1. Réalité.

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SAINT

(TW : ENTERREMENT)











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Aujourd'hui, j'enterre mon grand-père.

Dire que je ne m'y attendais pas serait un pur mensonge. Pourtant... bordel, ça fait un mal de chien !

Un homme en face de moi récite des textes qui me sont on ne peut plus lointains. L'unique voix que j'entends est légèrement moins forte, presque enfantine, celle de Declan Ledger Scott.

« De mon point de vue Saint, absolument rien n'est impossible tant qu'on a pas essayé »

Sa devise. Ma devise. Notre devise.

Mon grand-père n'avait que grandi physiquement, à l'intérieur de lui, il était seulement devenu un peu plus mûre. Cependant, son âme de jeune garçon l'habitait jusqu'à son dernier souffle.

« Saint ! Ta grand-mère ne veut pas que je prenne mes bonbons préférés. Tu sais, ceux en forme d'éléphant, à la cerise ! Tu pourrais aller m'en acheter... Tu serais mignon et je te promets de t'emmener à Disney ! »

Ce n'a jamais été un problème puisque Declan Scott, aussi blagueur soit-il, possédait le don de faire obéir qui que ce soit quand il le souhaitait.

Il ne s'énervait que très rarement, je ne crois pas l'avoir déjà vu péter les plombs. Mais quand il le faisait, ce n'était pas pour un long moment. Un simple regard pouvait suffire à faire réagir le concerné.

Ce regard qui la suivit même dans son lit, vêtu de sa chemise d'hôpital, entouré de médecins et d'infirmiers à longueur de journée.

Le pire dans toute cette histoire, c'était que sa tête ainsi que son esprit allaient parfaitement bien, mais son corps prenait la plupart de la douleur de la vieillesse.

Je suis néanmoins soulagé qu'il n'ait pas eu à souffrir en partant. Le son de ses ronflements saccadés emplissait la pièce, puis plus rien...

Un coup de coude me retire sèchement de mes pensées.

- Saint. Ressaisis-toi, crache mon père.

Bordel, même à l'enterrement de son propre géniteur, il arrive à me faire chier.

J'obéis en levant le nez droit devant moi pour planter mes yeux sur un point imaginaire, sur le centre d'attention de tout le monde ici.

Les roses blanches qui parsèment son cercueil me font légèrement sourire.

Rose Doyle Scott.

Sa femme s'appelait Rose, alors il voulait plus que tout au monde lui faire un clin d'œil avant de la rejoindre.

Même mort, il voulait montrer qu'il était rudement amoureux d'elle, quel homme.

L'amour, chose dont je ne comprendrai sans doute jamais la moindre utilité.

Notre complicité était due à notre non-respect des règles de notre piètre famille. Rose était une petite orpheline. 

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