retour à la normale ?

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Un mois, ça doit être ça ouais. La petite escapade en dehors du territoire d'Emma s'est prolongée pendant les 3 mois qui ont suivi son départ. Je ne peux même pas exprimer la colère et la douleur que j'ai ressenties en comprenant qu'elle était vraiment partie. Même si c'était une connerie de ma part de l'avoir embrassé, sa réaction était vraiment lâche, et je vais passer sous silence les nombreuses nuits à pleurer qu'elle m'a fait endurer. Bien entendu, j'ai essayé de l'appeler un nombre incalculable de fois, et le seul résultat que j'ai obtenu, c'est que maintenant je connais sa messagerie par cœur. Super, n'est-ce pas?

À mon plus grand étonnement, Isabel a été d'un grand soutien durant cette période. Je pensais qu'elle m'en voudrait d'avoir fait fuir sa sœur, mais elle comprenait visiblement ma situation. Les premières journées de cours qui ont suivi le départ d'Emma ont été vraiment compliquées. J'ai loupé plusieurs cours, n'arrivant tout simplement pas à trouver le sommeil, étant submergée d'une tonne de questions ou de mille manières de réécrire le passé.

On peut dire qu'avec le temps, la douleur s'est atténuée. Enfin non, pas vraiment. Je dirais plutôt qu'elle s'est transformée en colère à force d'être ignorée et abandonnée, ce qui est quand même plus pratique pour trouver la motivation de se lever le matin. Notre petit groupe s'est rapidement renforcé, bien que Cole ait failli tenter à nouveau quelque chose avec moi. Mais je crois qu'il a su voir que ce n'était absolument pas le bon moment, et il s'est arrêté à temps. Mes résultats étaient aussi en bonne voie, d'après l'ensemble de mes professeurs, surtout M. Hoffmann, qui semblait très soucieux de ma réussite bien que je n'aie jamais rien fait pour cela.

J'étais donc tranquillement allongée sur mon lit, venant à peine de finir mon dernier jour de cours avant les vacances de Noël que j'attendais impatiemment ici. J'étais pressée de voir l'ensemble du quartier décoré pour l'occasion. Mais tout à coup, je fus sortie de mes pensées par quelqu'un qui sonna à la porte d'entrée. Je descendis lentement les escaliers, encore un peu épuisée par ma journée, mais les bruits de sonnette à répétition me firent accélérer. Je tournai donc les clés dans la serrure puis finis par ouvrir la porte et tombai nez à nez avec Emma, plusieurs valises derrière elle.

Le choc était indescriptible. Mes yeux s'élargirent, ma bouche s'ouvrit, mais aucun son n'en sortit. J'étais incapable de croire que c'était réel, que c'était bien Emma devant moi. Mes émotions s'entremêlaient, entre la joie de la revoir et la colère qui bouillonnait toujours en moi. Je resta là, figée dans l'encadrement de la porte, ne sachant comment réagir.

Évidemment, j'ai été tentée de me laisser aller à la colère qui me submergeait doucement, mais en reprenant mes esprits, j'ai décidé de lui tourner le dos sans même dire un mot. C'est bien connu, la plus grande vengeance est l'indifférence, ou du moins, c'est mon avis. Il n'y a rien de pire que d'ignorer volontairement quelqu'un sans même lui en donner la raison. Même si, dans ce cas précis, je pense qu'elle la connaît très bien.

J'entendis vaguement Emma essayer de prononcer quelques mots, mais j'accélérai mes pas pour bien montrer que l'écouter n'était pas une option pour moi. Je remontai dans ma chambre, verrouillai la porte, et mis mes écouteurs qui diffusaient déjà de la musique à un volume très peu recommandé. Je passai un temps que je ne saurais quantifier dans cette position en train de réfléchir, ou du moins d'essayer. Moi qui pensais que j'avais digéré son départ et que j'avais totalement assimilé la douleur que ça m'avait procurée, visiblement, je me trompais. Rien que de la revoir pendant une fraction de seconde m'a déjà plongée dans un état pas possible, me replongeant dans la même douleur que le soir où elle est partie.

L'arrivée d'une notification baissa temporairement le volume de ma musique, attirant donc mon attention. C'était Isabel qui venait de m'envoyer : "TP, tu peux m'ouvrir s'il te plaît, je commence à m'inquiéter." Je portai donc mon attention vers la porte et vis que la clenche était en train de bouger. J'enlevai rapidement mes écouteurs et déverrouillai précipitamment la porte. Isabel entra sans perdre un instant, en refermant la porte derrière elle, visiblement rassurée.

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