Chapitre 22

21 1 0
                                    

POV Jasper

« Docteur comment va t'elle? Comment va le bébé?»

Je venais de sortir de la chambre d'hôpital avec le docteur. Elisabeth était sous respirateur parce qu'après s'être réveillée elle avait du mal à respirer et sous surveillance parce que son taux de cortisol était plus élevé que la normal à cause du stress. Elle avait urgemment besoin de se reposer mais heureusement qu'elle venait tout juste de s'endormir.

« Plus de peur que de mal monsieur Gilmer, ne vous inquiétez pas. Elle va bien et le bébé aussi, c'est ça le principal. Normalement une perte de sang et des contractions sont des symptômes d'une fausse couche mais dans ce cas particulier c'est juste un décollement du trophoblaste et ça ne met pas en péril le bon fonctionnement de la grossesse. Mais heureusement que vous avez pu agir rapidement, on ne sait jamais ce qu'il aurait pu se passer. Elisabeth devra se reposer à l'hôpital avant de partir. Je vais lui prescrire aussi des vitamines et du fer parce qu'elle est un peu anémique sans oublier qu'elle doit impérativement se reposer et éviter le plus possible les situations de stress. Je vais noter tout ça et je reviens vers vous. »

Je ne m'étais même pas rendu compte que j'avais retenu ma respiration. Elisabeth allait bien et le bébé aussi. J'étais soulagé. Quand elle m'avait appelé et que j'avais entendu sa voix tremblante, saccadée et qu'elle avait du mal à se calmer, j'avais tout de suite su que ça n'allait pas. Elle m'avait fait tellement peur que je dû me tenir au rebord de mon bureau pour encaisser la nouvelle sans vaciller. Mon visage était sûrement livide parce que certains élèves me regardaient curieusement et d'autres commençaient déjà a faire des messes basses. Après l'appel, je bondis hors de ma salle sans même laisser le temps aux élèves les plus rapides de sortir. J'appelais Paul qui lui à cette heure là était probablement en pause dans la cafétéria. Je me souviens exactement ce qu'on s'est dit au téléphone à ce moment là:

« Hey Jasper! Tu n'es pas en cours à cette heure là?
- Paul, j'ai besoin de ton aide. J'ai dû annuler mon cours et partir précipitamment. Tu pourrais passer dans ma salle, ranger mes affaires, surtout mon ordinateur et fermer ma porte à clé stp et aussi prévenir le proviseur. Je vais à l'hôpital.
- Pas de problème, je suis au réfectoire en ce moment, je passe dans ta salle dans quelques minutes le temps d'arriver là bas. Qu'est-ce qu'il s'est passé? C'est Elisabeth? Elle ne se sent pas bien?
- Elle s'est mit à saigner et avoir des contractions. J'ai peur que ça soit une fausse couche.
- Je vois. Bon je ne vais pas te prendre plus de temps, j'imagine que tu dois être assez occupé et stressé. Je te fais ça tout de suite. Bonne chance et passe le bonjour à Elisabeth aussi! S'il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour vous aidez, n'hésite pas à m'appeler...
- Je te revaudrais ça!»

Heureusement que j'avais Paul parce que sinon je ne savais pas ce que j'aurais fait. En plus en partant précipitamment j'avais laissé traîner sur mon bureau une ébauche du premier examen surprise que j'allais leur donner. Heureusement, les réponses n'étaient pas écrites dessus mais je craignais qu'un petit malin en ai profité pour le prendre en photo.

Je regardais autour de moi. Le docteur était parti et je voyais quelques infirmières courir de droite à gauche entrant et sortant des chambres. On était dans la partie gynécologie donc je pouvais voir dans le couloir des familles anxieuses attendant de savoir si l'accouchement s'était bien passé. Et dire qu'on a failli perdre le notre... enfin c'était la sensation que ça m'avait donné. À l'instant où elle m'avait appelé, j'ai eu l'impression que ma vie était en train de s'écrouler. J'ai pensé au pire. Perdre le bébé aurait été une très grosse épreuve pour notre couple. Je m'étais surtout inquiété pour Elisabeth parce que c'était elle qui souffrait et pourtant elle avait tendance à faire comme si ça allait. Elle était jeune, au début de sa vingtaine et je me faisais beaucoup de souci pour elle. Et si on s'était précipité à fonder une famille alors qu'elle n'était pas encore prête? Ou trop jeune? Est-ce que maintenant elle le regrettait? Est-ce qu'elle m'en voulait?

Je rentrais dans sa chambre une seconde fois en faisant le moins de bruit possible. Elisabeth était en train de se réveiller tranquillement. Je pris un tabouret et m'asseyais à son chevet, attendant patiemment qu'elle soit totalement réveillée. Je lui attrapais délicatement une main tandis qu'elle tendait l'autre jusqu'à mon visage pour pouvoir me caresser la joue. Elle était fébrile et la voir comme ça me donnait juste envie de la serrer dans mes bras et de ne plus la lâcher. J'appuyais légèrement ma tête sur sa main, heureux de son contact même si celui là était encore très faible.

« Je suis tellement désolé ma chérie... Vraiment désolé. Dis-je remplie de remords, les larmes pointant le bout de leur nez au coins de mes yeux.
- Pourquoi tu t'excuses? »

La question de Elisabeth restait en suspens dans la pièce le temps que je trouve mes mots. Elle me regardait attentivement, les yeux scintillants mais encore tellement faible et fatiguée que mon cœur se serrait une fois de plus.

« Je- peut être qu'on aurait dû attendre? Je ne pensais pas que ta grossesse se compliquerait autant... si je savais que ça se serait aussi compliqué je- j'aurais probablement- on aurait peut-être dû-»

Elle me fit un petit sourire qui se voulait rassurant tandis que sa main qui était sur ma joue tombait mollement sur mes cuisses. Elle voulait remettre sa main à sa place initiale mais ça lui demandait beaucoup d'efforts. Je l'aidais en couvrant sa main de la mienne puis l'emmenait sur mon visage. Sentir la chaleur de sa main sur ma joue m'apaisais et elle le savait. En soit, n'importe quel contact physique de sa part réussissait à m'apaiser.

« Chut... ne dit pas ça mon cœur. Tout vas bien. Tout va bien d'accord? On a décidé de le garder d'un commun accord, tu te rappelles? Oui, ce n'était pas prévu mais ça va aller. Juste que... » Elisabeth passait sa main de libre sur son ventre en fermant les yeux pour essayer de chasser la douleur d'une contraction tant bien que mal.

« Juste que quoi? Continuais je pour qu'elle puisse se concentrer sur autre chose.
- Juste que après ça je me mets un stérilet et on attend au moins 5 ans avant de faire un autre. Tu me le promets mon ange?
- Bien sûr ma chérie. Tout ce que tu voudras. On ira à ton rythme, ne t'inquiète pas» Répondais je un peu surpris de ce qu'elle venait de m'avouer.

Elle souriait et continuait de caresser ma joue tandis qu'elle fermait un peu les yeux dû à la fatigue. Je ne m'attendais pas du tout à ça. Donc Elisabeth pensais avoir un autre enfant avec moi? Cette idée ne me déplaisait pas mais jusqu'à maintenant elle était plutôt malade durant la grossesse. Je pensais qu'elle ferait une croix sur avoir d'autres enfants même si je savais qu'elle en voulait 2 ou 3.

Elle me pris mon autre main et la déposait sur son ventre. Je sentis du mouvement, comme un petit pied qui bougeait.

« Tu as vu? Tout va bien se passer et c'est grâce à toi parce que tu es notre ange gardien. D'ailleurs, le médecin a profité pour me faire une échographie et il m'a dit le sexe du bébé, tu veux le savoir toi aussi?
- Peut importe si c'est une fille ou un garçon. Tant qu'il ou elle naît en bonne santé c'est le principal.
- D'accord, ça m'arrange que tu ne soit pas pressé de le savoir, tu le sauras à la babyshower! »

Son visage avait repris des couleurs et ça me faisait plaisir de la voir comme ça toute contente bien que encore fatiguée. Parler du bébé rendais toujours Elisabeth de bonne humeur.

« Si ça te fait plaisir...
- On pourrait faire la babyshower autre part que chez nous? Ça va trop me rappeler que ton ex voulait absolument faire la sienne là bas...
- Où tu veux ma chérie. Tu peux la faire où tu veux. Tant que ça te rend heureuse et que la préparation t'occupe pendant que je suis à l'université ça me va. Qu'est-ce que tu en dis de le faire chez tes parents? Ça te permettrait de les voir plus souvent.»

Elle secouait vivement la tête de haut en bas. Elle avait l'air d'adorer l'idée. Je m'approchais d'elle et lui fit un bisou sur le front à défaut de pouvoir l'embrasser réellement à cause du masque qu'elle avait. J'entendis les bips de son cardiogramme se rapprocher et elle commença à rougir. Elle était tellement mignonne.

« Désolé, mon cœur s'emballe jusqu'à maintenant quand tu m'embrasses » avoua t'elle

Moi aussi Elisabeth, moi aussi. Pensais je tout en lui souriant.

Ce vide qui nous rapproche Où les histoires vivent. Découvrez maintenant