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Un hurlement s'échappe de ma poitrine, un hurlement tellement horrible, qu'une personne passant par là, m'entendant, ressentirait toute les émotions que je ressens en ce moment même.
Mais personne ne passera par là, je suis seul devant une terre hâve et nue qui n'offre qu'une morne succession de baies solitaires et de caps décharnés.

Devant le corps mort de mon amie.

Je tombe au sol, ne pouvant plus tenir sur mes jambes tremblantes. Mes mains glissent dans mes cheveux instinctivement et s'accrochent à mes racines vertes comme les sapins, les tirant.
Je mord ma langue et le goût métallique du sang se répand dans ma bouche tel qu'une nuée d'insectes, me donnant cette envie irrésistible de vomir tout ce qu'il y a dans mon ventre.
C'est-à-dire mes glaires. Cela fait trois jours que je n'ai rien touché ou avalé et ça commence vraiment à se faire ressentir. Mon corps ne fait que de me le crier, mais je l'ignore ouvertement, je n'en tiens pas compte, de cette sensation fortement désagréable.

Mes larmes dégoulinent à force de regarder ce corps et mes joues deviennent complètement trempées, de pleurs salées ou de transpiration dû au soleil brûlant qui fait divaguer mon esprit. Tout de même, un frisson me parcourt quand je me rends compte que j'hurle sur Ochaco.

"Réveille toi merde ! Dit moi que c'est qu'une farce putain ! Tu fais chier !"

Ma voix stridente fait un écho dans la plaine vide, mais aucun son n'y répond sauf celui de ma respiration lourde et saccadé.
Je scrute profondément son visage pâle, ses yeux fermés qui peuvent tromper en faisant croire qu'elle dort et ses cheveux brun ruisselant de sang. Même si j'essaie de l'éviter, mon regard revient sans cesse vers sa blessure qui détruit son visage d'ange. Sa tête est ouverte, d'où s'y coule tout le liquide rougeâtre, visqueux, sentant le fer, se dispersant sur la terre vide, se mélangeant au mien, ne formant qu'un, reflétant au soleil.
Un.

Ochaco et moi, on formait qu'un. Les deux meilleurs amis. Dans la classe, tu ne voyais jamais l'un sans l'autre, on était inséparables.
Je me rappelle même du jour où elle était venue me voir, chez moi, après les cours. Décrétant que deux meilleurs amis devaient avoir des règles, des lois où en aucun cas ils ont le droit de les transgresser.
Fidélité.

Règle n°9 ; la fidélité absolue.
Je l'ai transgressé.
Je le sais. Car elle est là, devant moi. Morte.
Je l'ai tué.

Mais, je n'avais pas le choix, hein ? Elle n'était plus elle-même, touchée par un alter de contrôle du cerveau, elle aussi voulait me tuer.
C'était soit Ochaco, soit Izuku.

C'est Izuku qui a gagner, c'est moi qui l'a tué.
Je l'ai tué.
Comment ai-je pu faire ça ? Pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi elle ?
N'importe qui, n'importe qui, aurait pu se faire toucher par ce villain, ce villain qu'on cherche, qui sème la terreur déjà depuis plusieurs mois, qu'on a jamais retrouvé.
N'importe qui aurait pu se retrouver dans son chemin, se faire contrôler par lui et vouloir me tuer. N'importe qui.
Et c'est tombé sur Ochaco.
Enfin....c'était.

C'était, c'était, c'était !
Je dois parler au passé maintenant ! Le passé ! Car je l'ai tué ! Tué !
C'est juste, imaginable. Je ne me revois pas -heureusement- faire ça. Je ne peux pas comprendre comment mon corps à pu agir de cette façon contre elle.
Tout c'est passé trop vite ; elle m'a frappé si fort que je suis parti valser loin de là, je me suis avancé vers elle, j'ai utilisé 50% de mon One For All...et...sa tête. Une partie de sa tête s'est juste... arrachée. Elle s'est arrachée.
Et elle est morte.

Je regrette, je regrette tellement d'avoir laissé ça se passer, je regrette l'avoir accordé d'aller fouiller plus loin dans les environs, j'aurais dû être avec Ochaco. À deux, on aurait réussi à arrêter le villain.
Mais elle était seule.
Et elle est morte.

𝕾𝖎 𝖏'𝖆𝖛𝖆𝖎𝖘 𝖘𝖚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant