Le Chercheur d'Ame m'avait regardé entrer avec un sourire bienveillant. Combien d'enfants à l'air timide avait-il du voir rabattre les pans de tissus faisant office de porte et se tenir au moment le plus décisif de leur vie ? Des centaines, sûrement. Peut-être des milliers. On disait que des Chercheurs qu'ils ne portaient de fleurs, ni sur leur peau, sir dans leurs poumons et que donc, se trouvaient au-delà de la vie et de la mort. J'avais jeté quelques coups d'oeil curieux à son visage et à ses bras, premier lieux où les fleurs disparaissaient, en comprenant les jambes mais bien plus faciles à voir que ces dernières. La vue de son faciès peint en bleu, clair des joues au menton où se trouvait un demi-soleil et ses rayons détachés de lui oranges, foncé pour le reste d'où étaient éparpillées des étoiles blanches et le sourire d'une lune au front, ainsi que de ses épaules et mains drapés hauts en couleur m'avait convaincu de l'immortalité de ces devins.
Malgré l'aura de mystère que possédait cet endroit, les Maisons des Chercheurs n'étaient en aucun cas des secrets. Situées dans chaque village, plusieurs dans une même rue pour les villes, elles criaient à tout passant leur nature par leur absence de devanture, de porte, de fenêtres et de murs face à la vue, tous remplacés par divers couches de tissus colorés et de bibelots en verre et fer suspendus. Pas besoin d'enseignes, leur allure seule nous informait de la nature des services qu'elles offraient.
Mes parents m'encourageaient à avancer. Des fauteuils à oreilles pastels entouraient la table en bois foncée ronde et, de part et d'autre, le Chercheur. Ma mère m'aida à monter à de ces imposants sièges et le devin m'offrit un coussin rembourré afin de rehausser ma petite taille.
- Je ne vais pas vous demander ce que vous venez chercher ici.
Dans sa voix dansaient des millions de sourires. Mes parents rirent. Je me sentais en confiance à l'égard de cette sympathie facile.
Les traits du devin, sous les tons de bleu, planaient entre féminins et masculins. Au milieu des astres de lactés, deux yeux bruns aussi doux que le chocolat que ma tante me rapportait de ses expéditions maritimes interceptèrent mon regard.
- Prête, ma chérie ?
J'hocha furieusement de la tête. Mon coeur s'était déjà préparé au marathon que serait la découverte et la recherche, battant aussi vite que celui d'un lièvre. Entre ces murs étonnamment dépourvus d'armoires débordant d'objets, le Chercheur distribua les cartes.
- Nous allons commencer par le passé, dit-iel, un sourire complice sur les lèvres. Je souris de bonheur à mes parents, l'oeil pétillant d'excitation. Ils m'imitèrent sincèrement.
Le devin retourna deux des cartes mises face contre a table.
- La faucheuse et les serpents entrelacés. La mort et la vie. Ton âme-soeur à dans son entourage une personne du monde médical.
- Les gémeaux sous la carte de la lune et du soleil. Elle a un frère ou une soeur, bien que je pencherai plus pour la soeur.
- La tribu et le serpent sortant d'un coeur couronné. Sa famille est au complet, heureuse et saine. Elle vit dans la joie.
- La montagne et l'île. Ton âme-soeur est né dans un lieu blanc bercé par la mer.
- Le soleil perçant le coeur, les fleurs sur la statue. Ta destinée est incroyablement gentille et généreuse. Je sens qu'il veut suivre les traces de son proche médecin.
- Passons au présent, le Chercheur se pencha dorénavant vers la deuxième colonne de cartes, Le feu et l'esprit. Elle est tenace, déterminée. Loyale. Elle aime profondément et ne laisserait jamais tomber ceux à qui elle a confié cet amour loyal.