Chapitre 3

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    Ce fût un de ces week-end qui vous semble passer trop vite, et trop lentement à la fois. Vous voudriez qu'il dure pour toujours, mais vous avez besoin de reprendre autre chose dans le même instant. Je n'avais pas envie de retourner au lycée. Malgré que ce n'était pas un lieu que je méprisais, je ne me sentais pas dans l'état d'y aller. Ma tête était remplie de questions qui ne faisaient que s'affuter à chaque nouvelle nuit. Car, dès que je fermais les yeux et que mon esprit se mettait à vagabonder dans mes rêves, cette même voix revenait, encore et encore, de plus en plus forte, de plus en plus intense, et me rendant de plus en plus folle.

En deux semaines, tout ce que j'avais entendu une fois dans le monde des rêves était ce chant, ce chant entêtant qui ne me quittait plus. Et cette phrase, cette unique phrase qui en était venu à me faire douter de tout ce en quoi je croyais peu de temps auparavant. Mes parents, Esther et Steve Smith, ne m'avaient jamais caché que je n'étais pas leur fille de sang. Malgré tout, jamais au grand jamais ils ne m'avaient traité différemment de mes sœurs. Ma mère m'a racontée un jour comment ça c'était passé. Steve et elle m'avaient trouvé dans un parc alors que je pleurais toutes les lames de mon corps d'enfant. Ils avaient alors estimé que j'avais environ trois ans. C'était un des hiver les plus froids de ses dernières années. Apparemment, j'appelais avec détresse ma maman. Esther et Steve restèrent à mes côtés et appelèrent la police. Aucune disparition d'enfants cependant avait été lancé. Des affiches de moi furent placarder dans toute la ville pendant des semaines, à la recherche de ma mère. Elle ne se manifesta pas. Les Smith, alors déjà parents de deux filles, me prirent sous leur aile malgré tout. Ils prirent soin de moi comme si j'étais de la famille. Ma mère m'avait une fois confessé qu'ils avaient décidé de me garder non seulement à cause de ma petite tête triste, mais également à cause de mon prénom, seul chose que j'avais amené et gardé de ma vie passée, Rose. Depuis Marguerite, ils avaient décidé de nommé tous leurs enfants comme des fleurs ou des plantes. Ils avaient vu en moi une intervention divine, une coïncidence qui ne pouvait réellement en être une. Et jamais je n'ai voulu retrouvé ma génitrice. Mais, tout ma vie venait d'être remise en question par un unique rêve des plus absurde.

Trois semaines après le début de ma trance, je ne parvenais toujours pas à me la sortir de la tête. Lors d'un réveil un lundi matin, je me surpris même à me cogner la tête contre mon oreiller pour faire sortir la voix. Mais en vain. Certains spécialistes disent qu'il faut écrire ses rêves ou en parler pour ne plus les refaire. Ni une ni deux, je sautai sur une feuille et un stylo pour y coucher ce semblant de chanson qui le rendait folle depuis des semaines. Une fois ces phrases de l'enfer gravé à l'encre bleu sur un bout de papier blanc trouvé à la hâte sur mon bureau, je ne me sentais en rien mieux. Peut-être, surement, fallait-il le temps que la magie des mots fasse son effet. Je pris donc mon temps pour me préparer, étant réveillée bien en avance. Au petit déjeuner, je ne croisais que Capucine qui tentait d'échapper à la brosse à cheveux. Bien évidemment, le monstre coiffeur nommé maman la rattrapa. Une fois prête, j'attendis Marguerite afin qu'elle me conduise en cours. Cependant j'aurais pu attendre jusqu'à la nuit.

-Marguerite est déjà partie chérie, me dit ma mère en mettant le manteau à ma petite sœur. Elle avait un examen ce matin. Elle ne t'a pas prévenue ?

-Non, répondis-je en soupirant. Mais ça n'étonne personne. On n'est même pas sûr qu'elle ait vraiment un examen moi je te parie qu'elle est partie voir son petit ours à la guimauve.

-Rose ne dit pas ça de ta sœur. Elle fait de son mieux ce n'est pas facile pour elle d'être la grande.

-Oui bien sûr maman, bien sûr.

Je n'ajoutai rien et me rendit dans la voiture. J'aimais beaucoup ma sœur -évidemment c'est ma sœur- mais quelques fois elle m'irritait beaucoup trop pour que je garde mon calme. Et mes nuits écourtées n'arrangeaient rien. Maman installa Capucine puis s'assit au volant. On roula sur quelques mètres sans que personne ne dise mot. Au bout d'un moment, ma jeune sœur coupa le silence.

La porte magique, le monde de la musique (sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant