Le Bal des Ombres

4. Secrets bien gardés

Changement de point de vue ! Vous rappelez-vous de notre ami Patrick ? Non ? Dans ce cas-là, je vous conseille un petit saut au chapitre 1 !

PS : Ne vous inquiétez pas, on fait du moitié-moitié ^^

— Lily ♡

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Patrick Bell n'était pas un collégien comme les autres. Aujourd'hui encore, il n'était pas un lycéen ordinaire. Se caler sur l'archétype parfait du grand gamin immature qui séchait les cours pour passer ses journées sur Fortnite ? Ça, non.
Force était pourtant d'avouer que la différence entre ses camarades et lui n'était pas flagrante. Si le jeune homme se fondait ainsi volontairement dans la masse, c'était car il poursuivait un objectif bien précis. Et pour arriver à ses fins, il était primordial que son rôle soit absolument parfait. Comme tout ce qu'il entreprenait.

Mais, aujourd'hui, une brindille venait se glisser dans les rouages de son plan réfléchi au millimètre près, et celle-ci avait un nom : Felix. Ce satané félin avait le don on ne peut plus agaçant de fourrer son museau partout, dans le moindre recoin qui aurait pu lui échapper, ce que Patrick trouvait très désagréable. S'il n'était pas capable de rester tranquille deux minutes et de s'occuper de ses moustaches, le lycéen songeait à suggérer qu'on ramène cet insolent chaton à l'animalerie. Et fissa.

Il soupira.

Quelques timides notes s'échappèrent de ses écouteurs, le tirant hors de ses pensées. Le jeune homme avait failli oublier qu'il se trouvait dans une rue bondée du centre de la ville. Être pris au centre de la foule grouillante et de tout ce remue-ménage l'agaçait fortement. Pourtant, il était bien obligé de passer par là s'il voulait se rendre chez elle.

Son amie, Charlie. Il ne put s'empêcher de sourire en y pensant. Quelle ironie c'était pour lui... Celle qui était sa meilleure amie, dont il connaissait tout depuis l'enfance, ignorait bien des choses à son propos. Si seulement elle savait... Cependant, la jeune fille ne devait pas être au courant, il ne pouvait pas laisser faire cela. Il fallait qu'il la préserve de la vérité, cette dure vérité. Charlie était différente et lui aussi. Il n'était pas celui qu'elle croyait. Elle aurait pu continuer de vivre relativement paisiblement, ne se souriant que de ces futiles problèmes d'humaine... Mais on ne lui avait pas laissé le choix, un certain chat de pacotille lui avait forcé la main.

Il devait maintenant se rendre à l'évidence et accepter cette réalité qui lui fendait le cœur : impossible de continuer à jouer les agents doubles afin de la protéger de sa vraie nature. Maintenant que son petit manège avait été mis à jour par Felix - alias le bon petit chaton bien obéissant de l'Académie -, il se retrouvait obligé de tout lui révéler. Quitte à détruire les liens qu'il avait construits avec elle. Quitte à détruire leur amitié. Quitte à tout détruire.

Néanmoins, le jeune homme savait qu'il ne pouvait pas se plaindre. Il n'en avait ni le droit ni le temps, pourtant ce n'était pas l'envie qui lui en manquait. Désormais, son devoir était de réparer les erreurs causées par la désinvolture et l'entêtement de son camarade.

Il n'en revenait toujours pas. Dans quelques minutes, il avouerait à Charlie qui était vraiment son ami. Il lui raconterait comment leur rencontre avait été orchestrée dès le départ par les hautes sphères d'une communauté dont elle ignorait tout, comment il avait été chargé de la surveiller depuis l'enfance afin de s'assurer qu'elle ne soit pas l'Être que tous attendaient. Il lui raconterait la raison qui l'avait poussé à retourner sa veste et pourquoi il s'était tu en prenant conscience de son potentiel. Et tout exploserait, comme une bombe à retardement. On sait qu'elle va tout réduire en miette un jour, et pourtant on ne fait rien. Juste continuer sa vie, avec ses rires et ses pleurs, sans se soucier de celles qu'elle détruira peut-être, demain ou dans vingt ans. Un pour tous et tous pour un. L'idiot qui a inventé ça avait visiblement des paillettes à la place des globes oculaires. Dans la vie, c'est chacun pour soi.