Affranchi

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Affranchi


Qui peut dire aujourd'hui, je suis un affranchi ?

L'humanité désolante au visage aigri

Aliène chaque jour, chaque heure, chaque instant

Un peu de liberté d'esprit, sous le carcan

Du divertissement. Les joueurs vaniteux

Misent gros, toujours plus ! la vie est un jeu !

Malheur ! L'agonie des uns, amuse les autres !

Ces mots sont les miens, mais le sarcasme est des nôtres !

Sous d'énormes galeries sont jetés les dés

Tantôt un six, tantôt un trois, tout est plié

L'ivresse nous tient, sur tout écran, toute image

Et l'Homme du miroir, voit son triste visage

On pari sur l'avenir, qui pourtant bien loin

Demain est incertain, on resserre les poings

A quoi d'autre s'attacher, l'instant est morose

Il agglutine ulcères, le mal, les névroses

La pitié, le dégout, la mort, la maladie

Oh qu'il est triste aujourd'hui d'être un Homme en vie !

Cette farce inébranlable nous saute au cou

On peine à respirer, et s'asphyxie d'un coup

Et nos corps chétifs supplient, misérables chaires

Qu'un saltimbanque oublié, un amuseur cher,

Sorte de la fosse dérider nos vieilles peaux

L'humour est l'étincelle égayant nos fardeaux

L'on hume nos âmes, et je ne parle d'amour

Trop sérieux pour nous joueurs, enfants des grandes cours.

Les dés sont jetés ! Tantôt deux, tantôt quatre !

Sur nos rêves vidés, le vrai vient de s'abattre.

On miserait plus, fâcheuse ironie du sort

Sur le hasard qui prend la vie, donne la mort

Que sur la force de l'humain, sa bienveillance,

Son altruisme, sa bonté, mais aucun ne panse

Les malheurs que l'on se crée, qu'on transmet au Monde

Notre agonie sourit, mais nos plaies sont profondes.

Savoir c'est reconnaitre de l'humain les fautes

Que la Terre soit souillée, qu'on salit notre hôte

Alors les œillères du divertissement

Masquent la vérité à l'humain qui se ment.

Sous anesthésie, est flatté l'émotionnel

De rages futiles ne couvant sous leurs ailes

Que de ludiques horizons sous le ciel morne

La faim est limitée, mais l'appétit sans bornes

Le sort est jeté ! tantôt le un, tantôt six

Rien ne heurte l'esprit, dans les caveaux tout glisse !

Le servile heureux raille le sage maudit

Qui peut dire aujourd'hui, je suis un affranchi ? 

Dissidence poétiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant