Les yeux toujours clos, je tendis la main vers l'endroit où se trouvait chaque fois la poupées avec laquelle je jouais. Je fronçai cependant les yeux quand mes doigts ne touchèrent absolument rien. Quelque chose n'était pas « comme d'habitude ». J'ouvris tout d'abord doucement les yeux avant qu'ils ne s'ouvrent grandement d'eux même.je n'étais en rien dans la salle où j'avais l'habitude de jouer avec l'autre petite fille. Je ne pouvais même pas dire que j'étais quelque part. Tout mon corps semblait flotté au-dessus d'un grand rien. C'était comme-ci toute la partie au château avait été coupé au montage final de ce rêve-ci. Cependant, pas de femme chantante en vue. Je me mis à nager dans ce vide, cherchant quelque chose à faire. Il devait bien y avoir quelque chose.
Je me stoppai cependant quand je sentis une attraction inconnue me tirer vers l'arrière. Je reculai si vite que je ne vis même pas quand le vide laissa place à un champ de bataille.
J'étais toujours maintenu au-dessus du sol. Mon corps ne touchait rien, rien de plus en tout cas que l'air environnant. Sous mes pieds, une bataille faisait rage. J'étais tellement obnubilée par ce spectacle qu'à aucun moment je ne me rendis compte de la gravité de la situation dans laquelle je me trouvais. Je m'attendais à retrouver la femme chantante, mais cela ne fut pas le cas. A la place, j'avis trouvé deux groupes de guerriers se battant pour quelque chose qui m'était inconnu. Quand l'engouement de la nouveauté m'avait enfin quitté, je m'attardai sur les détails de la scène. Rapidement, je vis ce qui distinguait les deux groupes : leur méthode de combat. Certains possédaient des armes, ma foi, très élaboré. Les autres n'en avaient pas, mais ne se battaient pas pour autant à main nue, non. Ils utilisaient la magie.
Je n'étais peut être pas si écarté de mon rêve initial après tout.
Les bruits de la bataille faisant rage me montèrent soudainement aux oreilles, comme si mes tympans venaient de se déboucher. Les armes s'entrechoquant avec la magie donnaient lieu à un hypnotisant balai lumineux. Alors que je me plaisais presque à regarder ce spectacle absurde, un autre son vint le transformer en le cauchemar qu'il était originellement censé être. Ce n'est ni en cri, ni des pleurs qui me firent cet effet, mais bien cette voix, ces phrases. Je regardai autour de moi, mais personne. Non personne. Juste la voix. Juste le son. S'entrechoquant avec les lames et les boucliers puissants. J'avais beau chercher. Rien. Toujours. Rien. Chaque son semblait s'accentuer, augmenter d'une décibel par seconde de pur terreur. Je me surpris même à plaquer mes mains sur mes oreilles pour tenter inutilement d'en étouffer la violence. C'était comme si le son ne venait pas de l'extérieur, mais de mes tympans même.
Je hurlai. Je hurlai que cela se stoppe. Ma tête commençait à surchauffer, et je me sentais plus mal que jamais. Si j'avais eu accès à un mur, je me serais surement prise par le crane pour me la fracasser contre celui-ci. Mais rien n'y faisait, j'étais toujours suspendu au milieu de rien, au-dessus de ces inconnus qui perdaient petit à petit la vie. Je ne pouvais aider personne, et personne ne pouvait m'aider.
Je poussai mon dernier cri. Puis tout s'arrêta. Quand je dis tout, c'est tout. Je me retrouvai de nouveau dans le vide, cet espace blanc s'étendant à l'infini. Je retirai délicatement mes mains de mes oreilles meurtris. Passer d'une bruit du décollage d'un avion à celui d'une salle insonorisée dans une maison du troisième âge était une bien étrange sensation, et qui ne fit en rien cessé mon mal de tête. Mes tympans tambourinaient dans mes oreilles cherchant à en sortir. Je pris de grandes inspirations pour tenter de me calmer.
J'entendis alors toussoté derrière moi. Je me retournai vers elle, enfin, celle pour qui j'avais décidé de dormir. La femme se tenait là, face à moi, flottant elle aussi dans le vide. Elle se contenta, sans un mot.
-C'était quoi ça, m'exclamais-je alors, m'étonnant moi-même sans raison d'avoir encore de la voix, et de m'entendre toujours.
-Il le fallait, répondit-elle.
J'entendis sa voix pour la première fois. Elle ne m'avait jamais rien dit de plus que sa chanson des enfers. Elle avait une voix douce et posée, comme une grand-mère encore très en forme pour son âge, ce qui se mariait très bien avec ses cheveux grisonnants et ses débuts de rides au bord des yeux. Non seulement je l'entendais pour la première fois, mais je la voyais pour la première fois. Ces yeux bruns me regardaient avec une douce dureté. Elle attendait quelque chose de moi.
-Tu dois le faire, reprit-elle alors. Tu dois écouter, lire entre les lignes, et le faire.
-Mais faire quoi ? Et puis vous êtes qui au juste ? pourquoi vous venez me hanter depuis des semaines ? Vous avez fait pareil avec mes sœurs ? C'est vous n'est-ce pas qui avait fait qu'elles ont rêvé de moi cette nuit ? Répondez-moi à la fin !
Mais elle ne répondit rien. Elle se contenta de me regarder, reculant légèrement, comme volant dans cet air vide. Je tentai de la suivre, mais sans grand succès. Je me contentai de faire du sur place. La musique revint, de plus en plus forte, jusqu'à me faire perdre le fil de mes pensées. La femme disparut. La musique resta. Je replaçai i mes mains sur mes oreilles pour palier au bruit entêtant. Rien n'y faisait cependant. Tout ce qui parvint à me sauver fut mes yeux se rouvrant dans un sursaut de ma part dans le lit de ma chambre.
Des gouttes de sueurs perlaient sur ma tempe. Mes mains tremblaient et ma tête résonnait. Jamais encore un rêve ne m'avait mi dans cet état second. Et, plus j'y pesais, plus je ne pouvais que me questionner sur sa provenance. Je n'ai jamais vraiment cru au surnaturel. Éventuellement les fantômes, admettons. Mais tout le reste a toujours été pour moi de la simple fiction, créé il y a des années pour divertir les gens assez ouverts d'esprits pour en comprendre toute la portée. Mais, dans ma situation, comment penser autrement ? C'était tout bonnement impossible.
J'attrapai mon oreiller que je soulevai pour récupérer la feuille. Sur cette page blanche se trouvait la réponse, la réponse à la fin de mon cauchemar. Je la lis, dans ma tête. Pour la première fois depuis près d'un mois cependant, les mots d'encre noir me semblaient logique. Je les comprenais enfin.
-De ton aide nous avons besoin me surpris-je à chantonner à mi-voix à la lumière de ma lampe de chevet, pour y arriver il ne faut pas aller loin. Le monde de la musique t'ouvrira ses bras, tant que ton cœur te le permettra.
Ma voix avait été entendu. Ma chambre se trouva alors illuminée comme si un soleil de juillet venait d'entrer par chaque ouverture de la pièce. Au milieu de la pièce, une porte était apparue, grande, lumineuse, majestueuse. D'abord septique, je me levai avec prudence pour me rapprocher de celle-ci. Je ne pouvais qu'à peine ouvrir mes paupières. La splendeur que dégageait le bois sculpté m'empêchait d'y voir clair. Je passai ma main sur celle-ci. Des notes de musiques en tout genre y était gravé. La poignée, aussi brillante que de l'or, semblait me crier de la prendre pour l'ouvrir. Je posai avec précaution ma main sur la note d'or qui semblait chanté. J'entrouvris alors légèrement la porte. Il n'y avait rien de l'autre côté, rien que de la lumière. Une question existentielle me traversa alors l'esprit : étais-je morte ? pas d'autres options, j'étais morte dans mon sommeil et ceci était la porte vers l'au-delà. Je passai ma main dans l'espace vide derrière la porte. Celle-ci disparait instantanément dans la lumière. Cependant, ce ne fut pas tout. Comme aspirer, ma main, puis mon bras, entrèrent. Très vite, c'est tout mon corps qui se retrouva embarquer.
Je n'ai jamais cru au surnaturel. J'ai toujours pensé que ce n'était que des récits pour les personnes suffisamment ouvertes d'esprits pour les comprendre. Cependant, lorsque mes yeux se sontouverts, ma conception du monde avait basculer. Et non seulement je croyais ausurnaturel, mais également à des tas d'autres choses. Car jamais dans ce moment quelqu'un ne serait assez fou, assez fort, pour s'inventer cela.
VOUS LISEZ
La porte magique, le monde de la musique (sous contrat d'édition)
FantasíaArraché à son monde natale alors qu'elle n'avait que trois ans, Rose se retrouve dans l'obligation d'apprendre à vivre dans ce monde cruel qu'est celui de la Terre. Mais, treize ans plus tard, quand la menace qui pèse sur les mondes devient trop gra...