu en respect la flotte Royale depuis deux décennies ?

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La fin d'Orloos.
FantasyLe Capitaine Orloos est recherché à travers les sept mers et même au delà. Après une longue chasse à travers les Océans, le Capitaine Oshara a trouvé son repaire. Malheureusement Orloos lui est tombé dessus avant qu'elle ne puisse avertir la marine...