𝟏 - 𝐕𝐈𝐎𝐋𝐄𝐓 𝐁𝐋𝐀𝐂𝐊𝐖𝐄𝐋𝐋

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S'EVADER VERS L'AVENIR

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Mais ça t'a rendue plus forte.

C'est ce que ma psychologue n'a cessé de me répéter pendant toutes ces années : que ce qui s'est passé dans ma vie m'avait rendue plus forte.

Mais j'étais une enfant.

Je n'avais pas besoin d'être forte.

J'avais besoin d'être en sécurité.

Pourtant, elle avait raison. Toutes ces années, j'avais rencontré la version la plus brisée de moi-même, mais aussi la plus résiliente. Ces épreuves de la vie, aussi sombres soient-elles, nous forcent à puiser au plus profond de nous pour trouver le courage de surmonter ces obstacles.

Dans quelques heures, je n'aurai plus besoin de me battre. Je pourrai enfin laisser derrière moi les épreuves du passé et m'ouvrir à un avenir meilleur.

Sans papa.

Sans Carmen.

Sans lui.

Mais comment oublier son passé quand celui-ci est écrit sur tout notre corps ?

On ne peut pas. Nous devons apprendre à vivre avec, à accepter ces marques comme une partie intégrante de notre histoire. Une histoire que je n'aurais jamais imaginée pour moi, mais qui, malgré tout, a contribué à forger la personne que je suis devenue.

Mon regard est rivé sur le plafond de ma chambre qui commence a être couvert de moisissure, un parfait accord avec les murs délavés de cette pièce. Je hais cette partie de la maison. Elle est aussi dépourvue de vie que le reste de celle-ci alors qu'elle est propre a moi-meme.

Aucune photo n'orne les murs, les marques laissées par John avec ses poings en sont les seules décorations. La pièce se résume à l'essentiel : mon lit défait, une commode qui a vu des jours meilleurs, et un miroir qui reflète sans pitié la réalité que je tente souvent d'éviter.

John l'avait complètement brisé il y a quelques mois. Il ne renvoie presque plus mon image maintenant.

Mais malgré tout, on ne peut pas m'ignorer complètement. Mes boucles brunes retombent en cascade sur mes épaules, s'étirant jusqu'à mon dos. Je les déteste, vraiment. Elles sont à la fois un fardeau et un héritage. La seule raison pour laquelle je les garde, c'est parce que j'ai l'impression que mon père vit à travers moi.

Elles couvrent une partie de mon pull en laine blanc, un haut simple, un peu usé par le temps, que j'ai trouvé dans une friperie pour une modique somme. J'aime bien l'idée de porter des vêtements chargés d'histoire, mais je ne les arbore pas avec la même fierté que ceux qui les choisissent pour leur style.

C'est drôle de penser que mes Dr. Martens, valent à elles seules plus que tout le reste de ma tenue. Voire que de la pièce elle-même, si on y réfléchit bien.

Ces chaussures sont le seul cadeau que je me suis offert avec l'argent que mon père m'a laissé. Quand j'ai reçu l'appel de la banque, plus tôt dans l'année, j'étais persuadée que John avait mis toutes nos économies dans des paris risqués.

Au final, j'ai appris, grâce à la banquière, que mon père avait régulièrement déposé de l'argent sur un compte depuis ma naissance jusqu'à sa mort.

Je me demande à qui je dois être reconnaissante de ne pas avoir révélé cette information à ma mère. Elle aurait probablement tout gaspillé en alcool et en drogues, ou tout cédé à John sous la pression de ses manipulations.

NIGHTVALEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant