𝟎 - 𝐕𝐈𝐎𝐋𝐄𝐓 𝐁𝐋𝐀𝐂𝐊𝐖𝐄𝐋𝐋

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LE BALLET DE L'ADIEU

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À l'âge de 6 ans, j'ai découvert pour la première fois à la télévision des danseuses de l'Opéra de Paris exprimer à travers leurs mouvements, leurs sentiments et leurs émotions. Elles n'avaient pas besoin de parler, tous se lisaient dans leurs gestes.

C'est comme si elles me racontaient une histoire rien qu'en dansant.

Au fil du ballet, mes émotions ont suivi celles des danseurs, oscillant entre la joie, la tristesse et la peur. Et lorsque le rideau est tombé, mon cœur est tombé avec lui.

Ce jour-là, j'ai réalisé que de simples pas pouvaient conduire à bien plus qu'un spectacle ordinaire.

Je ne voulais pas en être une simple spectatrice.

Je voulais faire partie de cette magie.

La semaine suivante, j'ai assisté à mon premier cours.

Il ne m'a pas fallu longtemps pour me rendre compte que je me différenciais des filles de mon groupe. Elles dansaient par loisir alors que pour moi c'était par passion et nécessité. Une nécessité de m'exprimer à travers des gestes, des pas, de dire ce que je n'osais pas dévoiler avec des mots.

Mon objectif était d'être la meilleure, et je l'étais. Toujours en tête lors des spectacles, constamment sous les projecteurs, et invariablement citée à la fin de chaque représentation. On répétait souvent a mes parents que j'irais loin et au combien ils avaient de la chance d'avoir une fille avec tant de talent.

Ça nourrissait l'ego de ma mère, qui prenait un malin plaisir à prendre les gens de haut.

Même si, entre nous, elle n'a pas besoin d'une raison valable pour le faire.

Carmen Blackwell est l'incarnation même de l'arrogance. Elle ne laissait jamais passer une occasion de rabaisser les autres ou de se faire sentir supérieure.

Je me suis toujours demandé comment mon père, si patient et bienveillant, avait pu épouser une personne comme elle.

Mais bon, c'est grâce à cette union aussi bizarre soit-elle, que je suis là.

Mon père ressentait la même fierté, mais sa manière de la montrer était bien différente. Il était convaincu qu'un jour, plutôt que de danser devant un public désintéressé et novice en matière du ballet, je me produirais sur la scène d'un opéra.

Il m'a promis d'être là au premier rang le jour où ça arriverait.

Au début, les recherches sur les écoles de danse n'étaient qu'un sujet vague destiné à me donner de l'espoir ou à me faire plaisir. Mais en grandissant, c'est devenu beaucoup plus sérieux. La Juilliard School ou même la Royal Ballet School étaient mon rêve.

Je savais que mes ambitions étaient élevées, mais j'étais déterminé à tout mettre en œuvre pour les atteindre.

Et même si un jour je venais à perdre mon amour pour la danse, je continuerais, ne serait-ce que pour voir cette lueur de fierté briller dans ses yeux encore plus longtemps.

J'en étais persuadée.

Jusqu'a ce jour.

Le 27 mai 2019.

Ce matin-là, avant de partir pour l'école, j'avais fait un caprice à mon père. J'avais insisté pour qu'il vienne à ma représentation de fin d'année, insistant sur l'importance de cet événement, malgré la réunion cruciale qui l'attendait ce soir-là.

NIGHTVALEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant