chapitre 2

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Au téléphone avec les parents en Algérie, pas question d'annoncer la mauvaise nouvelle trop tôt. Quand la famille demande de l'autre côté de la Méditerranée, « Alors, vous venez quand ? », le chef de famille adopte d'abord une attitude digne d'un homme politique en campagne qui promet de baisser les impôts : « Incha' Allah on viendra au mois de juillet. » Lors du deuxième appel, le patriarche commence à évoquer l'idée d'une possibilité probable de... report au mois d'août, pour des vacances plus courtes. Enfin, l'échéance s'approchant, il vient un moment où il faut avouer : cette année, on ne viendra pas. D'autre part, s'ajoute la saveur particulière de cette année, qui voit arriver le mois de Ramadan dès l'été, le 20 août prochain.Si l'exercice paraît simple, dans les faits, il n'est pas très aisé d'expliquer à la famille au bled pourquoi cette année, on fait une entorse au règlement. D'abord parce que le retour en terre natale est un pèlerinage en soit, que tout « bon croyant » se doit d'accomplir une fois l'an. Mais plus sérieusement parce que, par pudeur, on ne peut pas se permettre, en tant qu'immigrés de France, cinquième puissance mondiale, d'invoquer des problèmes d'argent qui ne permettent pas de payer le déplacement cette année. Car la France aux yeux des Algériens d'Algérie qui n'y ont jamais mis les pieds, c'est Hollywood Boulevard. Un mythe en somme. Pas question donc de parler de ses frêles finances

Cette Année On Va Pas Au BledOù les histoires vivent. Découvrez maintenant