La chambre blanche

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Contenu : enfermement, asile, folie

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Tic Tac.
L'heure tourne et maman n'est toujours pas venu me chercher.
Ça m'énerve !
Je vais raté la suite de mon dessin animé. Mais bon, peut-être qu'elle est en retard ; oui ça lui arrivé souvent ces derniers temps, je crois qu'elle fait un jeu, un jeu où il faut mettre un tout petit bâton dans la bouche et aspiré, et pffu !
Il y a du nuage qui sort !
Par contre il a une drôle d'odeur le nuage et il sent pas très bon.
Mais j'ai quand même voulu essayé parce je suis une grande fille.
Bah oui, j'ai huit ans quand même !
Mais maman a pas voulu que j'essaye le bâton qui fait du nuage, elle a dit que si j'en prenait, mes enfants finiraient comme moi.
J'ai pas compris mais j'ai pas insisté vu que papa l'a appelé.
Ça aussi d'ailleurs, il faut qu'on en parle !
Parce que quand j'ai demandé à maman où était papa et pourquoi il venait pas me voire pour me faire un bisou avant que j'aille dormir, et bah elle a appelé un monsieur au téléphone et un peu après, des gens habillaient en blanc sont venus me chercher et m'ont dit qu'ils m'emmenaient dans un endroit où il y avait des enfants comme moi.
J'ai pas tout compris mais je suis quand même venue.
Dans toute façon, je n'avais pas le choix ! Une fois arrivés, ils m'ont dit...
Rah !
Tais-toi, Alice !
Non mais quel enquiquineuse celle-là ! Ah oui, je vous ai pas parlé d'Alice ?
Alice, c'est ma seule amie avec Thomas, elle me ressemble beaucoup sauf qu'elle a toujours du ketchup sur son visage et ses vêtements.
Et après, maman disait que je mange salement !
Quand j'ai parlé d'Alice à maman et que je lui ai dis qu'elle était juste à côté de moi, elle m'a pas cru et je me suis mise à pleurer...
Pourquoi personne ne me crois ?
Pourtant je dis la vérité.
Alice.
Papa.
Thomas.
Ils sont tous réels.
La preuve : je peux les voir et les entendre.
Mais les autres, ils ne me croient pas, ils disent que je «délire».
Ils disent que je «perd la tête».
Ça veut dire quoi ?
Ça veut dire que je lis trop de livres ?
Et ma tête est toujours sur les épaules alors pourquoi ?
Je ne sais pas.
Tiens, revoilà le monsieur tout blanc de tout à l'heure.
Ici tout est blanc, les murs, le lit, mes vêtements.
Je ne déteste pas le blanc mais je préfère quand même le vert.
C'est la couleur de l'espoir, j'aime bien.
Pas comme les bonbons blancs et rouges qu'il m'apporte et que je suis obligée d'avaler avec de l'eau pour "aller mieux".
Je ne comprends toujours pas mais j'obéis.
Il me regarde et me demande si je vais mieux.
Mais il ne comprends pas !
Je vais très bien !
Je n'ai pas besoin de lui !
J'ai seulement besoin de papa, maman, Alice et Thomas !
J'essaye de le lui dire mais à la place, je me met à rire.
C'est bizarre parce que ça n'a rien de drôle, je suis même plutôt triste.
Ça fait un moment que je suis là, toute seule, entre ses grands murs, et j'ai sans doute raté mon dessin animé et le goûté.
Le monsieur soupire et sors mais derrière la porte, j'ai le temps de voir maman qui me regarde.
J'essaye de courir vers elle mais la porte se referme et je me met à taper contre elle en pleurant et en riant.
Papa, Thomas et Alice font la même chose.
Avec cet horrible ketchup qui dégouline.
Je veux pas !
Je veux rentrée avec maman !
Je veux qu'on parte toutes les deux, loin de cet étrange chambre blanche.
Tic Tac.
L'heure tourne.
Et mon rire résonne toujours entre ses quatre murs blancs de la chambre blanche.

Recueil d'histoire Où les histoires vivent. Découvrez maintenant