PDV: ?
On dit que la dépression est éphémère, pourtant, cela faisait maintenant trois ans que cette putain de maladie me poursuivait. Ce vide en moi, qui ne voulait pas partir, cette fatigue constante toujours présente quoi que je fasse.
J'avais beau dormir des heures, cette fatigue là ne partira jamais.
J'avais encore la gueule de bois provenant de la veille, la seule chose que je n'avais pas oublié, c'était son visage.
J'avoue que la regarder perdre tout son sang froid était plus que réjouissant.
Elle avait, pendant plusieurs minutes, essayé de « réparer son ordinateur ». Elle s'était plus énervée qu'autre chose à vrai dire. Pendant ces minutes, son vocabulaire était limite de « merde » et de « putain ».
Elle avait fini par abandonner bien rapidement, s'endormant devant son ordinateur.
Elle était belle quand elle dormait, son visage était plus détendu. Elle n'avait plus cet air contrarié qu'elle essayait de cacher avec un faux sourire. Ou encore ce regard perdu dans le vide comme si tous les problèmes du monde lui étaient tombés dessus.
Je regardais par la fenêtre, afin de l'apercevoir d'un autre point de vue que depuis la caméra de son ordinateur.
Quand j'ai vu qu'une maison juste en face de chez elle était abandonnée, je n'ai pas réfléchi à deux fois. Après tout, c'était plus simple pour la garder à l'œil.
Je fus interrompu par mon téléphone qui vibra, affichant un nouveau message d'un membre du groupe, qui m'informa de notre prochaine mission.
Je ne pris pas la peine de répondre, il avait l'habitude que je ne lui réponde jamais de toute façon.
La mission est demain matin à 3h. Ce qui veut dire que j'ai encore toute la journée devant moi.
Habituellement, j'aurais passé ma journée à dormir, regarder la télé ou encore faire du sport. Mais cette journée allait être différente, Elya allait faire sa rentrée. Bien que faire sa rentrée en ce mois de novembre, deux mois après tout le monde, paraissait difficile, j'ai cru comprendre qu'elle avait encaissé bien pire. Un nouveau départ pour une nouvelle vie, pas vrai ?
Je me faufilai en dehors de cette maison, et descendis dans la rue, elle était là. Je mentirais si je disais que je n'avais pas fait en sorte d'avoir accès à son emploi du temps pour avoir connaissance de ses horaires. Les gens n'ont aucune idée d'à quel point en quelques clics, il est facile d'atteindre leur vie privée et d'avoir toutes les informations possibles, ou du moins presque toutes.
Ses ondulations blondes contrastaient élégamment avec le bleu profond de son uniforme. Sa cravate. quant à elle, d'une nuance verte sapin, rappelait fièrement la couleur de l'emblème de son lycée. Complétant son apparence, sa jupe courte, aux carreaux verts et bleu marine, s'harmonisait parfaitement avec le reste de sa tenue. Un collant noir, sûrement choisi pour tenter de lutter contre le froid, peinait à remplir son rôle, trahit par ses lèvres grelottantes qui montraient son efficacité. Pour peaufiner le tout, des talons aiguilles noirs au bout pointu, émettait un bruit distinct à chaque fois qu'elle posait un de ses talons au sol.
Elle balayait du regard les feuilles automnales d'un air détaché. Indubitablement, elle n'avait aucune envie de reprendre les cours et appréhendait sa rentrée dans ce nouvel établissement aux côtés de petites gamines riches qui se pensaient supérieures à tout le monde, qui n'étaient préoccupées que par leur prochain sac à main ou encore aux prochains bijoux coûteux qu'elles allaient acheter aujourd'hui. Plus superficielles les unes que les autres. Elle ne devait pas être si différente d'elles après tout.
VOUS LISEZ
𝐇𝐀𝐂𝐊𝐄𝐃 𝐋𝐎𝐕𝐄
DragosteElle n'était plus qu'une âme vide, que le désespoir, les mots, et les gestes avaient anéanti. Elle voulait aller de l'avant et oublier son passé. En allant chez son frère, à New York, loin d'eux, c'est ce qu'elle comptait faire. Mais quand il était...