XXXIV - Pourquoi faites-vous ça ?

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Léna

J'ai fini par m'endormir sur ce matelas trop fin, qui me faisait sentir les ressorts du sommier. Quand j'ouvre les yeux, la lumière vive qui passe par la fenêtre me brûle les rétines. Je me redresse, complètement courbaturée par la nuit pourrie que je viens de vivre. J'observe la pièce et constate que tout ceci n'était pas un mauvais rêve. Je suis toujours au fin fond d'une forêt avec mes trois geôliers. J'ai la bouche pâteuse et une énorme envie d'aller aux toilettes. J'ai quitté la maison d'Alex avant quinze heures et n'ayant pas de montre, je n'ai aucune idée de l'heure qu'il peut être. Mais je dois vider ma vessie, cela devient urgent. Je me lève et tente d'ouvrir la porte. Mais comme je m'y attendais, celle-ci est verrouillée. Je tape dessus et demande à aller aux toilettes. La réponse vient rapidement de Sasha, sans qu'il n'ouvre cette putain de porte.

— Tu as un seau dans la chambre pour ça !

Je balaye la pièce du regard et constate, en effet, la présence d'un seau, avec un couvercle dessus, dans un recoin. Les larmes me montent aux yeux. Alors ça va être ça, ma vie ? Je m'approche du coin de la pièce, tends la main et soulève le couvercle. Une odeur nauséabonde me prend aux tripes et me donne un haut-le-cœur. Le réceptacle n'a semble-t-il pas été vidé, et est en partie rempli des urines et excréments de ma cousine. Je ferme les yeux pour contenir la bile qui remonte dans mon oesophage, prends mon courage à deux mains, défait la fermeture de mon jean, le baisse avec ma culotte et m'accroupis au-dessus du saut. Je bloque ma respiration pour éviter de vomir et attends que ma vessie se vide.

Je me suis ensuite rapidement rhabillée avant de retrouver ma place sur le lit. J'ai faim et très soif, mais hors de questions de quémander à nouveau. J'imagine qu'ils ont prévu de me nourrir, sinon il suffisait qu'ils partent et me laissent mourir seule dans cette pièce. Ce qui aurait peut-être été une meilleure option que celle qu'ils envisagent. Quelques minutes après, j'entends la clé s'activer dans la serrure, puis la porte s'ouvre sur Anatoli.

— Viens par ici !

Je décide de le suivre sans faire d'objection. Si je veux espérer avoir un peu d'eau et de nourriture, autant être docile. Quand j'arrive dans la pièce principale, Dimitri et Sasha sont installés autour de la table, à manger. Mon regard s'attarde sur celui qui est venu me chercher hier. Il n'a plus ni ses cheveux blonds, ni ses yeux bleus. Cette fois, pas de perruque, il a coloré sa tignasse en gris et mis des lentilles noires. Il est méconnaissable.

— Assieds-toi et mange quelque chose. Nous avons pas mal de route à faire après, m'ordonne Anatoli.

Je ne me fais pas prier et prends une chaise. J'attrape une tasse, me sers du café et prend une grande tranche de pain.

— Surveillez-là, pendant que je m'occupe de changer de tête. Ensuite, vous vous occuperez de la sienne.

Je sursaute en entendant sa dernière phrase. Je ne veux pas qu'ils m'approchent.

— Je peux m'en occuper moi-mê...

— Non ! tonne Anatoli. Ils s'occuperont de toi, et ensuite on dégage d'ici. Alors, mange et tais-toi.

Ma gorge se noue sous son ton froid et ses directives. Et dire qu'il y a vingt-quatre heures j'étais auprès d'Alex. J'aurai dû profiter un peu plus de ses bras chaleureux avant de prendre la fuite. Mais voilà, aujourd'hui je suis entre les mains de ces trois criminels. Je termine tant bien que mal à terminer de manger, alors que mon appétit vient de se faire la malle.

— Tiens, voilà de quoi te laver rapidement, siffle Sasha en balançant une trousse de toilette devant moi.

— Et où je peux la faire ?

Killer's eyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant