Me réveillant atrocement tôt, mais bien décidée à en découdre avec toute cette histoire, je décide de prendre la moto pour rendre une petite visite aux parents de Lou-Ann. Il faut absolument que je comprenne ce qui se passe exactement. Ainsi, obligée de faire le tour par la route principale, je me retrouve avec du temps pour réfléchir. Je me sens nauséeuse, seule et incroyablement triste. Et je déteste ça.
De plus, je ne connais pas les environs, ni l'endroit où je vais bientôt travailler, ni le village autour. Je me demande même si cela vaut la peine de prendre ce boulot au journal local. Il ne doit sûrement, rien se passer ici. J'ai peur de m'y ennuyer. À Paris, il y avait toujours quelque chose à faire, mais ici...
En laissant la moto sur le petit chemin, j'entreprends de marcher jusqu'à la ferme. Le corps lourd, épuisée, flottant dans un malaise physique et émotionnel, je me demande si c'est bien le bon moment pour rencontrer les voisins finalement. J'aurais peut-être dû rester à la maison, mettre de la musique à fond et couvrir mes pensées diffuses. Ce que je donnerais pour passer un week-end en compagnie d'Adèle, juste nous deux et nos délires.
Plantée comme un arbre devant la porte de ces inconnus, j'hésite à frapper. J'ignore pourquoi, mais je sens qu'ils ne sont pas là, une fois encore.
Retenant mon souffle, je me décide à taper quelques coups discrets, avant de recommencer immédiatement avec plus de force. Espérant voir la porte s'ouvrir, je ne cache en rien ma déception lorsque cette dernière reste désespéramment close.
Rebroussant chemin, les épaules basses, déçue, je sens naître en moi un sentiment qui m'est inconnu. Serait-ce de l'inquiétude ? Enfin, j'ai toujours connu ce sentiment, mais aujourd'hui, je suis inquiète pour Lou-Ann. Je n'ai encore jamais été inquiète pour une môme. Être inquiète pour Lara, d'accord. Être inquiète pour mon couple, je sais gérer. Être inquiète pour le travail fait partie de mon quotidien, mais être inquiète pour une gamine que je connais à peine ? Qu'est-ce qui m'arrive... ?
Pourtant, je déteste ce qui semble se passer à propos de cette petite, et je n'y peux rien. Je n'aimerais pas du tout apprendre qu'elle est négligée par sa famille, livrée à elle-même. Je connais parfaitement ce sentiment d'abandon, tout comme cette forme particulière de solitude. De se dire qu'il est trop tard, de toute façon quoi que nous fassions, nous sommes déjà rejetées par nos propres parents... Ce sentiment m'a propulsé dans un enfer à l'âge de vingt-quatre ans, je n'ose pas imaginer les dégâts possibles pour une gamine de huit ans à peine.
La seule question que je dois me poser, c'est de savoir quoi faire pour pouvoir arranger la situation. Bien sûr, je vais continuer de rendre visite aux parents jusqu'à ce que je puisse leur parler. Mais que puis-je faire de plus pour Lou-Ann ?
Ainsi, le cerveau explosant dans un amalgame d'idées, de pensées, de solutions plus farfelues les unes que les autres, je me retrouve face à chez nous. En faisant le tour pour atteindre le garage, je ne suis même pas surprise de voir la petite plantée dans le jardin, immobile, me fixant de ses yeux bleu clair perçants.
« Salut...Lou-Ann... » Je souffle, me sentant épuisée.
« Tu veux bien qu'on joue aujourd'hui ? »
Continuant mon trajet vers le garage où je finis par rentrer la moto, je n'ose pas la regarder. Elle me fait de la peine, vraiment beaucoup de peine. Elle est si seule, tous les jours à traîner dans les environs.
« Tu n'as pas d'amis, dis-moi ? » Je demande subitement en me rapprochant d'elle.
Pour seule réponse, elle remue la tête de gauche à droite.
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L-A... (T. 4)
RomanceJamais je n'aurais pensé qu'un simple déménagement aurait changé nos vies si drastiquement. Et pourtant, notre arrivée en Ecosse n'a pas été de tout repos. Cependant, Lara et moi avons traversé toutes ces épreuves en étant plus fortes que jamais. Je...