Une rupture douloureuse

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Buck se sentait vide.

Il avait pleuré toute la nuit, tellement qu'il avait mal à la tête et qu'une énorme boule semblait vouloir lui obstruer la gorge. Il se sentait complètement à vif et il ne voulait rien de plus que d'être tenu et réconforté.

Il savait qu'il lui suffisait de demander et que sa sœur et ses parents feraient tout pour lui apporter du réconfort mais il ne pouvait pas se résoudre à gâcher leurs vies heureuses avec ses problèmes.

Il savait qu'il avait tout fait foirer.

Il était doué pour ça mais il pensait que cette fois ce serait différent, que Jonah et lui c'était fait pour durer. Il s'était lourdement trompé et il ne parvenait pas à comprendre ce qui clochait chez lui, ce qu'il pouvait faire de mal pour que toutes ses relations finissent par le quitter.

Il voulait seulement être enfin aimé.

Il réalisait qu'il était mal parti dans la vie dés sa naissance. Il avait dû être un sacré enfoiré dans une vie antérieure pour avoir un karma aussi pourri. Dans des moments comme celui-ci, il en venait à regretter d'avoir été sauvé quand il était bébé. Il savait que c'était injuste vis-à-vis de ses parents qui avaient tout fait pour lui, pour le rendre heureux mais il se détestait d'exister, d'être aussi...

Comment Jonah avait-il dit ?

Ah oui ! Aussi nécessiteux. Ces mots tournaient en boucle dans son esprit, creusant un énorme fossé dans son cœur. Il avait tellement mal qu'il ne savait pas si la plaie se refermerait un jour.

C'était de loin sa rupture la plus douloureuse.

Pourtant, Buck avait l'habitude d'être celui qu'on jetait mais ce qui s'était passé entre Jonah et lui, la veille au soir, avait été d'une grande violence pour lui.

Jamais personne n'avait osé lui jeter de telles horreurs au visage. Toutes ses précédentes ruptures étaient plus gênantes, teintées de « ce n'est pas toi, c'est moi » ou de « t'es un gars bien mais on n'est pas en phase. »

La veille, il avait déjeuné avec sa famille.

Jonah était d'astreinte toute la journée et il aimait passer Thanksgiving avec ses parents et toute leur famille élargie. Il avait pensé à récupérer quelques restes, en pensant que Jonah serait content en rentrant, d'avoir un bon repas cuisiné maison, même s'il n'était pas celui qui l'avait préparé.

Mais Jonah n'avait pas aimé ça.

Buck n'avait pas vraiment compris pourquoi il semblait aussi excédé en arrivant mais il avait mis ça sur le compte d'une mauvaise journée et avait voulu lui apporter un peu de réconfort et c'était là que Jonah s'était déchainé.

« Ce que tu peux être pot de colle ! » avait-il dit avec agacement. « Toujours dans le besoin, si nécessiteux. Nous sommes ensemble depuis trois petits mois, Buck et j'ai l'impression que ça fait dix ans. Je ne sais même pas pourquoi je m'inflige ça. T'es doué au pieu, putain de doué, mais t'as clairement rien d'autre à offrir. Je préfère qu'on en reste là. »

Les mots avaient glissé de sa bouche aussi facilement que du venin.

Buck n'avait rien dit, bien trop choqué par ce que Jonah venait de lui cracher au visage. Il avait juste pris ses affaires et était rentré chez lui, où il s'était effondré en pleurant sur son lit. Il ressassait encore et encore ce qu'il aurait pu faire autrement pour ne pas énerver Jonah à ce point-là. Mais rien n'avait réellement de sens.

Il se détestait tellement d'avoir tout gâcher encore une fois.

Il s'extirpa du lit quand les larmes cessèrent enfin. Il prit une douche chaude afin de relaxer son corps, endolori par l'épouvantable nuit qu'il venait de passer, sans succès. C'était peine perdue et il avait une furieuse envie de retourner se cacher dans son lit et d'y passer la journée mais il avait un quart de travail aujourd'hui et il se prépara autant qu'il put à affronter la journée.

Il se regarda dans le miroir.

Il avait une tête à faire peur. Le teint blafard, les yeux rouges et d'énormes cernes noirs sous les yeux. Tout le monde allait comprendre ce qui s'était passé à la seconde où il mettrait un pied à la caserne.

Comme si ce n'était pas assez humiliant de se faire larguer un mois avant noël.

Qui larguait son petit-ami le soir de Thanksgiving ? C'était cruel, putain ! En plus, en faisant valoir qu'il était trop dans le besoin ? C'était quoi cette excuse minable ?

Il était câlin ouais, et alors ?

Franchement qui de normalement constitué s'en plaindrait ? À croire que c'était lui qui n'était pas normal, qui était trop nécessiteux. Jamais personne ne lui avait dit un truc pareil.

« Nécessiteux » ?

Il n'était même pas sûr de savoir ce que ça voulait dire.

Il allait pourtant devoir vivre avec sa solitude maintenant. C'était vraiment un coup dur, parce qu'il ne l'avait vraiment pas vu venir. Jonah avait toujours été aimant et gentil avec lui et il ne comprenait pas ce revirement dans son comportement. C'était comme s'il avait eu à faire à une personne complètement différente de celui qu'il connaissait. A ce taux-là, ça devait pathologique, le pauvre allait finir bipolaire.

Mais il supposait que ce n'était plus vraiment son problème maintenant.

Par contre, se retrouver seul pour fêter le jour le plus magique de l'année, ça craignait vraiment. Il détestait ça, fêter Noël en étant le seul célibataire de leur famille. C'était presque humiliant pour lui de devoir être seul le jour où on célébrait l'amour et la famille.

Tous les ans, il passait la journée avec ses parents, qui était le couple le plus aimant qu'il n'ait jamais vu, Hen et Karen qui semblaient être de vraies âme-sœurs et Chimney et sa sœur qui dégoulinaient toujours d'amour même après toutes ces années passées ensemble.

C'était déprimant d'être le seul célibataire du groupe.

Il soupira et se mit en route. Il s'installa dans sa voiture, il sélectionna sa playlist spéciale rupture et les premières notes de « It Will Rain » retentirent dans la voiture.

Il la connaissait par cœur maintenant.

Buck avait des playlists pour à peu près tout ce qu'il faisait dans sa vie. Il trouvait que la musique était quelque chose de merveilleux qui l'accompagnait dans son quotidien et l'aidait à gérer ses émotions, parfois à vif.

A ce rythme-là, cette playlist était sûrement celle qu'il avait le plus écouté dans sa vie.

C'était déprimant d'en arriver à cette conclusion et il se détestait de ne pas savoir comment faire pour être aimé. Ça semblait pourtant si simple quand il regardait les autres, comme naturel.

Il était clair à présent qu'ils avaient tous eu un mode d'emploi qu'il n'avait pas. Peut-être avait-il séché les mauvais cours à l'école mais il était sûr qu'il y avait quelque chose qu'il ne saisissait pas dans les relations amoureuses.

C'était ça ou alors Judith de son année de sixième avait eu raison quand elle avait dit que ce n'était pas normal de préférer les garçons. Il savait que c'était de la foutaise et qu'il avait le droit d'aimer qui il voulait mais peut-être qu'il avait raté un truc et que finalement les filles seraient plus gentilles avec lui. Peut-être qu'il n'était pas fait pour être gay, après tout.

Mais merde, il n'y avait que les mecs pour le faire bander comme ça !

– Je t'emmerde Judith de sixième, cracha-t-il en tournant pour rejoindre le parking de la caserne. Et je t'emmerde Jonah ! Allez-vous faire foutre !

9-1-1 - Traqué - (AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant