3. Lueur

70 11 65
                                    

TW : Crise d'angoisse.

-----------------------------------------------------------

— Azura ?

Ma voix résonna dans le silence des lieux et mon écho me revint de loin. J'étais visiblement bien seule. La scène s'était subitement métamorphosée. Adieu plaine ensoleillée, bonjour forêt nocturne angoissante de tous mes cauchemars. Les papillons bleus voletaient toujours à mes côtés. L'un d'entre eux se posa sur mon épaule et une onde de chaleur rassurante me parcourut des doigts de pieds à la pointe des cheveux. Je me devais de trouver la sortie de ce rêve chronique qui virait bien trop souvent au cauchemar.

Cette fois-ci, pas de voix d'enfants ni d'yeux jaunes m'épiant à travers les fourrés et la végétation omniprésente de ce lieu. Seul un bruit sourd de fond semblait vivre dans chaque centimètre carré alentour, sorte de grésillement silencieux mais tout de même dérangeant.

Une légère brise recouvrit mon épiderme de chair de poule et fit danser mes longues mèches rousses sur le rythme du doux bruissement des feuilles dont je ne pouvais deviner le contour en levant les yeux, du fait de la hauteur des arbres. On ne pouvait distinguer le ciel, celui-ci était couvert par une masse informe sombre qui se fondait à la perfection avec la noirceur des troncs. De toute façon, il était probablement dépourvu d'étoiles.

— Tiens donc... Te revoilà encore une fois. C'est gentil de venir me rendre visite aussi souvent, mais j'imagine que ce n'est pas volontaire, n'est-ce-pas ?

Je me retournai brusquement vers cette voix que je connaissais malheureusement trop bien, sur le qui-vive.

— Qu'est-ce-que vous me voulez ?

C'était lui. Cette chose qui me poursuivait inlassablement la nuit. J'en étais sûre, intimement convaincue. C'était lui.

— Moi ? Hmmm... C'est un secret. Le jeu serait bien moins drôle si je te révélais tout maintenant, tu ne penses pas ? susurra-t-il d'un ton rieur.

Sa silhouette baignait dans la clarté de la lune, à peine visible entre deux géants de feuilles et d'écorce de ces bois. De son visage à moitié dissimulé par l'obscurité, je distinguai ses lèvres dont les commissures s'étiraient pour former un sourire mi-joueur, mi-moqueur.

Ses cheveux semblaient être teintés d'une nuance sombre, comme du noir ou du brun foncé, mais la pénombre m'empêchait d'en être totalement sûre. Ce qui était par contre sûr, c'est qu'il était grand, en tout cas bien plus que moi, et qu'il dégageait une aura impressionnante de part l'angoisse et la curiosité qu'elle suscitait en moi.

Son sourire s'agrandit au point de devenir immense, comme s'il avait deviné mon trouble.

— Vous appelez ça un jeu ? M'empêcher de dormir est amusant, pour vous ? m'offusquai-je, outrée.

— C'est très divertissant, je t'assure, asséna-t-il, un rictus sur les lèvres.

"Saleté..."

— Tu sais que je t'ai entendu ?

"Et en plus il se moque... Je vais lui faire avaler son rictus, il rira moins..."

— Tu passes aux menaces maintenant ? constata l'inconnu en haussant un sourcil, le sourire toujours collé au visage. C'est que la tigresse va mordre si ça continue ! Si tu veux mon avis, tu ressembles plus à un pauvre petit chaton perdu...

"Détachez-moi ce faux sourire, c'est insupportable..." songeai-je en ignorant royalement ses comparaisons bancales.

Il soupira et une mèche de ses cheveux sombres glissa sur son visage immaculé dont je distinguais à présent plus nettement les contours.

Le Bal des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant