𝟒 - 𝐀𝐋𝐄𝐒𝐒𝐈𝐎 𝐑𝐎𝐕𝐈𝐍𝐀

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RENCONTRE AVEC LE PASSÉ

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Les cris enragés de papa résonnent à nouveau dans la pièce, éclatant comme des éclairs dans le calme de la maison. Face à cette tempête de colère, maman reste silencieuse. Mais ses sanglots, eux, résonnent comme une plainte désespérée. Un appel a l'aide que je n'arrive plus a ignorer.

Je suis un grand garçon maintenant, je peux la protéger.

Je dois la protéger.

Si je ne le fais pas, qui le fera ?

Je franchis le seuil de ma chambre et suis aussitôt assailli par le spectacle terrifiant qui se déroule sous mes yeux. Dans notre mobile home, les pièces se côtoient étroitement, ne laissant aucun espace pour échapper à la réalité brutale qui se dévoile.

Ma mère git au sol, submergée par ses pleurs. Ses yeux sont grands ouverts, fixés sur le parquet, comme si elle cherchait une issue dans les fissures du plancher usé.

Les traits de son visage sont marqués par des ecchymoses bleues et rouges, des stigmates silencieux de la violence qu'elle vient de subir.

Mon père se tient en face d'elle. Ses phalanges écarlates et sa respiration erratique trahissent sa fureur incontrôlée. Dos à moi, son visage demeure obscurci, mais la bouteille d'alcool brisée entre ses doigts témoigne de sa descente aux enfers.

Mais alors qu'il s'apprête à asséner le coup fatal, je me précipite devant ma mère, prêt à faire barrage contre le flot de destruction qui nous submerge.

— Alessio !

J'ai mal.

Terriblement mal.

Les éclats de verre s'enfoncent dans mon crâne, mais je résiste pour ne pas laisser échapper un seul gémissement. Je sais que la moindre manifestation de ma douleur pourrait déclencher une réaction encore plus brutale de la part du monstre qui me fait face.

— Tu oses te mesurer a moi, fils ? rugit mon père par-dessus les sanglots étouffés de ma mère. Infatuato !

Je lutte pour étouffer la souffrance qui martèle mes tempes, refusant de laisser le sang qui en découle détourner mon attention.

— Le seul abruti dans cette pièce, c'est toi. À t'acharner sur plus faible que toi, espèce de salaud !

Mon esprit vacille sous le poids de la tension, mais je me lance tout de même vers lui, porté par une rage sombre que je connais trop bien.

Face a mon geste brusque, sa bouteille lui échappe des mains et se fracasse contre le sol. Mais aucun signe de faiblesse ne se dessine sur son visage.

Un rire dépourvu de toute humanité s'échappe de ses lèvres, avant qu'il ne me propulse avec violence contre le réfrigérateur. Ses mains étouffent mes cris.

— Il est temps que tu reçoives une nouvelle leçon.

Un frisson d'effroi parcourt mon être alors que sa poigne se resserre impitoyablement autour de mon cou.

— Marco ! le cri déchirant de ma mère résonne à travers la pièce. Pitié, il n'est qu'un enfant. Tu ne peux pas lui infliger ça.

Pourtant, mon géniteur semble sourd à ses supplications. Dans ses yeux, je discerne une lueur dénuée de toute humanité. La pitié n'a pas sa place ici.

NIGHTVALEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant