XXXVIII - Tu es enfin réveillée, ma belle.

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Léna

J'ai la sensation d'être dans du coton. C'est moelleux, chaud. Est-ce donc ça la mort ? Je sens mon corps mais j'ai l'impression d'être emprisonné. J'entends des bruits, des bips entêtants, la sensation aussi que ma peau est piquée, tiraillée. J'entends des sons au loin, des paroles. Mes parents ? J'aimerai tellement les revoir. Les serrer dans mes bras. Leur dire que j'ai essayé de les venger mais que j'ai échoué. J'ai tout perdu. Et toujours ces voix au loin. On dirait une dispute.

— Rentre à l'hôtel ! Tu ne peux pas rester tout le temps ici !

— Je resterai jusqu'à ce qu'elle se réveille. Je ne quitterai pas cette chambre.

— Soit sérieux, ça fait une semaine que tu dors sur cette chaise. Rentre te reposer aux moins quelques heures. Je t'appelle dès qu'elle ouvre les yeux.

— Irina, laisse tomber, je reste. Je ne bougerai pas.

Irina ? Comment ça, Irina ? Mais où suis-je ? Serais-je donc vivante ? Et qui est l'autre personne avec elle ? On dirait la voix d'un homme que je connais. Si seulement j'arrivais à sortir de cette nuit. Je sens mes paupières qui sont lourdes, mais j'essaye de les ouvrir. Une lumière m'éblouit, me faisant refermer aussitôt les yeux. Je sens ma bouche pâteuse. J'essaye de parler mais rien ne sort. J'entends toujours les deux voix parlées et je voudrais qu'elles se taisent pour me laisser dans le silence. Alors j'essaye de lever ma main pour montrer ma présence. Mais même ça me semble difficile. En retombant, ma main touche quelque chose, que je sens ensuite m'envelopper.

— Léna ? Serre ma main si tu m'entends ?

Je reconnais enfin sa voix. Mais alors, si Irina et Alex sont ici, cela voudrait-il dire que je suis saine et sauve ? Je resserre ma main dans la sienne alors que je sens son pouce caresser ma peau.

— Je vais chercher le médecin, dit Irina un peu plus loin.

— Tu es enfin réveillée, ma belle. Il était temps, je commençais à m'impatienter.

Je tente une nouvelle fois d'ouvrir les yeux et cette fois je me laisse captiver par ce bleu qui m'a tant manqué. Je ne peux m'empêcher de laisser couler une larme en revoyant le visage d'Alex. Il semble fatigué, ses traits sont tirés, sa barbe est trop longue. M'en veut-il encore ? Je n'ai pas l'impression en me plongeant dans son regard. J'y vois plutôt un profond soulagement et beaucoup de tendresse.

— Alex...

— Chut, ne force pas. Le médecin arrive.

Quelques secondes après, la porte s'ouvre sur un homme habillé d'une blouse blanche. Il demande à Alex de sortir, le temps de m'examiner. Avant de s'éloigner, il m'embrasse le front avec une extrême douceur. Bon sang ! Que ça m'avait manqué ! Mais voudra-t-il toujours de moi quand il saura ce que j'ai subi ?

Le médecin s'approche et commence à m'examiner. Il s'assure que je vais bien, m'explique que mon cœur a cessé de battre quelques secondes dans cette forêt dans laquelle j'ai voulu mourir. Il me rappelle que je reviens de loin, même si aucun organe vital n'a été atteint. Il me parle également de l'empoisonnement que je me suis infligée, ainsi que de la sous-alimentation. Il semble mettre ça sur mes geôliers, et je ne le contredis pas. Il me rassure sur le rétablissement de mon poignet dont je ne garderai aucune séquelle. Il me pose ensuite la question que je ne voulais pas entendre.

— Léna, je dois vous demander si vous avez subi des violences sexuelles, durant votre séquestration. Je n'en parlerais à personne sans votre accord, mais si vous avez été violé, nous devons aussi faire des analyses pour rechercher d'éventuelles maladies sexuellement transmissibles.

Killer's eyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant