Chapitre I

284 17 1
                                    

Ma vie a toujours été monotone et inintéressante. Depuis qu'un soir d'hiver ma mère m'avait donné le jour dans cette laverie, bien que pour elle, ce fut la pire journée de sa vie. Ma mère étant l'heureuse propriétaire de cette hideuse laverie et auberge, elle est sans nul doute Mrs. Scrubitt. Notre relation est des plus catastrophique, entre nous il n'y a rien d'une relation mère-fille. Malheureusement, je ne connais pas mon vrai père. Ma mère est décidée à ne jamais me le révéler, même au péril de la mort. Je n'ai jamais su qui il était, mais peut-être était-il pauvre ou mendiant pour qu'elle en ait si honte, même pour le révéler à sa propre fille. En tous cas, je me suis toujours posé la question si finalement : suis-je vraiment sa fille ? Car, à part nos yeux marron, je ne lui ressemble en rien. J'ai des cheveux couleur corbeau, et elle des cheveux marron.

Mais, je ne suis pas seule ici, enfermée dans cet endroit que je n'ai jamais quitté, seulement de rares fois pour des tâches qui impliquent de sortir dans la rue, car j'ai ici avec moi, Bleacher. Je ne l'ai jamais aimé malgré qu'il m'ait souvent aidée et tenté de se rapprocher, voire de devenir comme un père pour moi. Mais je sais qu'il le fait uniquement pour se rapprocher de ma mère, car je ne sais comment, il semble s'être épris d'elle. Pourtant, il ne restera pour elle que son bras droit.

Il y a aussi Larry, un grand humoriste qui a toujours une blague en réserve, Abacus Crunch, un ancien comptable pour un riche chocolatier, Lottie Bell, une ancienne secrétaire peu bavarde, Piper Benz, la personne la plus énergique même en étant ici, et enfin Noodle, présente là, depuis sa naissance, mais je n'en ai jamais su plus. On se considère tous comme une grande famille, tout en précisant qu'ils ne sont ici, pas par bon cœur, mais par escroquerie. Car bien entendu, je suis la fille d'une escroqueuse propriétaire d'une laverie, qui fait signer des contrats scrupuleux pour enfermer des personnes et les faire travailler à son compte gratuitement contre leur liberté.

Enfin, aujourd'hui, me revoilà un soir d'hiver, collée dans ma chambre contre la fenêtre, à observer les passants marchant d'un pas rapide et éclairés par des lampadaires. Le sol est couvert d'une fine couche de neige et la lune brille au loin. Soudain, mon regard est attiré par une silhouette portant une veste de couleur pourpre et un grand chapeau haut de forme, accompagné d'un grand homme que je reconnais comme étant Bleacher. Impossible de mieux voir le visage de l'inconnu de ma chambre, mais au vu de leur position, ils n'allaient pas tarder à entrer dans la laverie. J'ai un mauvais pressentiment. Il ne faut pas que cette fois-ci ma mère enferme une nouvelle fois, une personne innocente.

Les autres fois, j'avais été soit trop petite pour réaliser la situation, soit trop effrayée par ma mère pour tenter quoi que ce soit, ou enfermée par elle à double tour dans ma chambre pour m'empêcher d'aider quelqu'un. Ce soir, Bleacher amenait un inconnu ici sans prévenir ma mère. Il fallait que je tente au moins de l'avertir. Je suis maintenant en âge de réagir. Je me précipite alors hors de la pièce et dévale l'escalier en bois à toute vitesse, tout en tentant de me faire discrète. En bas, je me dissimule derrière une étagère de livres, derrière elle même d'un comptoir où s'étale ma mère. Je vois Noodle à côté de moi me montrant des yeux la porte qui s'ouvre, où je peux voir entrer l'homme qui sera peut-être bientôt des nôtres. Il est élégant bien que, au vu de son manteau usé au niveau de ses manches et de ses bottes sales, il est sans doute pauvre. Il possède une canne en bois, une petite valisette et des boucles marrons aux cheveux. Son visage respire selon moi, la naïveté et visiblement il dégage une odeur de chocolat. Étonnamment, je suis surprise qu'il semble avoir mon âge. La voix rauque et grave de ma mère me sort de ma contemplation, et comme à son habitude, propose au jeune homme d'aller s'asseoir sur un fauteuil confortable près de la cheminée.

Je me détourne de la scène pour revenir à Noodle, qui écarte des livres de l'étagère et tout en tentant de faire des signes au jeune homme. Malheureusement pour lui, il ne les remarque pas. Pour ma part, je décide de sortir un bout de papier de ma veste, où je me mets à écrire un court message que je lui remettrais en toute discrétion pour tenter de l'avertir. J'écris donc à la hâte : "Sauve-toi, de cet endroit, tu risques de t'y faire enfermer pour toujours !" Voilà, sûr qu'en le lisant, il partirait aussi vite, chance qu'ils n'ont pas tous eu.

Wonka 2023 - Un amour chocolatéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant