A l'enfant du bar
Accoudé au comptoir sur un tabouret plat
J'écoutais le doux rythme qui vient et s'en va
De mélodies dansantes qui viennent d'ailleurs
D'un glauque entrain charmant où le pire est meilleur.
Le whisky m'accompagnait et brûlait ma gorge
Dont le malt fermenté par un champ d'herbes d'orge
Saisissait mon esprit et l'esseulé glaçon
Rafraîchissait mon corps comme un vilain flocon.
Venu d'on ne sait où, un garçon pas bien haut
S'agitait et courrait parmi les alcolos
Et dansait et chantait comme une ivresse tangue
Et joueur, grimaçait, en nous tirant la langue.
Un conteur de méfaits, défaitiste en apôtre
Se mit à crier prenant à témoin les autres
Et postillonnant, abreuvant comme la pluie
Le parvis du repère des âmes meurtris
Pour que parte ce môme, terreur inutile !
« Il emmerde notre deuil et nos pleurs futiles !
« Et de son bruit flagelle nos tristes tympans
« De ces oreilles sourdes aux rires d'enfants !
« Alors pars gamin ! Et va chasser les pigeons
« Va donner du sens au crépuscule qui tombe
« Eloigne toi de nous ! à moitié dans la tombe. »
Le môme transportait avec lui tout l'espoir
La bienséance pour secouer les fronts noirs
Qui suintent affreusement de toute amertume
Qui écrasent toute songe ainsi qu'une enclume.
Dans ses cheveux épais virevoltaient la jeunesse
Qui candide, idéaliste montre ses fesses
Pour dire un peu gaiement au tableau convenu
Qu'il n'est point un seul Art ! et nous montrent leur cul !
Pour réveiller d'un coup, nos âmes alanguies
De désillusions quotidiennes et flétries
Comme un orphelin pleurant le bonheur perdu
Que l'on montre du doigt, et qui toujours est vu !
Et ne cherche point la pitié dans les regards
Mais d'autres soleils pour y planter l'étendard !
Conquérants courageux, dévoués, battants, fiers
Ne voient que demain, l'instant est déjà hier !
Et la fougue aux yeux, l'étincelle de la flamme
Qui nourrit les flambeaux, des hommes et puis des femmes
Fait renaitre les Printemps et tous les bourgeons
Où germent les jardins des fleurs de la Passion
Qu'on a laissé, abattus par le mauvais sort
Défraichis, en jachère ainsi que nos vieux corps.
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Dissidence poétique
PoetryTout bouge et se meut constamment autour de nous. Lire semble réservé à quelques âmes vues comme des parias, et la poésie n'en parlons pas. La chute est longue et lente. Elle emporte les langueurs des hivers froids, la fatalité des Hommes et leur...