Not loving yourself

Chapitre 5

Deux jours passent et je crois que je vais bientôt sauter d'un pont. En cours, ma nuque me brûle. Je suis fusillée du regard par des dizaines de filles. Je les nie complètement jusqu'à ce qu'une d'entre elles vienne me trouver dans les toilettes de la fac. Elle se lave les mains à coté de moi et se tourne à moitié.

- Je peux te poser une question ?

- Oui ?

Je me sèche à l'aide du papier à coté de mon visage. La fille, qui a de longs cheveux noirs de jais, se tourne complètement vers moi.

- Tu sors avec Gabriel ? Mes amies m'envoient te demander.

- Toujours non. Je ne suis absolument pas attirée par lui. Quelle horreur.

Elle fronce des sourcils.

- Peut-être bien mais lui est attiré par toi.

- Je ne suis pas son genre.

Elle ne me croit pas. Une petite pointe d'agacement refait surface.

- Moi je crois que si. Il suffit de voir comment il te regarde. Il n'y a que les aveugles qui ne s'en aperçoivent pas. Et puis, ton ancien copain, Gabriel a tout fait pour que tu ne sortes jamais avec lui. Ca en dit long.

Mon incompréhension la force à s'arrêter. Elle croise les bras et entreprend de m'expliquer :

- Il savait que c'était un connard. Apparemment, Alex a dit à une soirée que tu serais un trophée de plus. C'était un pari avec ses amis. Mais ça a duré quand même deux ans et demi. Un peu trop longtemps aux gouts de ses amis alors il a du couper court. Surtout que Gabriel l'a menacé de tout te dire concernant ses tromperies, m'explique-t-elle sincèrement.

J'en ai jamais entendu parler mais je la crois immédiatement parce que ça me parait tout a fait vraisemblable. Ça me fait même penser à la saga de livres After. Mais je n'ai jamais voulu ressembler à cette pauvre Tessa.

- C'est dingue, soufflé-je, complètement sous le choc.

- Je sais que tu t'engueules toujours avec Gabriel Evans mais ne dit-on pas qu'entre la haine et l'amour, il n'y a qu'un pas ?

Je tourne nerveusement ma bague autour de mon doigt.

- Je ne m'entends pas avec lui depuis la première fois que je l'ai vu. Je pense que si on était attirés l'un par l'autre, on aurait vite abandonné nos chamailleries. Mais ce n'est pas le cas. Je ne pourrais jamais sortir avec lui !

Elle hoche la tête.

- Je n'insiste pas plus alors. Bonne journée !

- Bonne journée à toi aussi, marmonné-je alors qu'elle sort des toilettes.

Je m'appuie contre le lavabo et pousse un long soupir. Il se passe trop de choses dernièrement. Je vais devenir dingue. Je n'ai d'ailleurs jamais autant parlé avec Gabriel Evans et ça, ce n'est clairement pas bon. Voilà pourquoi les filles pètent un câble. 

A partir de maintenant, il faut que je l'évite un maximum. Et fini les bêtises ! Les coups bas, les asticots, les pneus (promis, je ne l'ai fait qu'une fois), les punaises, le poisson pourri et ainsi de suite.

Je souris en prenant cette nouvelle résolution. Certes, on est au mois de novembre mais qu'importe. Je suis déterminée.

♦

Avec Zara, on sort à une petite soirée dans une maison d'étudiants. Quand on arrive, c'est déjà bondé. Elle m'a convaincu de ressortir et que cette fois-ci, on resterait entre filles. Ce qui est une très bonne idée. On se faufile jusqu'à la petite table ou il y a un fût de bière. Un mec y est déjà, une pile de gobelets rouges à la main. Il nous jette un rapide coup d'oeil.