Kily - 7

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Il est 20h quand ça sonne à la porte, heureuse pensant que Pierre se trouve derrière cette porte, je me précipite pour l'ouvrir.
Ma bonne humeur disparaît à l'ouverture de la porte, Fany, essoufflée s'y trouve.

- Fany ?

- Kily, faut que je te parle.

Elle n'a vraiment pas l'air bien, essoufflée, pale, et son regard en dit long sur son anxiété, sa peur, sa tristesse. Et rien qu'en la voyant des frissons me parcours.

- tu me fais peur, qu'es ce qui se passe ?

- l'interview... Elle marque une longue pause, qui m'apeure encore plus.
Je n'ose rien dire, je ne sais vraiment pas a quoi m'attendre.
Elle m'aide en reprenant la parole.

- tu vas faire la une.

J'ai du mal entendre, cette putain de journaliste m'a dit que non. Alors pourquoi mon agent, celle en qui j'accorde ma confiance m'annonce ça.
La colère en moi commence a monter, Fany doit le voir, car elle reprend vite la parole.

- elle m'a appelle y'a une demie heure pour me l'annoncer, elle m'a demandé de ne rien te dire mais je ne pouvais pas.

- mais pourquoi?

- je ne sais pas, j'ai commencé à gueuler elle a raccroché.

Je me lève d'un bond, elle ne peut pas me gâcher la vie comme ça. Je récupère mon sac.

- Lily tu fais quoi?

- j'y vais! Je vais la voir cette garce.

- il est plus de 20h, son job est fini.. Le magazine est imprimé ..

Voilà une bonne heure que je pleure comme une madeleine; Fany est parti peu de temps après. Elle avait essayé de me consoler, mais rien n'y faisait.
Pour mon avenir professionnel c'est un bon point, mais pour ma vie personnelle c'est la déchéance.. Mon petit ami, ma famille, les inconnus.. On va le savoir. Et pour cela je ne peux arrêter de pleurer.

Et c'est sur des sanglots que je finis par m'endormir.

Je suis réveillée, par le vibreur de mon téléphone qui ne cesse de faire du bruit.
Avec un peu de courage je l'attrape et le nom de Lora s'affiche. Il est 10h, que me veut t'elle ? Je ne décroche pas. Et décide de me rendormir, ma nuit fut si agitée que j'ai besoin de repos, et j'ai surtout besoin de ne pas voir le monde extérieur.. Le magasine sort ce matin, et je ne vois pas me voir.

Mon vibreur s'agite à nouveau. Qu'est ce Lora peut être casse pied quand elle le veut.
Je décroche en colère par ce réveil.

- Quoi?

- Kily, merde, tu es affiché dans les kiosques !

C'est bien pire que ce que je pensais, je ne suis pas que sur les magasines mais sur les affiches, vous savez ces grands posters qui vous donnent envie d'acheter de la merde tellement c'est bien fait, et bien la c'est moi.
Et je ne sais même pas comment je suis représenté, la journaliste m'a dit "on a des photos" ..
Lora, toujours au bout du fil me coupe dans mes pensées.

- J'arrive, tu vas avoir besoin de moi pour sortir.

Elle le sait, je n'arriverais pas à me voir sur ces affiches, je ne suis pas comme ça. Et je vais tout perdre. Je ne m'en remettrais pas.

Je sors du lit, sans grande conviction, je me prépare au ralenti. Je ne veux pas vivre ça.
En sortant de la chambre, Lora est déjà la, et se jete dans mes bras.

Je souffle un bon coup, et on décide d'aller à notre café habituel, Lora m'a dit de ne pas changer mes habitudes, je dois m'affirmer.

Arrivée dans le centre de la ville, le premier kiosque qui s'ouvre à moi, et qui est tout prêt du café, me dévoile. Dans une position assez neutre, mais en sous vêtements. Merci l'image. Mais le pire est la petite phrase, celle qui doit donner envie au lecteur. Et bien celle la a de quoi donner envie " oui je prend du plaisir "
Je suis bouche bée, je n'ai jamais dis ça comme ça, j'ai dis que c'était rare. Mais putain elle me détruit cette mademoiselle Stils, journaliste à la con.
Lora m'attrape le bras pour me faire décoller de ce poster de moi, qui me donne des nausées.

Nous nous asseyons, le serveur, lorsque nos regards se croisent, me sourit, mais pas un sourire aguicheur, un sourire désole. Il faut dire qu'il nous voit tous les jours, fait parti de nos vis, écoute nos vies.. Et la il me voit placarder.

Lora prend vite la parole.

- comment ça se fait ?

- la journaliste, m'avait dit que je ne serais pas en une. Et pourtant.. Moi même je ne sais pas.

- porte plainte, atteinte à la vie privée.

Lora est parfois en dehors de la réalité, et je ne peux m'empêcher de sourire à sa naïveté si mignonne.

- j'ai accepté cet interview.. Et le fait de ne pas faire la une, n'a été dit qu'oralement., je ne peux rien.

- putain, j'vais lui casser les dents.

- j'en ai eu envie hier, crois moi. Mais j'ai réfléchis cette nuit, et c'est son job, elle veut vendre. J'espère simplement que justement les gens ne s'intéressent pas à moi, et que les ventes soient médiocres.

Deux hommes d'une cinquantaine d'années s'installent sur la table d'a cote. L'homme en diagonale de moi, se tourne vers moi, et en un temps record, il me regarde, regarde l'affiche du kiosque au loin, donne un coup de pied sous la table à son ami, les deux se tournent vers moi. Et leur regards me donnent envie de vomir, vraiment, un regard pervers. C'est pas possible, le dégoût est très intense.
Lora le remarque, me prend le bras une nouvelle fois, paye nos consommations et m'entraîne pour m'emmener loin de ces hommes.
Elle se retourne et ne peut s'empêcher de les regarder et de leur dire "regardez vous, vous faites pitié, a 50 ans putain, ça pourrait être votre fille connards va!"
Nous marchons dans la rue, sans vraiment savoir où nous allons. Mais ce silence, cet air frais, me fait tellement de bien. Et ma meilleure amie le sait.

Après une bonne heure de marche, à traîner. Nous nous asseyons sur un banc au milieu de l'allée commerciale de la ville.

- et Pierre tu as des nouvelles ?

- non, je ne sais pas si il a vu.

- appelle le, tu verras.

Elle a raison, je dois savoir si il a vu cette affiche. Avec ce slogan mensonger, qui pourrait tout gâcher.

Mon portable en main, je clique sur son prénom.
1 sonnerie, 2 sonnerie, 3 sonneries, 4 sonneries, 5 sonneries.. Messagerie.

- il ne répond pas.

- tu réessayera plus tard, il n'a peut être pas son portable.

Je ne suis pas convaincu mais il faut y croire non.

- oui.

- j'ai faim Lily, on va manger.

Il est 14h, nous rentrons dans une brasserie pour manger salades.

Nous parlons travail, Lora pense que maintenant je vais être appelle pour des nouveaux films, et si ça se trouve pas se des pornos. Elle m'a dit que je n'avais plus rien a perdre.. Mais si il y a Pierre.. Je ne l'ai pas encore perdu.

Quand nous sortons de la brasserie, je décide de rappeler Pierre, je dois savoir.
La surprise est telle lorsque je me rend compte qu'il a raccroché volontairement à la deuxième sonnerie.

- il le sait et c'est mort.

Lora me prend dans ses bras, des larmes coulent de mes yeux.
Mon portable se met à vibrer, d'une d'un message.

Pierre "dégage de ma vie"

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