Il était une fois, Belúla

Le voyage de Belúla

Il était une fois, à l'aurore d'une nuit sans lune, au sein d'un cocon d'ailes de fées, un nourrisson.

Il ouvrit les yeux pour la première fois alors qu'il flottait au bord de la rivière aux Éclats d'Or.

L'on avait pourtant l'habitude d'accueillir la naissance au creux d'un bourgeon éclot.

Sa simple naissance était d'une telle différence que la crainte prit place dans le cœur de chacun.

Elle ne fut ni brune, ni blonde.
Elle ne ressembla ni à sa voisine, ni à la boulangère.

Il était impossible de la confondre avec une autre.

Dans un monde déformé par la perfection, elle inspirait la beauté et la peur.
Un visage différemment parfait.

Elle ne fut ni abandonnée, ni esseulée, mais elle ne fut jamais aimée.

L'on avait nommé l'enfant Belúla.

Elle semblait percevoir le monde comme nul autre ne le pourrait.

De grands yeux presque translucides que l'on préférait voir comme étant "verts".

Tandis que nous voyions les couleurs de l'arc-en-ciel, Belúla y voyait les subtiles nuances entre chaque éclat de coloris.

À travers ses yeux, le monde semblait si flamboyant que nous nous y brûlerions.

Son histoire commença lorsqu'elle comprit.

Elle prit conscience qu'elle n'était pas à sa place dans ce qui fut sa maison.

Alors son voyage débuta.

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Une feuille d'eau, quelques fruits de rivière et son éternelle couverture de plumes, elle ferma la porte sur sa vie sans un regard en arrière.

Elle chercherait quelqu'un comme elle, son identique, jusqu'au bout du monde s'il le fallait.

Elle se sentait comme l'exception dans un monde où il n'en existe pas.

Comme un coquelicot parmi tous ces buissons de roses blanches.

Alors il lui suffisait de chercher son propre monde.

C'est ainsi qu'elle pensait.

Mais son voyage ne se déroula pas comme dans les livres pour enfants.

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Celà faisait à présent trois semaines qu'elle avançait sans savoir jusqu'où.

Passant d'auberges en auberges, elle rencontrait tant de personnes semblables qui ne savaient pas comment agir avec elle.

Il y avait ceux qui la fixaient, ceux qui l'ignoraient et ceux qui voulaient l'exploiter.

Mais elle avait appris bien des choses.

Il existerait, d'après certains, une île sur laquelle se réuniraient les êtres comme elle, différents.

Elle ne connaissait pas la destination exacte mais l'on disait qu'il n'y avait qu'une île sur laquelle personne n'osait se rendre.

Alors elle s'y rendrait.

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Tandis que Belúla commençait à perdre espoir, lorsque la sensation de l'échec envahissait son cœur, elle le rencontra.

Son premier ami.

Elle l'avait rencontré alors qu'elle tombait dans ses bras, glissant du haut d'un bois de soleil.