BORN TO DIE

1.

Haïla Myers

lundi 28 août 2023.

Je cours,

Je cours, sans m'arrêter.

Je cours, en essayant de le fuir, lui, ma plus grande peur.

- Haïla, ma jolie, pourquoi continues-tu à courir? Tu le sais très bien, peu importe où tu te caches, je te trouverais. Je te trouverais toujours.

Il murmure ses paroles à mon oreille, me donnant des frissons d'horreur.

Ses mains se mirent à serrer mon cou, tellement fort que j'avais l'impression que ma tête était en train de se détacher de mon corps.

- Souviens-toi qu'un jour, tu seras à moi pour l'éternité et je tiens toujours mes promesses.

Son sourire est terrifiant, et je crois que c'est ce qui me fait le plus peur chez lui. Son sourire derrière lequel je devine tout ce qu'il veut me faire subir.

Mon souffle me quitte, et mon espoir suit le même chemin. Je n'y arriverai jamais.

Pourquoi tu m'as fait ça maman? Pourquoi tu m'as abandonné?

Tu aurais dû me prendre avec toi, mais tu as préféré détruire ma vie une dernière fois avant de me quitter.

-

Mon cœur menace de sortir, tellement il bat fort. Encore et toujours la même chose, un cauchemar qui ne cesse d'envahir mon sommeil.

Mes cauchemars ne sont pas réguliers, mais généralement, j'y ai le droit plusieurs fois par mois. Ces dernières années, ils s'estompent de plus en plus, peut-être à cause de mes souvenirs qui deviennent flous avec le temps. Ils reviennent surtout quand je suis stressée ou énervée, et je n'ai aucun contrôle. Si seulement je pouvais tout oublier, la vie serait tellement simple.

5h46.

Autant que je me lève, je n'arriverais pas à me rendormir de toute façon.

Je me dirige vers la salle de bain, et frotte mon visage à l'eau froide. Rien de mieux pour me réveiller. Mon regard s'attarde quelques secondes sur mon visage, à travers le miroir.

Je déteste, je déteste mon visage. Peut-être parce que mes yeux sont tout ce qui retient l'attention. Des yeux d'un bleu nuit, un bleu qui vire sur le noir. Des yeux qui montrent les ténèbres. Des yeux qui ressemblent beaucoup trop aux siens. Qui aurait cru que le seul trait de caractère que j'hérite de lui, ce sont ses putains de yeux.

Je longe mon nouvel appartement, où les cartons y sont encore empilés. Comme à chaque début d'année scolaire, quand je change de ville.

L'avantage de ne rester qu'un an dans la même ville, c'est que je n'ai aucune attache, que ce soit avec la ville ou avec les personnes s'y trouvant. Cette année va être exactement comme les autres, une année sans saveur. Mais une année qui me rapproche encore un peu plus de mon objectif.

Je fuis depuis six ans maintenant, et je continuerais de le faire jusqu'à ce que ma mort arrive.

Six ans, ça peut être court pour certains, mais pour moi, c'est une éternité. Vivre dans la peur et dans l'insécurité de ce monde. Vivre dans ce monde alors que je n'en suis plus la bienvenue, six ans est extrêmement long.

Mais tout sera bientôt fini, quand j'aurais rendu tous les coups que la vie m'a donnés. Alors, et seulement là, je pourrais partir sereinement comme j'en ai toujours rêvé. J'irais retrouver ma mère, qui m'a lâchement abandonné. Après tout, elle a fait la lâche sa vie entière et c'est sûrement pas pour moi qu'elle aurait changé.