Chapitre 8 : L'envers du paysage entaché

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Après avoir enfilé ma jupe et mis une paire de collants déchirés, mes doigts tripotèrent le tissu soigneusement noué autour de ma gorge, alors que la nervosité inhabituelle de l'inconnue commençait à atténuer le peu d'emprise que je gardais sur la réalité. J'étendis mon autre main vers le ciel, en attente d'une quelconque réponse à mes prières, et je perdis finalement pied.

La seule chose qui me tenait était la corde.

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J'ouvris les yeux et affrontais de front les mirettes roses de Yanagi. Nous avions décidé de partir et d'aller - ou plutôt je l'avais tiré par le col - parler en dessous des gradins, à coté de la rangée d'escaliers. Je savais que les autres pourraient se pointer n'importe quand pour nous surveiller, ou peut-être simplement veiller à ce que je n'agresse pas de nouveau leur joueur à la belle gueule. J'avais ces derniers temps jetés plus de gens à terre que de vêtements dans la machine à laver.


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Mes yeux roulèrent à l'arrière de ma tête et des cris résonnèrent. Lorsque mon souffle revint et que mes poumons brûlants se remirent à fonctionner, je ne pus regarder qu'avec des yeux embués de sang les visages horrifiés de mes compagnons de théâtre.

"Aoi, ce n'est qu'une scène, tu n'as pas besoin d'aller aussi loin ! Nous étions prêts à fermer les rideaux pour passer à la suivante !"

Tout ce que je pouvais imaginer à ce moment-là étaient les sentiments et le désespoir de mon personnage qui s'était ôté la vie. Un rôle qui ne serait plus jamais mentionné, une existence perdue à jamais entre les lignes d'un script à l'intrigue dérangeante et malade.

Je joignis ainsi mes mains et me mis à prier pour elle. Puis, je leur souris :

"Désolée, désolée. Je suis aller trop loin, ahah !"

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« Donc c'était bien toi, dis-je, à peine capable de garder mes émotions stables. Mais comment t'as su pour le trio ? Pour ce qui viendra bientôt ?

- ...Le trio de quoi ? Hein ? »

Hein ? Je répétais cela malgré moi. Quelque chose a dû devenir intéressant sur mon visage étant donné que l'adolescent dénia enfin lever les yeux de ses chaussures. Mes sourcils se froncèrent, lui dévoilant sans fioritures ma confusion, et je poursuivis :

« La lettre que tu m'as envoyée là, avec les avertissements...

- Je ne t'ai jamais envoyée une telle lettre ?! »

Yanagi afficha une mine aussi déconcertée. Il fouilla dans sa poche, puis se rendit compte que ce qu'il cherchait n'était visiblement pas là, avant de soupirer et me regarder.

« Celle dont je parle est la lettre d'amour que tu m'aurais adressé. C'est à cause de moi. »

Le morceau de papier extrêmement cringe que je désirais de tout mon cœur jeter au feu ? Je ne pouvais que savoir de laquelle il parlait mais, pourtant, ses réponses ne me satisfaisaient pas. Je décidais de sortir le bloc-note de ma poche. Lorsque les lettres avaient perdu leur encre, j'avais décidé d'écrire dans mon calepin leur contenu afin de ne pas l'oublier au cas où ma mémoire déraillerais.

L'appel du crime I horimiyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant