XXXVII - Tuez-moi...

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Léna

24 heures plus tôt

Je suis allongée sur mon lit, et je n'ai qu'une envie, mourir. M'éteindre ici, au milieu de nulle part, dans ce pays qui m'a vu naître. Retrouver mes parents après ces longues années sans eux. Cela fait de nombreuses semaines, que j'ai commencé à ingurgiter des tiges d'adonis de printemps. Cette petite plante jaune me tue à petit feu. Mais c'est la seule solution que j'ai trouvé pour en finir avec eux. Depuis plusieurs jours, mes vomissements et mes diarrhées s'accentuent, inquiétant Anatoli. Je l'ai entendu parler avec Sasha. Ils doivent aller en ville pour aller chercher un médecin.

— Léna, je pars avec Sasha. Nous revenons au plus vite avec quelqu'un pour te soigner. Dimitri reste avec toi.

Non ! Je ne peux pas rester seule avec lui ! Même malade, rien ne pourra l'arrêter dans son funeste projet. Et je ne subirais pas un nouveau viol. Je n'y survivrai pas. Peut-être que si je l'énerve, il s'en prendra à moi et me tuera dans un accès de rage ? Voilà, il faut que je le pousse à bout, pour qu'il abrège mes souffrances.

J'entends la voiture s'éloigner sur le chemin de terre. Me voici seule avec mon pire bourreau. Il faut que je retrouve assez de forces pour l'amener là où je le souhaite. Je me redresse sur le lit, la tête tournant un peu. En même temps, rien d'anormal, puisque je n'ai plus rien dans le ventre depuis plusieurs jours. Je ne fais que boire un peu d'eau. Le peu de nourriture qu'ils me donnent ressort presque aussitôt. J'aurais dû manger plus de racines. Cela m'aurait permis d'en finir plus vite. J'avale l'eau que m'a laissé Anatoli quand j'entends la porte de la chambre s'ouvrir.

— Enfin seuls, dit-il en élargissant ses lèvres. On va pouvoir jouer un peu avant qu'ils ne reviennent. Il y a bien trop longtemps que nous avons joué ensemble, tu ne trouves pas ?

— Va te faire foutre, crié-je en lui balançant ma bouteille d'eau.

Il se la prend en pleine tête, le faisant lâcher un juron. Je me lève de mon lit et prends appui sur le bord pour garder mon équilibre. Je dois trouver la force d'en finir. C'est la seule issue possible pour moi. Dimitri se rapproche et dans un accès de rage, sortie de nulle part, je lui balance un coup de pied dans son entrejambe. Il se plie en deux et m'injurie. J'en profite pour sortir de la chambre et tenter de trouver un couteau pour me faire une arme. Même si je sais qu'avec les forces qu'il me reste, je ne pourrais pas grand-chose contre monsieur porte de prison. J'ouvre un tiroir et en sors ce que je cherchais.

— Espèce de salope ! Tu vas me le payer et tu vas prendre cher !

Je me tourne et lui fait face, mon couteau dans la main.

— Parce que tu crois vraiment que tu vas pouvoir m'arrêter avec ce jouet ? S'amuse-t-il.

Il tourne autour de la table qui nous sépare et s'empare de mon poignet, me faisant lâcher mon arme de fortune.

— Puisque tu sembles vouloir te battre un peu, vas-y, fais-moi le plaisir de te débattre ! J'aime ça quand les filles me résistent.

Même si je n'ai presque plus de forces, je cherche à le frapper, à le mordre, mais rien n'y fait. Sa prise se resserre sur mon poignet, puis le tort d'un coup sec. J'entends l'os se fracturer et je hurle sous la douleur qui me submerge. Les larmes dévalent sur mon visage.

— Tuez-moi...

— Oh, mais il en est hors de questions. Pour je ne sais quelle raison, le chef veut te garder en vie. Mais cette fois, je pourrais lui dire que tu t'es jeté sur moi et que j'ai dû me défendre. Mais avant, je veux que tu me suces, espèce de salope ! Et j'espère que tu feras mieux que ta putain de cousine.

Killer's eyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant