𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟏 : 𝐄́𝐜𝐡𝐨𝐬 𝐝𝐞 𝐒𝐨𝐥𝐢𝐭𝐮𝐝𝐞.

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À ceux qui se sentent emprisonnés dans l'étau de leur esprit, assaillis par des pensées obsessionnelles.

Sunday, June 13th.

Desert of northern Africa.

7:30 pm.

                                                                            Enrico Valentino Della'Rossa.

« Dans l'ombre de la trahison et du mensonge dissimulé naîtra la haine et la colère d'un homme opprimé, tissant un réseau sombre d'amertume qui enveloppera son cœur tel un étau implacable, éteignant peu à peu la lueur de confiance qui jadis illuminait son âme. »

Étendu au sol sale de cette cellule, je contemple la lune étincelante éclairant la pièce qui est plongée dans l'obscurité. Une obscurité reflétant mon âme, une âme noircie par la solitude et la haine. Recroquevillé la tête entre les bras, je laisse mes pensées divaguer dans de douloureux souvenirs, de lointains souvenirs faisant échos dans mon esprit.

Je pense à ma mère, celle qui m'a fait la promesse qu'elle ne me laissera jamais tomber, qu'elle sera à tout jamais à mes côtés. Ta promesse s'est-elle envolée le jour où tu as choisi de la croire, elle plutôt que moi ?

Le jour du procès, ton regard n'éprouvait rien d'autre que de la déception à mon égard. Tout l'amour que tu me portais s'est volatilisé, telles les saisons les plus glaciales. Dans le silence de nos adieux, nos regards se sont croisés brièvement, témoignant des promesses brisées. La dernière ligne de notre histoire s'écrivit dans le vide, entre des pages d'un amour d'une mère et d'un fils désormais perdu.

« — A partir d'aujourd'hui Enrico, je ne suis plus ta mère, et tu n'es plus mon fils. »

T'as phrase à signer la fin, une fin digne d'une tragédie, une tragédie dont mon cœur seul connaît la lourdeur de cette douleur.

Un énième soupir de supplication s'échappe de mes lèvres, mes cuisses me semblent lourdes et douloureuses, mes plaies refusent toujours de cicatriser. Je m'approche du mur et saisis le petit caillou que j'ai réussi à cacher, gravant un nouveau trait sur la surface grise de cette prison. 1095 jours emprisonnés, privés de nourriture et a boire. 1095 jours à subir des supplices plus rudes à encaisser. Trois ans de ma vie consacrés à purger une peine que je n'ai pas commise, à subir les conséquences d'un acte qui ne m'est pas mérité. 1095 jours de souffrance... Chaque matin, à l'aube, nos cellules s'ouvrent et vingt-deux coups de fouet secs nous sont infligés. Plusieurs de mes camarades ont succombé, d'autres ont choisi de mettre fin à leurs jours. Les seuls survivants dans cette prison sont Alexander, Massimo et moi-même. J'ai fait la connaissance d'Alexander dès ma deuxième nuit ici. Il m'a enseigné l'art de la survie, m'a appris à taire mes pensées sombres et à me comporter face à nos geôliers.

Massimo m'a confié son récit, une histoire poignante empreinte de douleur. Dans sa quête désespérée pour subvenir aux besoins de sa mère et de sa femme, plongé dans une extrême pauvreté, il s'est résolu à cambrioler un magasin. Malheureusement, les circonstances l'ont conduit à commettre l'irréparable en prenant la vie du vendeur.

Honnêtement, je l'admire comme un grand frère. Je l'admire pour sa force intérieure, son courage et sa franchise sur son histoire. Il s'accroche au souvenir de sa mère et de sa femme dans l'espoir de les revoir un jour. Cela fait désormais cinq ans qu'il ne l'est a plus revu.

J'ai réalisé que c'est dans les moments de détresse et de solitude que nous réalisons que nous sommes tous égaux, unis par notre humanité et marqués à jamais par des remords et des regrets gravés au plus profond de notre âme.

𝐔𝐧𝐞 𝐝𝐨𝐮𝐜𝐞 𝐦𝐞́𝐥𝐨𝐝𝐢𝐞...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant